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« Obéron (lune) » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Obéron}}
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{{Infobox Satellite naturel
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'''Obéron''', également appelé '''Uranus IV''', est le plus éloigné des grands satellites naturels d'[[Uranus (planète)|Uranus]]. C'est le deuxième [[Satellites naturels d'Uranus|satellite d'Uranus]] de par sa taille et sa masse et le neuvième du système solaire en masse. Découvert par [[William Herschel]] en [[1787 en science|1787]], Obéron doit son nom à un personnage de la pièce de [[William Shakespeare|Shakespeare]], ''[[Le Songe d'une nuit d'été]]''. Son orbite autour d'Uranus est partiellement située en dehors de la [[magnétosphère]] d'Uranus.
'''Obéron''', également appelé '''Uranus IV''', est le plus éloigné des grands [[satellites naturels d'Uranus]]. C'est le deuxième satellite de cette planète tant par sa taille que sa masse et le neuvième du Système solaire en masse. Découvert par [[William Herschel]] en [[1787 en science|1787]], Obéron doit son nom à un personnage de la pièce de [[William Shakespeare|Shakespeare]] ''[[Le Songe d'une nuit d'été]]''. Son orbite autour d'Uranus est partiellement située en dehors de la [[magnétosphère]] d'Uranus.


Obéron est constitué de glace et de roche en quantités approximativement égales. Le satellite est probablement [[Différenciation planétaire|différencié]] en un [[noyau (planète)|noyau rocheux]] et un [[manteau (géologie)|manteau]] glacé. Une couche d'eau liquide pourrait être présente à l'interface entre le noyau et le manteau. La surface d'Obéron, qui est sombre et légèrement rouge, semble avoir été principalement modelée par les impacts d'[[astéroïde]]s et de [[comète]]s. Il est couvert par de nombreux cratères d'impacts, certains atteignant jusqu'à {{unité|210|km}} de diamètre. Obéron a probablement connu un épisode de resurfaçage endogène qui a recouvert les surfaces les plus anciennes très cratérisées. Par la suite, l'expansion de son intérieur a engendré sur la surface d'Obéron un réseau de [[canyon]]s et d'[[Escarpement|escarpements de faille]]. À l'instar de toutes les lunes majeures d'Uranus, Obéron s'est probablement formé à partir du [[disque d'accrétion]] qui entourait Uranus juste après la formation de la planète.
Obéron est constitué de glace et de roche en quantités approximativement égales. Le satellite est probablement [[Différenciation planétaire|différencié]] en un [[noyau planétaire|noyau rocheux]] et un [[manteau planétaire|manteau]] glacé. Une couche d'eau liquide pourrait être présente à l'interface entre le noyau et le manteau. La surface d'Obéron, qui est sombre et légèrement rouge, semble avoir été principalement modelée par les impacts d'[[astéroïde]]s et de [[comète]]s. Il est couvert par de nombreux cratères d'impacts, certains atteignant jusqu'à {{unité|210|km}} de diamètre. Obéron a probablement connu un épisode de resurfaçage endogène qui a recouvert les surfaces les plus anciennes très cratérisées. Par la suite, l'expansion de son intérieur a engendré sur la surface d'Obéron un réseau de [[canyon]]s et d'[[Escarpement|escarpements de faille]]. À l'instar de toutes les lunes majeures d'Uranus, Obéron s'est probablement formé à partir du [[disque d'accrétion]] qui entourait Uranus juste après la formation de la planète.


Le système uranien n'a été étudié de près qu'une seule fois, par la sonde [[Voyager 2]] en {{date||janvier|1986|en science}}. Voyager 2 a pris plusieurs images d'Obéron, permettant ainsi de cartographier environ 40 % de la surface de cette lune.
Le système uranien n'a été étudié de près qu'une seule fois, par la sonde [[Voyager 2]] en {{date||janvier|1986|en science}}. Voyager 2 a pris plusieurs images d'Obéron, permettant ainsi de cartographier environ 40 % de la surface de cette lune.


== Découverte ==
== Découverte ==
Obéron est découvert par [[William Herschel]] le {{date|11|janvier|1787|en science}}, le même jour que [[Titania (lune)|Titania]], la plus grande lune d'[[Uranus (planète)|Uranus]]<ref name=Herschel1>{{cite journal|last=Herschel|first=William, Sr.|title=An Account of the Discovery of Two Satellites Revolving Round the Georgian Planet|journal=Philosophical Transactions of the Royal Society of London|volume=77|pages=125–129|year=1787|url=http://www.jstor.org/pss/106717|doi=10.1098/rstl.1787.0016}}</ref>{{,}}<ref name=Herschel2>{{cite journal|last=Herschel|first=William, Sr.|title=On George's Planet and its satellites|journal=Philosophical Transactions of the Royal Society of London|volume=78|pages=364–378|year=1788|doi=10.1098/rstl.1788.0024|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1788RSPT...78..364H}}</ref>. Herschel signale par la suite la découverte de quatre satellites supplémentaires<ref name=Herschel3>{{cite journal|title=On the Discovery of Four Additional Satellites of the Georgium Sidus; The Retrograde Motion of Its Old Satellites Announced; And the Cause of Their Disappearance at Certain Distances from the Planet Explained|journal=Philosophical Transactions of the Royal Society of London|volume=88|pages=47–79|year=1798|doi=10.1098/rstl.1798.0005|author=William Herschel|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1798RSPT...88...47H}}</ref>, mais qui se sont révélés être des erreurs d'observation<ref name=Struve1848>{{cite journal|last=Struve|first=O.|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1848MNRAS...8...43.|title=Note on the Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=8|issue=3|year=1848|pages=44–47}}</ref>. Durant les cinquante années suivant leur découverte, Titania et Obéron ne seront observés par aucun autre astronome que Herschel<ref name=Herschel4>{{cite journal|author=[[John Herschel|Herschel, John]]|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1834MNRAS...3Q..35H&amp;db_key=AST&amp;data_type=HTML&amp;format=&amp;high=45eb6e10af10464|title=On the Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=3|issue=5|year=1834|pages=35–36}}</ref>, bien que ces satellites puissent en 2008 être observés depuis la Terre avec un télescope amateur haut de gamme<ref name=Newton>{{Ouvrage|url=http://books.google.com/books?id=l2TNnHkdDpkC|éditeur=Cambridge University Press|titre=The guide to amateur astronomy|year=1995|nom=Newton|prénom=Bill|nolien=yes|coauteurs=Teece, Philip|isbn=978-0-521-44492-7|page=109}}</ref>.
Obéron est découvert par [[William Herschel]] le {{date|11|janvier|1787|en science}}, le même jour que [[Titania (lune)|Titania]], la plus grande lune d'[[Uranus (planète)|Uranus]]<ref name=Herschel1>{{article|langue=en|nom1=Herschel|prénom1=William, Sr.|titre=An Account of the Discovery of Two Satellites Revolving Round the Georgian Planet|journal=Philosophical Transactions of the Royal Society of London|volume=77|pages=125–129|année=1787|url=https://www.jstor.org/pss/106717|doi=10.1098/rstl.1787.0016}}.</ref>{{,}}<ref name=Herschel2>{{article|langue=en|nom1=Herschel|prénom1=William, Sr.|titre=On George's Planet and its satellites|journal=Philosophical Transactions of the Royal Society of London|volume=78|pages=364–378|année=1788|doi=10.1098/rstl.1788.0024|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1788RSPT...78..364H}}.</ref>. Herschel signale par la suite la découverte de quatre satellites supplémentaires<ref name=Herschel3>{{article|langue=en|titre=On the Discovery of Four Additional Satellites of the Georgium Sidus; The Retrograde Motion of Its Old Satellites Announced; And the Cause of Their Disappearance at Certain Distances from the Planet Explained|journal=Philosophical Transactions of the Royal Society of London|volume=88|pages=47–79|année=1798|doi=10.1098/rstl.1798.0005|auteur=William Herschel|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1798RSPT...88...47H}}.</ref>, mais qui se sont révélés être des erreurs d'observation<ref name=Struve1848>{{article|langue=en|nom1=Struve|prénom1=O.|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1848MNRAS...8...43.|titre=Note on the Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=8|numéro=3|année=1848|pages=44–47}}.</ref>. Durant les cinquante années suivant leur découverte, Titania et Obéron ne seront observés par aucun autre astronome que Herschel<ref name=Herschel4>{{article|langue=en|auteur=[[John Herschel|Herschel, John]]|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1834MNRAS...3Q..35H&db_key=AST&data_type=HTML&format=&high=45eb6e10af10464|titre=On the Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=3|numéro=5|année=1834|pages=35–36}}.</ref>, bien que ces satellites puissent en 2008 être observés depuis la Terre avec un télescope amateur haut de gamme<ref name=Newton>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=l2TNnHkdDpkC|éditeur=Cambridge University Press|titre=The guide to amateur astronomy|année=1995|nom1=Newton|prénom1=Bill|coauteurs=Teece, Philip|isbn=978-0-521-44492-7|page=109}}.</ref>.


Obéron fut initialement désigné comme « le deuxième satellite d'Uranus » et, en [[1848 en science|1848]], reçut la désignation '''Uranus II''' par [[William Lassell]]<ref name=Lassell2>{{cite journal|author=Lassell, W.|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1848MNRAS...8...43.&amp;db_key=AST&amp;data_type=HTML&amp;format=&amp;high=45eb6e10af10464|title=Observations of Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=8|issue=3|year=1848|pages=43–44}}</ref>, bien qu'il ait parfois utilisé la numérotation de [[William Herschel]] (où Titania et Obéron sont II et IV)<ref name=Lassell3>{{cite journal|last=Lassell|first=W.|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1850MNRAS..10..135L|title=Bright Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=10|issue=6|year=1850|pages=135}}</ref>. En [[1851 en science|1851]], Lassell attribua finalement aux quatre satellites connus des chiffres romains en fonction de leur éloignement de la planète et depuis Obéron est appelé '''Uranus IV'''<ref name=Lassell1851b>{{cite journal|author=Lassell, W.|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1851AJ......2...70L|title=Letter from William Lassell, Esq., to the Editor|journal=Astronomical Journal|volume=2|issue=33|year=1851|pages=70|doi=10.1086/100198}}</ref>.
Obéron fut initialement désigné comme « le deuxième satellite d'Uranus » et, en [[1848 en science|1848]], reçut la désignation '''Uranus II''' par [[William Lassell]]<ref name=Lassell2>{{article|langue=en|auteur=Lassell, W.|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1848MNRAS...8...43.&db_key=AST&data_type=HTML&format=&high=45eb6e10af10464|titre=Observations of Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=8|numéro=3|année=1848|pages=43–44}}.</ref>, bien qu'il ait parfois utilisé la numérotation de [[William Herschel]] (où Titania et Obéron sont II et IV)<ref name=Lassell3>{{article|langue=en|nom1=Lassell|prénom1=W.|url=http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-bib_query?bibcode=1850MNRAS..10..135L|titre=Bright Satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=10|numéro=6|année=1850|pages=135}}.</ref>. En [[1851 en science|1851]], Lassell attribua finalement aux quatre satellites connus des chiffres romains en fonction de leur éloignement de la planète et depuis Obéron est appelé '''Uranus IV'''<ref name=Lassell1851b>{{article|langue=en|auteur=Lassell, W.|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1851AJ......2...70L|titre=Letter from William Lassell, Esq., to the Editor|journal=Astronomical Journal|volume=2|numéro=33|année=1851|pages=70|doi=10.1086/100198}}.</ref>.


=== Nom ===
=== Nom ===
Toutes les lunes d'Uranus sont nommées d'après des personnages des œuvres de [[William Shakespeare]] ou d'[[Alexander Pope]]. [[Obéron (personnage)|Obéron]], roi des fées dans différentes légendes, est un personnage majeur de la pièce ''[[Le Songe d'une nuit d'été]]''<ref name=Kuiper1949>{{cite journal|last=Kuiper|first=Gerard P.|year=1949|title=The Fifth Satellite of Uranus|journal=Publications of the Astronomical Society of the Pacific|volume=61|pages=129|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1949PASP...61..129K|issue=360|doi=10.1086/126146}}</ref>. Les noms des quatre satellites d'Uranus ont été suggérés par le fils de Herschel, John, en [[1852 en science|1852]], à la demande de [[William Lassell]]<ref name=Lassell5>{{cite journal|title=Beobachtungen der Uranus-Satelliten|journal= Astronomische Nachrichten|volume=34|page=325|last=Lassell|first=W.|year=1852|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1852AN.....34..325.|accessdate=2008-12-18}}</ref>, qui, l'année précédente, avait découvert les deux autres lunes, [[Ariel (lune)|Ariel]] et [[Umbriel (lune)|Umbriel]]<ref name=Lassell1851>{{cite journal|last=Lassell|first=W.|title=On the interior satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=12|year=1851|pages=15–17|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1851MNRAS..12...15L}}</ref>. L'adjectif dérivé de Obéron est obéronien.
Toutes les lunes d'Uranus sont nommées d'après des personnages des œuvres de [[William Shakespeare]] ou d'[[Alexander Pope]]. [[Obéron (personnage)|Obéron]], roi des fées dans différentes légendes, est un personnage majeur de la pièce ''[[Le Songe d'une nuit d'été]]''<ref name=Kuiper1949>{{article|langue=en|nom1=Kuiper|prénom1=Gerard P.|année=1949|titre=The Fifth Satellite of Uranus|journal=Publications of the Astronomical Society of the Pacific|volume=61|pages=129|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1949PASP...61..129K|numéro=360|doi=10.1086/126146}}.</ref>. Les noms des quatre satellites d'Uranus ont été suggérés par le fils de Herschel, John, en [[1852 en science|1852]], à la demande de [[William Lassell]]<ref name=Lassell5>{{article|langue=en|titre=Beobachtungen der Uranus-Satelliten|journal= Astronomische Nachrichten|volume=34|page=325|nom1=Lassell|prénom1=W.|année=1852|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1852AN.....34..325.|consulté le=2008-12-18}}.</ref>, qui, l'année précédente, avait découvert les deux autres lunes, [[Ariel (lune)|Ariel]] et [[Umbriel (lune)|Umbriel]]<ref name=Lassell1851>{{article|langue=en|nom1=Lassell|prénom1=W.|titre=On the interior satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society|volume=12|année=1851|pages=15–17|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1851MNRAS..12...15L}}.</ref>. {{refnec|L'adjectif dérivé de Obéron est « obéronien ».}}


== Orbite ==
== Orbite ==
Obéron est en orbite autour d'Uranus à une distance d'environ {{unité|584000|km}}. C'est le plus éloigné des cinq grands satellites de la planète<ref group=note name="fivemoons">Les cinq grands satellites d'Uranus sont [[Miranda (lune)|Miranda]], [[Ariel (lune)|Ariel]], [[Umbriel (lune)|Umbriel]], [[Titania (lune)|Titania]] et Obéron.</ref>. L'[[Excentricité orbitale|excentricité]] et l'inclinaison par rapport à l'équateur d'Uranus de l'orbite d'Obéron sont faibles<ref name=orbit>{{en}}{{cite web|url=http://ssd.jpl.nasa.gov/?sat_elem|titre=Planetary Satellite Physical Parameters|éditeur=Jet Propulsion Laboratory, NASA|consulté le=January 31, 2009}} (NASA)''</ref>. Obéron est en [[rotation synchrone]] autour d'Uranus, c'est-à-dire que sa période orbitale et sa période de rotation ont la même durée d'environ {{formatnum:13.5}} jours ; sa face en regard de la planète est toujours la même<ref name=Smith1986>{{cite journal|last= Smith|first=B.A.|coauthors=L.A. Soderblom, A. Beebe ''et al.'' |title=Voyager 2 in the Uranian System: Imaging Science Results|journal=Science|volume=233|pages=97–102|year=1986| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1986Sci...233...43S |doi=10.1126/science.233.4759.43 |pmid=17812889}}</ref>.
Obéron est en orbite autour d'Uranus à une distance d'environ {{unité|584000|km}}. C'est le plus éloigné des cinq grands satellites de la planète<ref group=alpha name="fivemoons">Les cinq grands satellites d'Uranus sont [[Miranda (lune)|Miranda]], [[Ariel (lune)|Ariel]], [[Umbriel (lune)|Umbriel]], [[Titania (lune)|Titania]] et Obéron.</ref>. L'[[Excentricité orbitale|excentricité]] et l'inclinaison par rapport à l'équateur d'Uranus de l'orbite d'Obéron sont faibles<ref name=orbit>{{lien web|langue=en|url=http://ssd.jpl.nasa.gov/?sat_elem|titre=Planetary Satellite Physical Parameters|éditeur=Jet Propulsion Laboratory, NASA|consulté le=31 janvier 2009}} (NASA).</ref>. Obéron est en [[rotation synchrone]] autour d'Uranus, c'est-à-dire que sa période orbitale et sa période de rotation ont la même durée d'environ {{formatnum:13.5}} jours ; sa face en regard de la planète est toujours la même<ref name=Smith1986>{{article|langue=en|nom1= Smith|prénom1=B.A.|coauteurs=L.A. Soderblom, A. Beebe ''et al.'' |titre=Voyager 2 in the Uranian System: Imaging Science Results|journal=Science|volume=233|pages=97–102|année=1986| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1986Sci...233...43S |doi=10.1126/science.233.4759.43 |pmid=17812889}}.</ref>.


Une proportion significative de l'orbite d'Obéron est située en dehors de la [[magnétosphère]] d'Uranus<ref name=Ness1986>{{cite journal|last=Ness|first=Norman F.|coauthors=Mario H. Acuna, Behannon, W. Kenneth et al.|title=Magnetic Fields at Uranus|journal=Science|volume=233|pages=85–89|year=1986|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1986Sci...233...85N|doi=10.1126/science.233.4759.85|pmid=17812894}}</ref>. Sa surface est donc parfois directement frappée par le vent solaire<ref name=Grundy2006>{{cite journal|last=Grundy|first=W.M.|coauthors=L.A. Young, Spencer, J.R. et al. |title=Distributions of H2O and CO2 ices on Ariel, Umbriel, Titania, and Oberon from IRTF/SpeX observations |journal=Icarus |volume=184 |pages=543–555 |year=2006 |url= |doi=10.1016/j.icarus.2006.04.016| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2006Icar..184..543G}}</ref>. L'hémisphère arrière (c'est-à-dire opposé au mouvement orbital) des satellites, dont l'orbite est entièrement située au sein de la magnétosphère de la planète, est impacté par le plasma magnétosphérique qui est en rotation avec la planète<ref name=Ness1986/>. Ce bombardement peut conduire à l'assombrissement des hémisphères arrière, comme c'est le cas pour toutes les autres lunes d'Uranus<ref name=Grundy2006/>.
Une proportion significative de l'orbite d'Obéron est située en dehors de la [[magnétosphère]] d'Uranus<ref name=Ness1986>{{article|langue=en|nom1=Ness|prénom1=Norman F.|lien auteur1=Norman F. Ness|coauteurs=Mario H. Acuna, Behannon, W. Kenneth et al.|titre=Magnetic Fields at Uranus|journal=Science|volume=233|pages=85–89|année=1986|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1986Sci...233...85N|doi=10.1126/science.233.4759.85|pmid=17812894}}.</ref>. Sa surface est donc parfois directement frappée par le vent solaire<ref name=Grundy2006>{{article|langue=en|nom1=Grundy|prénom1=W.M.|coauteurs=L.A. Young, Spencer, J.R. et al. |titre=Distributions of H2O and CO2 ices on Ariel, Umbriel, Titania, and Oberon from IRTF/SpeX observations |journal=Icarus |volume=184 |pages=543–555 |année=2006 |doi=10.1016/j.icarus.2006.04.016| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2006Icar..184..543G}}.</ref>. L'hémisphère arrière (c'est-à-dire opposé au mouvement orbital) des satellites, dont l'orbite est entièrement située au sein de la magnétosphère de la planète, est influencé par le plasma magnétosphérique qui est en rotation avec la planète<ref name=Ness1986/>. Ce bombardement peut conduire à l'assombrissement des hémisphères arrière, comme c'est le cas pour toutes les autres lunes d'Uranus<ref name=Grundy2006/>.


L'axe de rotation d'Uranus étant très fortement incliné par rapport à son plan orbital, ses satellites, qui sont en orbite sur son plan équatorial, connaissent des cycles saisonniers extrêmes. Les pôles nord et sud d'Obéron ont des cycles de 42 ans d'éclairement continu, puis de nuit continue<ref name=Grundy2006/>. Tous les 42 ans, lors des équinoxes d'Uranus, le plan équatorial de cette planète se confond avec celui de la Terre. Les lunes d'Uranus peuvent à cette occasion [[Occultation|s'occulter]] les unes les autres, comme par exemple l'occultation d'[[Umbriel (lune)|Umbriel]] par Obéron qui s'est produite le 4 mai 2007 et dura six minutes<ref name=Hidas2008>{{cite journal|last=Hidas|first=M.G.|coauthors=A.A. Christou, Brown, T.M.|title=An observation of a mutual event between two satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society: Letters|year=2008|volume=384|pages=L38–L40|doi=10.1111/j.1745-3933.2007.00418.x|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2008MNRAS.384L..38H}}</ref>.
L'axe de rotation d'Uranus étant très fortement incliné par rapport à son plan orbital, ses satellites, qui sont en orbite sur son plan équatorial, connaissent des cycles saisonniers extrêmes. Les pôles nord et sud d'Obéron ont des cycles de 42 ans d'éclairement continu, puis de nuit continue<ref name=Grundy2006/>. Tous les 42 ans, lors des équinoxes d'Uranus, le plan équatorial de cette planète se confond avec celui de la Terre. Les lunes d'Uranus peuvent à cette occasion [[Occultation|s'occulter]] les unes les autres, comme l'occultation d'[[Umbriel (lune)|Umbriel]] par Obéron qui s'est produite le {{date-|4 mai 2007}} et dura six minutes<ref name=Hidas2008>{{article|langue=en|nom1=Hidas|prénom1=M.G.|coauteurs=A.A. Christou, Brown, T.M.|titre=An observation of a mutual event between two satellites of Uranus|journal=Monthly Notices of the Royal Astronomical Society: Letters|année=2008|volume=384|pages=L38–L40|doi=10.1111/j.1745-3933.2007.00418.x|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2008MNRAS.384L..38H}}.</ref>.


== Caractéristiques physiques ==
== Caractéristiques physiques ==
=== Composition et structure interne ===
=== Composition et structure interne ===
Obéron est la seconde plus grande et la seconde plus massive des lunes d'Uranus après [[Titania (lune)|Titania]], et la neuvième plus grande lune du [[système solaire]]<ref name="huitplus">Les huit lunes plus massives qu'Obéron sont [[Ganymède (lune)|Ganymède]], [[Titan (lune)|Titan]], [[Callisto (lune)|Callisto]], [[Io (lune)|Io]], la [[Lune]], [[Europe (lune)|Europe]], [[Triton (lune)|Triton]] et [[Titania (lune)|Titania]]. ''Source : {{cite web|url=http://ssd.jpl.nasa.gov/?sat_phys_par|titre=Planetary Satellite Physical Parameters|éditeur=Jet Propulsion Laboratory, NASA|consulté le=January 31, 2009}} (NASA)''</ref>. La densité élevée d'Obéron ({{unité|1.63|g/cm|3}}<ref name=Jacobson1992>{{cite journal|last=Jacobson|first=R.A.|coauthors=J.K. Campbell, A.H. Taylor, S.P. Synnott|title=The masses of Uranus and its major satellites from Voyager tracking data and Earth based Uranian satellite data|journal=The Astronomical Journal|volume=103|issue=6|pages=2068–78|year=1992| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1992AJ....103.2068J|doi=10.1086/116211}}</ref>), supérieure à celle des satellites de Saturne par exemple, indique qu'il est constitué en proportions à peu près égales de glace d'eau et d'un matériau dense autre que la glace<ref name=Hussmann2006>{{cite journal|last=Hussmann|first=Hauke|coauthors=Frank Sohl, Tilman Spohn|title=Subsurface oceans and deep interiors of medium-sized outer planet satellites and large trans-neptunian objects|journal=Icarus|volume=185|pages=258-273|year=2006|doi=10.1016/j.icarus.2006.06.005| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2006Icar..185..258H}}</ref>. Ce matériau pourrait être composé de rochers et de matériaux [[carbonacé|carbonacés]] parmi lesquels des composés organiques de masse élevée<ref name=Smith1986/>. Des observations spectroscopiques ont montré la présence d'eau glacée cristalline à la surface du satellite<ref name=Grundy2006/>. Les raies d'absorption de la glace sont plus intenses sur l'hémisphère arrière d'Obéron que sur son hémisphère avant. C'est le contraire de ce qui est observé sur les autres lunes d'Uranus, où l'hémisphère avant présente des traces d'eau plus importantes<ref name=Grundy2006/>. La raison de cette asymétrie est inconnue, mais elle pourrait être due au bombardement par des particules chargées de la [[Uranus (planète)|magnétosphère d'Uranus]] qui est plus important sur l'hémisphère avant<ref name=Grundy2006/>. Les particules énergétiques ont tendance à éroder la glace, à décomposer le [[méthane]] présent dans la glace sous forme d'[[hydrate de méthane|hydrate]] et à assombrir les autres composés organiques, laissant un sombre [[résidu]] riche en carbone à la surface<ref name=Grundy2006/>.
Obéron est la seconde plus grande et la seconde plus massive des lunes d'Uranus après [[Titania (lune)|Titania]], et la neuvième plus grande lune du [[Système solaire]]<ref name="huitplus">Les huit lunes plus massives qu'Obéron sont [[Ganymède (lune)|Ganymède]], [[Titan (lune)|Titan]], [[Callisto (lune)|Callisto]], [[Io (lune)|Io]], la [[Lune]], [[Europe (lune)|Europe]], [[Triton (lune)|Triton]] et [[Titania (lune)|Titania]]. ''Source : {{lien web|langue=en|url=http://ssd.jpl.nasa.gov/?sat_phys_par|titre=Planetary Satellite Physical Parameters|éditeur=Jet Propulsion Laboratory, NASA|consulté le=31 janvier 2009}} (NASA)''.</ref>. La densité élevée d'Obéron ({{unité|1.63|g/cm|3}}<ref name=Jacobson1992>{{article|langue=en|nom1=Jacobson|prénom1=R.A.|coauteurs=J.K. Campbell, A.H. Taylor, S.P. Synnott|titre=The masses of Uranus and its major satellites from Voyager tracking data and Earth based Uranian satellite data|journal=The Astronomical Journal|volume=103|numéro=6|pages=2068–78|année=1992| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1992AJ....103.2068J|doi=10.1086/116211}}.</ref>), supérieure à celle des satellites de Saturne par exemple, indique qu'il est constitué en proportions à peu près égales de glace d'eau et d'un matériau dense autre que la glace<ref name=Hussmann2006>{{article|langue=en|nom1=Hussmann|prénom1=Hauke|coauteurs=Frank Sohl, Tilman Spohn|titre=Subsurface oceans and deep interiors of medium-sized outer planet satellites and large trans-neptunian objects|journal=Icarus|volume=185|pages=258-273|année=2006|doi=10.1016/j.icarus.2006.06.005| url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2006Icar..185..258H}}.</ref>. Ce matériau pourrait être composé de rochers et de matériaux [[carbonacé]]s parmi lesquels des composés organiques de masse élevée<ref name=Smith1986/>. Des observations spectroscopiques ont montré la présence d'eau glacée cristalline à la surface du satellite<ref name=Grundy2006/>. Les raies d'absorption de la glace sont plus intenses sur l'hémisphère arrière d'Obéron que sur son hémisphère avant. C'est le contraire de ce qui est observé sur les autres lunes d'Uranus, où l'hémisphère avant présente des traces d'eau plus importantes<ref name=Grundy2006/>. La raison de cette asymétrie est inconnue, mais elle pourrait être due au bombardement par des particules chargées de la [[Uranus (planète)|magnétosphère d'Uranus]] qui est plus important sur l'hémisphère avant<ref name=Grundy2006/>. Les particules énergétiques ont tendance à éroder la glace, à décomposer le [[méthane]] présent dans la glace sous forme d'[[hydrate de méthane|hydrate]] et à assombrir les autres composés organiques, laissant un sombre [[résidu]] riche en carbone à la surface<ref name=Grundy2006/>.


Obéron pourrait être différencié en un [[noyau (planète)|noyau rocheux]] entouré d'un [[manteau (géologie)|manteau]] glacé<ref name=Hussmann2006/>. Si tel est le cas, le rayon du noyau ({{unité|480|km}}) serait d'environ 63 % celui du satellite, et sa masse d'environ 54 % celle du satellite, valeurs qui dépendent de la composition du satellite. La pression au centre d'Obéron est d'environ {{unité|0.5|GPa}} ({{unité|5|kbar}})<ref name=Hussmann2006/>. L'[[État de la matière|état physique]] du manteau de glace est inconnu. Si la glace contient assez d'[[ammoniac]] ou d'autres [[antigel]]s comme des [[Sel (chimie)|sels]] dissous, Obéron pourrait posséder une couche océanique liquide à la frontière entre le noyau et le manteau. L'épaisseur de cet océan, s'il existe, serait inférieure à {{unité|40|km}} et sa température d'environ 180 K<ref name=Hussmann2006/>. Toutefois, la structure interne d'Obéron dépend fortement de son histoire thermique, qui est mal connue en [[2009 en science|2009]].
Obéron pourrait être différencié en un [[noyau planétaire|noyau rocheux]] entouré d'un [[manteau planétaire|manteau]] glacé<ref name=Hussmann2006/>. Si tel est le cas, le rayon du noyau ({{unité|480|km}}) serait d'environ 63 % celui du satellite, et sa masse d'environ 54 % celle du satellite, valeurs qui dépendent de la composition du satellite. La pression au centre d'Obéron est d'environ {{unité|0.5|GPa}} ({{unité|5|kbar}})<ref name=Hussmann2006/>. L'[[État de la matière|état physique]] du manteau de glace est inconnu. Si la glace contient assez d'[[ammoniac]] ou d'autres [[antigel]]s comme des [[Sel (chimie)|sels]] dissous, Obéron pourrait posséder une couche océanique liquide à la frontière entre le noyau et le manteau. L'épaisseur de cet océan, s'il existe, serait inférieure à {{unité|40|km}} et sa température d'environ 180 K<ref name=Hussmann2006/>. Toutefois, la structure interne d'Obéron dépend fortement de son histoire thermique, qui est mal connue en [[2009 en science|2009]].


=== Géologie ===
=== Géologie ===
[[Fichier:Oberon USGS.jpg|thumb|Une image récréée par ordinateur d'Obéron en couleur artificielle. La région à gauche (lisse) n'a jamais été photographiée par une sonde. Le plus grand cratère dont le fond est sombre est Hamlet. Le cratère Othello est en bas à gauche de celui-ci et Mommur Chasma en haut à gauche.]]
[[Fichier:Oberon USGS.jpg|thumb|Une image recréée par ordinateur d'Obéron en couleur artificielle. La région à gauche (lisse) n'a jamais été photographiée par une sonde. Le plus grand cratère dont le fond est sombre est Hamlet. Le cratère Othello est en bas à gauche de celui-ci et Mommur Chasma en haut à gauche.]]
Obéron est la seconde lune la plus sombre après [[Umbriel (lune)|Umbriel]] parmi les grands satellites d'Uranus. Sa surface présente un fort [[effet d'opposition]] : sa réflectivité diminue de 31 % à un angle de phase de {{unité|0|°}} ([[albédo|albédo géométrique]]) à 22 % à un angle d'environ {{unité|1|°}}. Obéron a un faible [[albédo de Bond]] (également appelé albédo global ou albédo planétaire) d'environ 14 %<ref name=Karkoschka2001a/>. Sa surface est en général légèrement rouge, à l'exception des jeunes dépôts d'impact, qui sont spectralement neutres (c'est-à-dire gris) ou légèrement bleus<ref name=Helfenstein1990>{{cite journal|last=Helfenstein|first=P.|coauthors=J. Hiller, C. Weitz, J. Veverka|title=Oberon: color photometry and its geological implications|year=1990|publisher=Lunar and Planetary Sciences Institute, Hoston|journal=Abstracts of the Lunar and Planetary Science Conference|volume=21|pages=489–490|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1990LPI....21..489H}}</ref>. Obéron est le plus rouge des satellites d'Uranus. Les hémisphères arrière et avant sont asymétriques : l'hémisphère avant est plus rouge que l'hémisphère arrière<ref name=Buratti1991>{{Article |langue=en|nom1=Buratti|prénom1=Bonnie J.|nom2=Mosher |prénom2=Joel A.|titre=Comparative global albedo and color maps of the Uranian satellites |périodique=Icarus |volume=90 |pages=1–13 |année=1991 | url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1991Icar...90....1B|doi=10.1016/0019-1035(91)90064-Z}}</ref> car il contient davantage de matériau rouge sombre<ref name=Bell1991>{{cite journal|last=Bell III|first=J.F.|coauthors=McCord, T.B.|title=Search for spectral units on Uranian satellites using color ration images|year=1991|publisher=Lunar and Planetary Sciences Institute, Hoston|journal=Proceeding of the Lunar and Planetary Science |volume=21|pages=473–489|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1991LPSC...21..473B}}</ref>. La coloration rouge des surfaces pourrait être due au bombardement des surfaces d'Obéron par des particules chargées et des [[micrométéorite]]s issues du milieu spatial sur des échelles de temps de l'ordre de l'âge du [[système solaire]]<ref name=Bell1991/>. Cependant, il est plus probable que l'asymétrie de couleur de Titania soit due au dépôt de matérieau rouge provenant des parties externes du système uranien (peut-être des [[satellite irrégulier|satellites irréguliers]]) qui se serait principalement déposé sur l'hémisphère avant<ref name=Buratti1991/>.
Obéron est la seconde lune la plus sombre après [[Umbriel (lune)|Umbriel]] parmi les grands satellites d'Uranus. Sa surface présente un fort [[effet d'opposition]] : sa réflectivité diminue de 31 % à un angle de phase de {{unité|0|°}} ([[albédo|albédo géométrique]]) à 22 % à un angle d'environ {{unité|1|°}}. Obéron a un faible [[albédo de Bond]] (également appelé albédo global ou albédo planétaire) d'environ 14 %<ref name=Karkoschka2001a/>. Sa surface est en général légèrement rouge, à l'exception des jeunes dépôts d'impact, qui sont spectralement neutres (c'est-à-dire gris) ou légèrement bleus<ref name=Helfenstein1990>{{article|langue=en|nom1=Helfenstein|prénom1=P.|coauteurs=J. Hiller, C. Weitz, J. Veverka|titre=Oberon: color photometry and its geological implications|année=1990|éditeur=Lunar and Planetary Sciences Institute, Hoston|journal=Abstracts of the Lunar and Planetary Science Conference|volume=21|pages=489–490|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1990LPI....21..489H}}.</ref>. Obéron est le plus rouge des satellites d'Uranus. Les hémisphères arrière et avant sont asymétriques : l'hémisphère avant est plus rouge que l'hémisphère arrière<ref name=Buratti1991>{{Article |langue=en|nom1=Buratti|prénom1=Bonnie J.|nom2=Mosher |prénom2=Joel A.|titre=Comparative global albedo and color maps of the Uranian satellites |périodique=Icarus |volume=90 |pages=1–13 |année=1991 | url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1991Icar...90....1B|doi=10.1016/0019-1035(91)90064-Z}}.</ref> car il contient davantage de matériau rouge sombre<ref name=Bell1991>{{article|langue=en|nom1=Bell III|prénom1=J.F.|coauteurs=McCord, T.B.|titre=Search for spectral units on Uranian satellites using color ration images|année=1991|éditeur=Lunar and Planetary Sciences Institute, Hoston|journal=Proceeding of the Lunar and Planetary Science |volume=21|pages=473–489|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1991LPSC...21..473B}}.</ref>. La coloration rouge des surfaces pourrait être due au bombardement des surfaces d'Obéron par des particules chargées et des [[micrométéorite]]s issues du milieu spatial sur des échelles de temps de l'ordre de l'âge du [[Système solaire]]<ref name=Bell1991/>. Cependant, il est plus probable que l'asymétrie de couleur de Titania soit due au dépôt de matériau rouge provenant des parties externes du système uranien (peut-être des [[satellite irrégulier|satellites irréguliers]]) qui se serait principalement déposé sur l'hémisphère avant<ref name=Buratti1991/>.


Les scientifiques ont identifié deux types de caractéristiques géologiques sur Obéron : les [[cratère d'impact|cratères d'impact]] et les [[chasma|chasmata]] (canyons)<ref name=Smith1986/>. Les surfaces anciennes d'Obéron sont les plus cratérisées de toutes les lunes d'Uranus. La densité de cratères est proche de la saturation, c'est-à-dire que la formation de nouveaux cratères est contrebalancée par la destruction de cratères plus anciens<ref name="crateres">Le nombre élevé de cratères sur Obéron indique qu'il a les surfaces les plus anciennes des lunes d'Uranus. ''Source : Plescia et al., 1987''.</ref>. Le diamètre des cratères va de quelques kilomètres à 206 kilomètres pour le plus grand cratère connu<ref name=Plescia1987>{{cite journal|last=Plescia|first=J.B.|title=Cratering history of the Uranian satellites: Umbriel, Titania and Oberon|journal=Journal of Geophysical Research|volume=92|issue=A13|pages=14,918–32|year=1987|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1987JGR....9214918P|doi=10.1029/JA092iA13p14918}}</ref>, Hamlet<ref name=usgsHamlet>{{cite web|titre=Oberon: Hamlet|éditeur=USGS Astrogeology|work=Gazetteer of Planetary Nomenclature|url=http://planetarynames.wr.usgs.gov/jsp/FeatureNameDetail.jsp?feature=62509 |consulté le=2009-01-06}}</ref>. Beaucoup de grands cratères sont entourés par des éjectas d'impact brillants (des [[cratère à rayons|rayons]] de glace relativement fraîche)<ref name=Smith1986/>. Les planchers des plus grands cratères, Hamlet, Othello et Macbeth, sont composés de matériaux très sombres déposés après leur formation<ref name=Plescia1987/>. Une montagne d'une altitude d'environ {{unité|11|km}} a été observée au sud-est sur certains clichés de Voyager. Il pourrait être le pic central d'un [[bassin d'impact]] (c'est-à-dire d'un grand cratère d'impact) d'un diamètre d'environ {{unité|375|km}}<ref name=Moore2004>{{cite journal|last=Moore|first=Jeffrey M.|coauthors=Paul M. Schenk, Lindsey S. Bruesch et al. |title=Large impact features on middle-sized icy satellites|journal=Icarus|volume=171| pages=421-43|year=2004|url=http://lasp.colorado.edu/~espoclass/homework/5830_2008_homework/Ch17.pdf|format=pdf|doi=10.1016/j.icarus.2004.05.009}}</ref>.
Les scientifiques ont identifié deux types de caractéristiques géologiques sur Obéron : les [[cratère d'impact|cratères d'impact]] et les [[chasma]]ta (canyons)<ref name=Smith1986/>. Les surfaces anciennes d'Obéron sont les plus cratérisées de toutes les lunes d'Uranus. La densité de cratères est proche de la saturation, c'est-à-dire que la formation de nouveaux cratères est contrebalancée par la destruction de cratères plus anciens<ref name="crateres">Le nombre élevé de cratères sur Obéron indique qu'il a les surfaces les plus anciennes des lunes d'Uranus. ''Source : Plescia et al., 1987''.</ref>. Le diamètre des cratères va de quelques kilomètres à {{unité|206|kilomètres}} pour le plus grand cratère connu<ref name=Plescia1987>{{article|langue=en|nom1=Plescia|prénom1=J.B.|titre=Cratering history of the Uranian satellites: Umbriel, Titania and Oberon|journal=Journal of Geophysical Research|volume=92|numéro=A13|pages=14,918–32|année=1987|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1987JGR....9214918P|doi=10.1029/JA092iA13p14918}}.</ref>, Hamlet<ref name=usgsHamlet>{{lien web|consulté le=2013-03-29|url=http://planetarynames.wr.usgs.gov/jsp/FeatureNameDetail.jsp?feature=62509|titre=Oberon: Hamlet}}.</ref>. Beaucoup de grands cratères sont entourés par des éjectas d'impact brillants (des [[cratère à rayons|rayons]] de glace relativement fraîche)<ref name=Smith1986/>. Les planchers des plus grands cratères, Hamlet, Othello et Macbeth, sont composés de matériaux très sombres déposés après leur formation<ref name=Plescia1987/>. Une montagne d'une altitude d'environ {{unité|11|km}} a été observée au sud-est sur certains clichés de Voyager. Il pourrait être le pic central d'un [[bassin d'impact]] (c'est-à-dire d'un grand cratère d'impact) d'un diamètre d'environ {{unité|375|km}}<ref name=Moore2004>{{article|langue=en|nom1=Moore|prénom1=Jeffrey M.|coauteurs=Paul M. Schenk, Lindsey S. Bruesch et al. |titre=Large impact features on middle-sized icy satellites|journal=Icarus|volume=171| pages=421-43|année=2004|url=http://lasp.colorado.edu/~espoclass/homework/5830_2008_homework/Ch17.pdf|format=pdf|doi=10.1016/j.icarus.2004.05.009}}.</ref>.


La surface d'Obéron est parcourue par un système de canyons, qui sont cependant moins répandus que ceux de [[Titania (lune)|Titania]]<ref name=Smith1986/>. Les canyons sont probablement des [[faille normale|failles normales]] ou des [[escarpement de faille|escarpements de faille]]<ref name="grabens">Certains canyons d'Obéron sont des [[graben]]s. ''Source : Plescia et al., 1987''.</ref>, qui peuvent être anciens ou récents. Les escarpements traversent les dépôts brillants de certains vieux grands cratères ; leur formation est donc postérieure à celle des cratères<ref name=Croft1989>{{cite conference|last=Croft|first=S.K.|title=New geological maps of Uranian satellites Titania, Oberon, Umbriel and Miranda|year=1989|publisher=Lunar and Planetary Sciences Institute, Hoston|work=Proceeding of Lunar and Planetary Sciences|volume=20|pages=205C|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1989LPI....20..205C}}</ref>. Le plus grand canyon d'Obéron est le Mommur Chasma<ref name=Mommur>{{Lien web|titre=Oberon: Mommur|éditeur=USGS Astrogeology|série=Gazetteer of Planetary Nomenclature|url=http://planetarynames.wr.usgs.gov/jsp/FeatureNameDetail.jsp?feature=64127|consulté le=2009-03-06}}</ref>.
La surface d'Obéron est parcourue par un système de canyons, qui sont cependant moins répandus que ceux de [[Titania (lune)|Titania]]<ref name=Smith1986/>. Les canyons sont probablement des [[faille normale|failles normales]] ou des [[escarpement de faille|escarpements de faille]]<ref name="grabens">Certains canyons d'Obéron sont des [[graben]]s. ''Source : Plescia et al., 1987''.</ref>, qui peuvent être anciens ou récents. Les escarpements traversent les dépôts brillants de certains vieux grands cratères ; leur formation est donc postérieure à celle des cratères<ref name=Croft1989>{{lien conférence|langue=en|nom1=Croft|prénom1=S.K.|titre=New geological maps of Uranian satellites Titania, Oberon, Umbriel and Miranda|année=1989|éditeur=Lunar and Planetary Sciences Institute, Hoston|série=Proceeding of Lunar and Planetary Sciences|volume=20|pages=205C|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1989LPI....20..205C}}.</ref>. Le plus grand canyon d'Obéron est le Mommur Chasma<ref name=Mommur>{{lien web|consulté le=2013-03-29|url=http://planetarynames.wr.usgs.gov/jsp/FeatureNameDetail.jsp?feature=64127|titre=Oberon: Mommur}}.</ref>.


La géologie d'Obéron a été influencée par deux phénomènes majeurs : la formation de [[cratère d'impact|cratères d'impact]] et le resurfaçage endogène<ref name=Croft1989/>. Le premier processus existe depuis la création d'Obéron et est à l'origine de son apparence actuelle<ref name=Plescia1987/>. Le second, le resurfaçage endogène, fut actif durant quelques temps suivant la formation de la lune. Ces procédés endogènes étaient principalement de nature [[tectonique]] et sont responsables de la formation des canyons, d'immenses craquelures dans la croûte glacée<ref name=Croft1989/>. Les canyons recouvrent une partie des plus anciennes surfaces d'Obéron<ref name=Croft1989/>. Ces craquelures sont dues à l'expansion d'Obéron par un facteur d'environ {{formatnum:0.5}} %<ref name=Croft1989/>. Celle-ci se produisit en deux phases, menant à la création des vieux canyons et des jeunes canyons.
La géologie d'Obéron a été influencée par deux phénomènes majeurs : la formation de [[cratère d'impact|cratères d'impact]] et le resurfaçage endogène<ref name=Croft1989/>. Le premier processus existe depuis la création d'Obéron et est à l'origine de son apparence actuelle<ref name=Plescia1987/>. Le second, le resurfaçage endogène, fut actif durant quelque temps suivant la formation de la lune. Ces procédés endogènes étaient principalement de nature [[tectonique]] et sont responsables de la formation des canyons, d'immenses craquelures dans la croûte glacée<ref name=Croft1989/>. Les canyons recouvrent une partie des plus anciennes surfaces d'Obéron<ref name=Croft1989/>. Ces craquelures sont dues à l'expansion d'Obéron par un facteur d'environ 0,5 %<ref name=Croft1989/>. Celle-ci se produisit en deux phases, menant à la création des vieux canyons et des jeunes canyons.


La nature des taches sombres, qui sont majoritairement présentes sur l'hémisphère avant et dans les cratères, est inconnue. Certains scientifiques supposent qu'elles sont d'origine [[cryovolcanisme|cryovolcanique]], telles les [[mare lunaire|maria lunaire]]<ref name=Plescia1987/>. Selon d'autres, les impacts auraient mis au jour du matériel sombre précédemment enfoui sous la croûte de glace pure<ref name=Helfenstein1990/>. Cette dernière hypothèse signifierait qu'Obéron serait au moins partiellement [[différentiation planétaire|différentiée]] avec une croûte de glace en surface, tandis que l'intérieur du satellite ne serait pas différentié<ref name=Helfenstein1990/>.
La nature des taches sombres, qui sont majoritairement présentes sur l'hémisphère avant et dans les cratères, est inconnue. Certains scientifiques supposent qu'elles sont d'origine [[cryovolcanisme|cryovolcanique]], telles les [[mare lunaire|maria lunaire]]<ref name=Plescia1987/>. Selon d'autres, les impacts auraient mis au jour du matériel sombre précédemment enfoui sous la croûte de glace pure<ref name=Helfenstein1990/>. Cette dernière hypothèse signifierait qu'Obéron serait au moins partiellement [[différenciation planétaire|différenciée]] avec une croûte de glace en surface, tandis que l'intérieur du satellite ne serait pas différencié<ref name=Helfenstein1990/>.


{| class="wikitable center" style="width:70%; text-align:center;"
{| class="wikitable center" style="width:70%; text-align:center;"
|+ Caractéristiques géologiques nommées sur Obéron<ref name=usgs>{{cite web|titre=Oberon Nomenclature Table Of Contents|publisher=USGS Astrogeology|work=Gazetteer of Planetary Nomenclature|url=http://planetarynames.wr.usgs.gov/jsp/FeatureTypes2.jsp?system=Uranus&body=Oberon&systemID=7&bodyID=34&sort=AName&show=Fname&show=Lat&show=Long&show=Diam&show=Stat&show=Orig|accessdate=2009-05-23}}</ref>
|+ Caractéristiques géologiques nommées sur Obéron<ref name=usgs>{{lien web|consulté le=2013-03-29|url=http://planetarynames.wr.usgs.gov/jsp/FeatureTypes2.jsp?system=Uranus&body=Oberon&systemID=7&bodyID=34&sort=AName&show=Fname&show=Lat&show=Long&show=Diam&show=Stat&show=Orig|titre=Oberon Nomenclature Table Of Contents}}.</ref>
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| MacBeth || [[Macbeth (Shakespeare)|Macbeth]] || 203 || −58,4 || 112,5
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| Othello || [[Othello]] || 114 || −66,0 || 42,9
| Othello || [[Othello (personnage)|Othello]] || 114 || −66,0 || 42,9
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| Roméo || [[Roméo et Juliette|Roméo]] || 159 || −28,7 || 89,4
| Roméo || [[Roméo et Juliette|Roméo]] || 159 || −28,7 || 89,4
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== Origine et évolution ==
== Origine et évolution ==
Obéron se serait formé à partir d'un [[disque d'accrétion]] ou sous-nébuleuse, c'est-à-dire un disque de gaz et de poussières. Celui-ci aurait soit été présent autour d'Uranus pendant quelques temps après sa formation, soit il aurait été créé par l'impact géant auquel Uranus doit son oblicité<ref name=Mousis2004>{{cite journal|last=Mousis|first=O.|title=Modeling the thermodynamical conditions in the Uranian subnebula – Implications for regular satellite composition|journal=Astronomy & Astrophysics |volume=413|pages=373-80|year=2004|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2004A%26A...413..373M|doi=10.1051/0004-6361:20031515}}</ref>. La composition précise de la sous-nébuleuse est inconnue, mais la densité relativement élevée d'Obéron et d'autres lunes d'Uranus par rapport aux lunes de Saturne indique qu'elle devait être pauvre en eau<ref name="Tethys">Par exemple, [[Téthys (lune)|Téthys]], une lune de Saturne, a une densité de {{unité|0.97|g/cm|3}}, ce qui signifie qu'elle contient plus de 90 % d'eau. ''Source : Grundy et al., 2006.''</ref>{{,}}<ref name=Smith1986/>. Cette nébuleuse aurait pu être composée d'importantes quantités d'[[azote]] et de [[carbone]] présents sous forme de [[monoxyde de carbone]] et de [[diazote]] et non pas sous forme d'ammoniac ni de méthane<ref name=Mousis2004/>. Les satellites formés dans cette sous-nébuleuse contiendraient moins de glace d'eau (avec du CO et de N<sub>2</sub> piégés sous forme de [[clathrate]]s) et davantage de roches, ce qui expliquerait leur densité élevée<ref name=Smith1986/>.
Obéron se serait formé à partir d'un [[disque d'accrétion]] ou sous-nébuleuse, c'est-à-dire un disque de gaz et de poussières. Celui-ci aurait soit été présent autour d'Uranus pendant quelque temps après sa formation, soit il aurait été créé par l'impact géant auquel Uranus doit son oblicité<ref name=Mousis2004>{{article|langue=en|nom1=Mousis|prénom1=O.|titre=Modeling the thermodynamical conditions in the Uranian subnebula – Implications for regular satellite composition|journal=Astronomy & Astrophysics |volume=413|pages=373-80|année=2004|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/2004A%26A...413..373M|doi=10.1051/0004-6361:20031515}}.</ref>. La composition précise de la sous-nébuleuse est inconnue, mais la densité relativement élevée d'Obéron et d'autres lunes d'Uranus par rapport aux lunes de Saturne indique qu'elle devait être pauvre en eau<ref name="Tethys">Par exemple, [[Téthys (lune)|Téthys]], une lune de Saturne, a une densité de {{unité|0.97|g/cm|3}}, ce qui signifie qu'elle contient plus de 90 % d'eau. ''Source : Grundy et al., 2006.''.</ref>{{,}}<ref name=Smith1986/>. Cette nébuleuse aurait pu être composée d'importantes quantités d'[[azote]] et de [[carbone]] présents sous forme de [[monoxyde de carbone]] et de [[diazote]] et non pas sous forme d'ammoniac ni de méthane<ref name=Mousis2004/>. Les satellites formés dans cette sous-nébuleuse contiendraient moins de glace d'eau (avec du CO et de N<sub>2</sub> piégés sous forme de [[clathrate]]s) et davantage de roches, ce qui expliquerait leur densité élevée<ref name=Smith1986/>.


L'[[accrétion]] d'Obéron dura probablement plusieurs milliers d'années<ref name=Mousis2004/>. Les impacts qui accompagnèrent l'accrétion ont chauffé la couche externe du satellite<ref name=Squyres1988>{{cite journal|last=Squyres|first=Steven W.|coauthors=Ray T. Reynolds, Audrey L. Summers, Felix Shung|title=Accretional heating of satellites of Satutn and Uranus|journal=Journal of Geophysical Research|volume=93|issue=B8|pages=8,779-94|year=1988|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1988JGR....93.8779S|doi=10.1029/JB093iB08p08779}}</ref>. La température maximale d'environ {{unité|230|K}} a été atteinte à la profondeur d'environ {{unité|60|km}}<ref name=Squyres1988/>. Après la fin de la formation du satellite, la couche sub-surfacique s'est refroidie, tandis que l'intérieur d'Obéron fut échauffé par la décomposition des éléments radioactifs présents dans les roches<ref name=Smith1986/>. La couche refroidie sous la surface s'est contractée, tandis que l'intérieur s'est dilaté. Cela entraîna de fortes contraintes dans la [[croûte]] du satellite et provoqua des craquelures. Ce processus qui dura environ 200 millions d'années pourrait être à l'origine du système de canyons visible sur Obéron<ref name=Hillier1991>{{cite journal|last=Hillier|first=John|coauthors=Squyres, Steven|title=Thermal stress tectonics on the satellites of Saturn and Uranus|journal=Journal of Geophysical Research|volume=96|issue=E1|pages=15,665-74|year=1991|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1991JGR....9615665H|doi=10.1029/91JE01401}}</ref>. Toute activité endogène a cessé il y a plusieurs milliards d'années<ref name=Smith1986/>.
L'[[accrétion]] d'Obéron dura probablement plusieurs milliers d'années<ref name=Mousis2004/>. Les impacts qui accompagnèrent l'accrétion ont chauffé la couche externe du satellite<ref name=Squyres1988>{{article|langue=en|nom1=Squyres|prénom1=Steven W.|coauteurs=Ray T. Reynolds, Audrey L. Summers, Felix Shung|titre=Accretional heating of satellites of Satutn and Uranus|journal=Journal of Geophysical Research|volume=93|numéro=B8|pages=8,779-94|année=1988|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1988JGR....93.8779S|doi=10.1029/JB093iB08p08779}}.</ref>. La température maximale d'environ {{unité|230|K}} a été atteinte à la profondeur d'environ {{unité|60|km}}<ref name=Squyres1988/>. Après la fin de la formation du satellite, la couche sub-surfacique s'est refroidie, tandis que l'intérieur d'Obéron fut échauffé par la décomposition des éléments radioactifs présents dans les roches<ref name=Smith1986/>. La couche refroidie sous la surface s'est contractée, tandis que l'intérieur s'est dilaté. Cela entraîna de fortes contraintes dans la [[Croûte planétaire|croûte]] du satellite et provoqua des craquelures. Ce processus qui dura environ 200 millions d'années pourrait être à l'origine du système de canyons visible sur Obéron<ref name=Hillier1991>{{article|langue=en|nom1=Hillier|prénom1=John|coauteurs=Squyres, Steven|titre=Thermal stress tectonics on the satellites of Saturn and Uranus|journal=Journal of Geophysical Research|volume=96|numéro=E1|pages=15,665-74|année=1991|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1991JGR....9615665H|doi=10.1029/91JE01401}}.</ref>. Toute activité endogène a cessé il y a plusieurs milliards d'années<ref name=Smith1986/>.


L'échauffement initial suite à l'accrétion et la désintégration radioactive des éléments ont sans doute été suffisamment intenses pour faire fondre la glace<ref name=Hillier1991/> si un antigel tel l'ammoniac était présent (sous la forme d'hydrate d'ammoniac)<ref name= Hussmann2006/>. Une fusion importante pourrait avoir séparé la glace des roches et engendrer la formation d'un noyau rocheux entouré d'un manteau de glace. Une couche d'eau liquide (océan) riche en ammoniac dissous pourrait s'être formée à la frontière entre le noyau et le manteau<ref name=Hussmann2006/>. La température de fusion de ce mélange est de {{unité|176|K}}<ref name=Hussmann2006/>. Si la température a chuté en dessous de cette valeur, l'océan serait désormais gelé. La solidification de l'eau aurait conduit à l'expansion de l'intérieur, une autre cause possible de la formation des canyons<ref name=Plescia1987/>. Néanmoins, les connaissances actuelles sur l'évolution passée d'Obéron restent très limitées.
L'échauffement initial consécutif à l'accrétion et la désintégration radioactive des éléments ont sans doute été suffisamment intenses pour faire fondre la glace<ref name=Hillier1991/> si un antigel tel l'ammoniac était présent (sous la forme d'hydrate d'ammoniac)<ref name= Hussmann2006/>. Une fusion importante pourrait avoir séparé la glace des roches et engendrer la formation d'un noyau rocheux entouré d'un manteau de glace. Une couche d'eau liquide (océan) riche en ammoniac dissous pourrait s'être formée à la frontière entre le noyau et le manteau<ref name=Hussmann2006/>. La température de fusion de ce mélange est de {{unité|176|K}}<ref name=Hussmann2006/>. Si la température a chuté en dessous de cette valeur, l'océan serait désormais gelé. La solidification de l'eau aurait conduit à l'expansion de l'intérieur, une autre cause possible de la formation des canyons<ref name=Plescia1987/>. Néanmoins, les connaissances actuelles sur l'évolution passée d'Obéron restent très limitées.


== Exploration ==
== Exploration ==
{{Article détaillé|Exploration d'Uranus}}
{{Article détaillé|Exploration d'Uranus}}
À l'heure actuelle (avril 2011), les seules images disponibles d'Obéron sont des clichés de faible résolution pris par la sonde [[Voyager 2]], qui a photographié la lune lors de son survol d'Uranus en {{date||janvier|1986|en science}}. La distance minimale entre la sonde Voyager 2 et Obéron ayant été de {{unité|470600|km}}<ref name=Stone1987>{{cite journal|last=Stone|first=E.C.|title=The Voyager 2 Encounter With Uranus|journal=Journal of Geophysical Research|volume=92|issue=A13|pages=14,873–76|year=1987|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1987JGR....9214873S|doi=10.1029/JA092iA13p14873}}</ref>, les meilleures images de la lune ont une résolution spatiale d'environ {{unité|6|km}}<ref name=Plescia1987/>. Les images couvrent environ 40% de la surface, mais seuls 25% de la surface furent photographiés avec une qualité suffisante pour effectuer une [[carte géologique|cartographie géologique]]<ref name=Plescia1987/>. Lors du survol d'Obéron, l'hémisphère sud était pointé vers le Soleil et par conséquent l'hémisphère nord était sombre et ne put donc pas être étudié<ref name=Smith1986/>. Aucune autre sonde spatiale n'a visité Uranus et Obéron depuis. Le programme ''[[Uranus orbiter and probe]]'', dont le lancement pourrait être programmé pour les années 2020 à 2023, devrait apporter des précisions sur la connaissance des satellites d'Uranus et notamment sur Titania<ref>{{en}} « ''[http://solarsystem.nasa.gov/multimedia/download-detail.cfm?DL_ID=742 Vision and Voyages for Planetary Science in the Decade 2013–2022]'' » sur le site de la NASA</ref>.
Actuellement, les seules images disponibles d'Obéron sont des clichés de faible résolution pris par la sonde [[Voyager 2]], qui a photographié la lune lors de son survol d'Uranus en {{date||janvier|1986|en science}}. La distance minimale entre la sonde Voyager 2 et Obéron ayant été de {{unité|470600|km}}<ref name=Stone1987>{{article|langue=en|nom1=Stone|prénom1=E.C.|titre=The Voyager 2 Encounter With Uranus|journal=Journal of Geophysical Research|volume=92|numéro=A13|pages=14,873–76|année=1987|url=http://adsabs.harvard.edu/abs/1987JGR....9214873S|doi=10.1029/JA092iA13p14873}}.</ref>, les meilleures images de la lune ont une résolution spatiale d'environ {{unité|6|km}}<ref name=Plescia1987/>. Les images couvrent environ 40 % de la surface, mais seuls 25 % de la surface furent photographiés avec une qualité suffisante pour effectuer une [[carte géologique|cartographie géologique]]<ref name=Plescia1987/>. Lors du survol d'Obéron, l'hémisphère sud était pointé vers le Soleil et par conséquent l'hémisphère nord était sombre et ne put donc pas être étudié<ref name=Smith1986/>. Aucune autre sonde spatiale n'a visité Uranus et Obéron depuis. Le programme ''[[Uranus orbiter and probe]]'', dont le lancement pourrait être programmé aux alentours de 2031, devrait apporter des précisions sur la connaissance des satellites d'Uranus et notamment sur Titania<ref>{{en}} « ''[http://solarsystem.nasa.gov/multimedia/download-detail.cfm?DL_ID=742 Vision and Voyages for Planetary Science in the Decade 2013–2022]'' » sur le site de la NASA.</ref>.


== Annexes ==
== Notes et références ==
=== Article connexe ===
=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}
* [[Satellites naturels d'Uranus]]

=== Lien externe ===
* [http://photojournal.jpl.nasa.gov/target/Oberon Images d'Obéron] sur le site de la [[National Aeronautics and Space Administration|NASA]].

=== Notes et références ===
==== Notes ====
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==== Références ====
=== Références ===
{{Traduction/Référence|en|Oberon (moon)|300423784}}
{{Traduction/Référence|en|Oberon (moon)|300423784}}
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==== Bibliographie francophone ====
== Voir aussi ==
=== Bibliographie francophone ===
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=== Article connexe ===
* [[Satellites naturels d'Uranus]]

=== Lien externe ===
{{Liens}}
* [http://photojournal.jpl.nasa.gov/target/Oberon Images d'Obéron] sur le site de la [[National Aeronautics and Space Administration|NASA]].


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[[Catégorie:Objet céleste nommé d'après un personnage d'une pièce de Shakespeare]]
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Obéron
Uranus IV
Image illustrative de l’article Obéron (lune)
La meilleure image d'Obéron prise par Voyager 2
(, NASA)
Type Satellite naturel d'Uranus
Caractéristiques orbitales
(Époque J2000.0)
Demi-grand axe 583 519 km[1]
Périapside 582 702 km
Apoapside 584 336 km
Excentricité 0,001 4[1]
Période de révolution 13,463 234 d[1]
Inclinaison 0,058°[1]
Caractéristiques physiques
Dimensions Rayon : 761,4 ± 2,6 km
(0,119 4 R)[2]
Masse 5,046×10−4 M =
3,014 (± 0,075)×1021 kg[3]
Masse volumique moyenne 1,63 (± 0,05) × 103 kg/m3[3]
Gravité à la surface 0,348 m/s2[a]
Vitesse de libération 0,726 km/s[b]
Période de rotation d
(supposée synchrone[4])
Magnitude apparente 14,1
(à l'opposition)
Albédo moyen 0,31 (géométrique),
0,14 (Bond)[5]
Température de surface 70–80 K[6]
Caractéristiques de l'atmosphère
Pression atmosphérique Pas d'atmosphère
Découverte
Découvreur William Herschel[7]
Date de la découverte
Désignation(s)
Désignation(s) provisoire(s) Uranus IV

Obéron, également appelé Uranus IV, est le plus éloigné des grands satellites naturels d'Uranus. C'est le deuxième satellite de cette planète tant par sa taille que sa masse et le neuvième du Système solaire en masse. Découvert par William Herschel en 1787, Obéron doit son nom à un personnage de la pièce de Shakespeare Le Songe d'une nuit d'été. Son orbite autour d'Uranus est partiellement située en dehors de la magnétosphère d'Uranus.

Obéron est constitué de glace et de roche en quantités approximativement égales. Le satellite est probablement différencié en un noyau rocheux et un manteau glacé. Une couche d'eau liquide pourrait être présente à l'interface entre le noyau et le manteau. La surface d'Obéron, qui est sombre et légèrement rouge, semble avoir été principalement modelée par les impacts d'astéroïdes et de comètes. Il est couvert par de nombreux cratères d'impacts, certains atteignant jusqu'à 210 km de diamètre. Obéron a probablement connu un épisode de resurfaçage endogène qui a recouvert les surfaces les plus anciennes très cratérisées. Par la suite, l'expansion de son intérieur a engendré sur la surface d'Obéron un réseau de canyons et d'escarpements de faille. À l'instar de toutes les lunes majeures d'Uranus, Obéron s'est probablement formé à partir du disque d'accrétion qui entourait Uranus juste après la formation de la planète.

Le système uranien n'a été étudié de près qu'une seule fois, par la sonde Voyager 2 en . Voyager 2 a pris plusieurs images d'Obéron, permettant ainsi de cartographier environ 40 % de la surface de cette lune.

Découverte

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Obéron est découvert par William Herschel le , le même jour que Titania, la plus grande lune d'Uranus[7],[8]. Herschel signale par la suite la découverte de quatre satellites supplémentaires[9], mais qui se sont révélés être des erreurs d'observation[10]. Durant les cinquante années suivant leur découverte, Titania et Obéron ne seront observés par aucun autre astronome que Herschel[11], bien que ces satellites puissent en 2008 être observés depuis la Terre avec un télescope amateur haut de gamme[12].

Obéron fut initialement désigné comme « le deuxième satellite d'Uranus » et, en 1848, reçut la désignation Uranus II par William Lassell[13], bien qu'il ait parfois utilisé la numérotation de William Herschel (où Titania et Obéron sont II et IV)[14]. En 1851, Lassell attribua finalement aux quatre satellites connus des chiffres romains en fonction de leur éloignement de la planète et depuis Obéron est appelé Uranus IV[15].

Toutes les lunes d'Uranus sont nommées d'après des personnages des œuvres de William Shakespeare ou d'Alexander Pope. Obéron, roi des fées dans différentes légendes, est un personnage majeur de la pièce Le Songe d'une nuit d'été[16]. Les noms des quatre satellites d'Uranus ont été suggérés par le fils de Herschel, John, en 1852, à la demande de William Lassell[17], qui, l'année précédente, avait découvert les deux autres lunes, Ariel et Umbriel[18]. L'adjectif dérivé de Obéron est « obéronien ».[réf. nécessaire]

Obéron est en orbite autour d'Uranus à une distance d'environ 584 000 km. C'est le plus éloigné des cinq grands satellites de la planète[c]. L'excentricité et l'inclinaison par rapport à l'équateur d'Uranus de l'orbite d'Obéron sont faibles[1]. Obéron est en rotation synchrone autour d'Uranus, c'est-à-dire que sa période orbitale et sa période de rotation ont la même durée d'environ 13,5 jours ; sa face en regard de la planète est toujours la même[4].

Une proportion significative de l'orbite d'Obéron est située en dehors de la magnétosphère d'Uranus[19]. Sa surface est donc parfois directement frappée par le vent solaire[6]. L'hémisphère arrière (c'est-à-dire opposé au mouvement orbital) des satellites, dont l'orbite est entièrement située au sein de la magnétosphère de la planète, est influencé par le plasma magnétosphérique qui est en rotation avec la planète[19]. Ce bombardement peut conduire à l'assombrissement des hémisphères arrière, comme c'est le cas pour toutes les autres lunes d'Uranus[6].

L'axe de rotation d'Uranus étant très fortement incliné par rapport à son plan orbital, ses satellites, qui sont en orbite sur son plan équatorial, connaissent des cycles saisonniers extrêmes. Les pôles nord et sud d'Obéron ont des cycles de 42 ans d'éclairement continu, puis de nuit continue[6]. Tous les 42 ans, lors des équinoxes d'Uranus, le plan équatorial de cette planète se confond avec celui de la Terre. Les lunes d'Uranus peuvent à cette occasion s'occulter les unes les autres, comme l'occultation d'Umbriel par Obéron qui s'est produite le et dura six minutes[20].

Caractéristiques physiques

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Composition et structure interne

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Obéron est la seconde plus grande et la seconde plus massive des lunes d'Uranus après Titania, et la neuvième plus grande lune du Système solaire[21]. La densité élevée d'Obéron (1,63 g/cm3[3]), supérieure à celle des satellites de Saturne par exemple, indique qu'il est constitué en proportions à peu près égales de glace d'eau et d'un matériau dense autre que la glace[22]. Ce matériau pourrait être composé de rochers et de matériaux carbonacés parmi lesquels des composés organiques de masse élevée[4]. Des observations spectroscopiques ont montré la présence d'eau glacée cristalline à la surface du satellite[6]. Les raies d'absorption de la glace sont plus intenses sur l'hémisphère arrière d'Obéron que sur son hémisphère avant. C'est le contraire de ce qui est observé sur les autres lunes d'Uranus, où l'hémisphère avant présente des traces d'eau plus importantes[6]. La raison de cette asymétrie est inconnue, mais elle pourrait être due au bombardement par des particules chargées de la magnétosphère d'Uranus qui est plus important sur l'hémisphère avant[6]. Les particules énergétiques ont tendance à éroder la glace, à décomposer le méthane présent dans la glace sous forme d'hydrate et à assombrir les autres composés organiques, laissant un sombre résidu riche en carbone à la surface[6].

Obéron pourrait être différencié en un noyau rocheux entouré d'un manteau glacé[22]. Si tel est le cas, le rayon du noyau (480 km) serait d'environ 63 % celui du satellite, et sa masse d'environ 54 % celle du satellite, valeurs qui dépendent de la composition du satellite. La pression au centre d'Obéron est d'environ 0,5 GPa (5 kbar)[22]. L'état physique du manteau de glace est inconnu. Si la glace contient assez d'ammoniac ou d'autres antigels comme des sels dissous, Obéron pourrait posséder une couche océanique liquide à la frontière entre le noyau et le manteau. L'épaisseur de cet océan, s'il existe, serait inférieure à 40 km et sa température d'environ 180 K[22]. Toutefois, la structure interne d'Obéron dépend fortement de son histoire thermique, qui est mal connue en 2009.

Une image recréée par ordinateur d'Obéron en couleur artificielle. La région à gauche (lisse) n'a jamais été photographiée par une sonde. Le plus grand cratère dont le fond est sombre est Hamlet. Le cratère Othello est en bas à gauche de celui-ci et Mommur Chasma en haut à gauche.

Obéron est la seconde lune la plus sombre après Umbriel parmi les grands satellites d'Uranus. Sa surface présente un fort effet d'opposition : sa réflectivité diminue de 31 % à un angle de phase de 0° (albédo géométrique) à 22 % à un angle d'environ 1°. Obéron a un faible albédo de Bond (également appelé albédo global ou albédo planétaire) d'environ 14 %[5]. Sa surface est en général légèrement rouge, à l'exception des jeunes dépôts d'impact, qui sont spectralement neutres (c'est-à-dire gris) ou légèrement bleus[23]. Obéron est le plus rouge des satellites d'Uranus. Les hémisphères arrière et avant sont asymétriques : l'hémisphère avant est plus rouge que l'hémisphère arrière[24] car il contient davantage de matériau rouge sombre[25]. La coloration rouge des surfaces pourrait être due au bombardement des surfaces d'Obéron par des particules chargées et des micrométéorites issues du milieu spatial sur des échelles de temps de l'ordre de l'âge du Système solaire[25]. Cependant, il est plus probable que l'asymétrie de couleur de Titania soit due au dépôt de matériau rouge provenant des parties externes du système uranien (peut-être des satellites irréguliers) qui se serait principalement déposé sur l'hémisphère avant[24].

Les scientifiques ont identifié deux types de caractéristiques géologiques sur Obéron : les cratères d'impact et les chasmata (canyons)[4]. Les surfaces anciennes d'Obéron sont les plus cratérisées de toutes les lunes d'Uranus. La densité de cratères est proche de la saturation, c'est-à-dire que la formation de nouveaux cratères est contrebalancée par la destruction de cratères plus anciens[26]. Le diamètre des cratères va de quelques kilomètres à 206 kilomètres pour le plus grand cratère connu[27], Hamlet[28]. Beaucoup de grands cratères sont entourés par des éjectas d'impact brillants (des rayons de glace relativement fraîche)[4]. Les planchers des plus grands cratères, Hamlet, Othello et Macbeth, sont composés de matériaux très sombres déposés après leur formation[27]. Une montagne d'une altitude d'environ 11 km a été observée au sud-est sur certains clichés de Voyager. Il pourrait être le pic central d'un bassin d'impact (c'est-à-dire d'un grand cratère d'impact) d'un diamètre d'environ 375 km[29].

La surface d'Obéron est parcourue par un système de canyons, qui sont cependant moins répandus que ceux de Titania[4]. Les canyons sont probablement des failles normales ou des escarpements de faille[30], qui peuvent être anciens ou récents. Les escarpements traversent les dépôts brillants de certains vieux grands cratères ; leur formation est donc postérieure à celle des cratères[31]. Le plus grand canyon d'Obéron est le Mommur Chasma[32].

La géologie d'Obéron a été influencée par deux phénomènes majeurs : la formation de cratères d'impact et le resurfaçage endogène[31]. Le premier processus existe depuis la création d'Obéron et est à l'origine de son apparence actuelle[27]. Le second, le resurfaçage endogène, fut actif durant quelque temps suivant la formation de la lune. Ces procédés endogènes étaient principalement de nature tectonique et sont responsables de la formation des canyons, d'immenses craquelures dans la croûte glacée[31]. Les canyons recouvrent une partie des plus anciennes surfaces d'Obéron[31]. Ces craquelures sont dues à l'expansion d'Obéron par un facteur d'environ 0,5 %[31]. Celle-ci se produisit en deux phases, menant à la création des vieux canyons et des jeunes canyons.

La nature des taches sombres, qui sont majoritairement présentes sur l'hémisphère avant et dans les cratères, est inconnue. Certains scientifiques supposent qu'elles sont d'origine cryovolcanique, telles les maria lunaire[27]. Selon d'autres, les impacts auraient mis au jour du matériel sombre précédemment enfoui sous la croûte de glace pure[23]. Cette dernière hypothèse signifierait qu'Obéron serait au moins partiellement différenciée avec une croûte de glace en surface, tandis que l'intérieur du satellite ne serait pas différencié[23].

Caractéristiques géologiques nommées sur Obéron[33]
Caractéristique Origine du nom Type Longueur / diamètre, km Latitude, ° Longitude, °
Mommur Chasma Mommur (Huon de Bordeaux) Chasma 537 −16.3 323.5
Antoine Marc Antoine Cratère 47 −27,5 65,4
César Jules César 76 −26,6 61,1
Coriolan Coriolan 120 −11,4 345,2
Falstaff Falstaff 124 −22,1 19,0
Hamlet Hamlet 206 −46,1 44,4
Lear Le Roi Lear 126 −5,4 31,5
MacBeth Macbeth 203 −58,4 112,5
Othello Othello 114 −66,0 42,9
Roméo Roméo 159 −28,7 89,4

Origine et évolution

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Obéron se serait formé à partir d'un disque d'accrétion ou sous-nébuleuse, c'est-à-dire un disque de gaz et de poussières. Celui-ci aurait soit été présent autour d'Uranus pendant quelque temps après sa formation, soit il aurait été créé par l'impact géant auquel Uranus doit son oblicité[34]. La composition précise de la sous-nébuleuse est inconnue, mais la densité relativement élevée d'Obéron et d'autres lunes d'Uranus par rapport aux lunes de Saturne indique qu'elle devait être pauvre en eau[35],[4]. Cette nébuleuse aurait pu être composée d'importantes quantités d'azote et de carbone présents sous forme de monoxyde de carbone et de diazote et non pas sous forme d'ammoniac ni de méthane[34]. Les satellites formés dans cette sous-nébuleuse contiendraient moins de glace d'eau (avec du CO et de N2 piégés sous forme de clathrates) et davantage de roches, ce qui expliquerait leur densité élevée[4].

L'accrétion d'Obéron dura probablement plusieurs milliers d'années[34]. Les impacts qui accompagnèrent l'accrétion ont chauffé la couche externe du satellite[36]. La température maximale d'environ 230 K a été atteinte à la profondeur d'environ 60 km[36]. Après la fin de la formation du satellite, la couche sub-surfacique s'est refroidie, tandis que l'intérieur d'Obéron fut échauffé par la décomposition des éléments radioactifs présents dans les roches[4]. La couche refroidie sous la surface s'est contractée, tandis que l'intérieur s'est dilaté. Cela entraîna de fortes contraintes dans la croûte du satellite et provoqua des craquelures. Ce processus qui dura environ 200 millions d'années pourrait être à l'origine du système de canyons visible sur Obéron[37]. Toute activité endogène a cessé il y a plusieurs milliards d'années[4].

L'échauffement initial consécutif à l'accrétion et la désintégration radioactive des éléments ont sans doute été suffisamment intenses pour faire fondre la glace[37] si un antigel tel l'ammoniac était présent (sous la forme d'hydrate d'ammoniac)[22]. Une fusion importante pourrait avoir séparé la glace des roches et engendrer la formation d'un noyau rocheux entouré d'un manteau de glace. Une couche d'eau liquide (océan) riche en ammoniac dissous pourrait s'être formée à la frontière entre le noyau et le manteau[22]. La température de fusion de ce mélange est de 176 K[22]. Si la température a chuté en dessous de cette valeur, l'océan serait désormais gelé. La solidification de l'eau aurait conduit à l'expansion de l'intérieur, une autre cause possible de la formation des canyons[27]. Néanmoins, les connaissances actuelles sur l'évolution passée d'Obéron restent très limitées.

Exploration

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Actuellement, les seules images disponibles d'Obéron sont des clichés de faible résolution pris par la sonde Voyager 2, qui a photographié la lune lors de son survol d'Uranus en . La distance minimale entre la sonde Voyager 2 et Obéron ayant été de 470 600 km[38], les meilleures images de la lune ont une résolution spatiale d'environ 6 km[27]. Les images couvrent environ 40 % de la surface, mais seuls 25 % de la surface furent photographiés avec une qualité suffisante pour effectuer une cartographie géologique[27]. Lors du survol d'Obéron, l'hémisphère sud était pointé vers le Soleil et par conséquent l'hémisphère nord était sombre et ne put donc pas être étudié[4]. Aucune autre sonde spatiale n'a visité Uranus et Obéron depuis. Le programme Uranus orbiter and probe, dont le lancement pourrait être programmé aux alentours de 2031, devrait apporter des précisions sur la connaissance des satellites d'Uranus et notamment sur Titania[39].

Notes et références

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  1. Gravité à la surface déduite de la masse M, de la constante gravitationnelle G et du rayon R : .
  2. Vitesse de libération déduite de la masse M, de la constante gravitationnelle G et du rayon R : .
  3. Les cinq grands satellites d'Uranus sont Miranda, Ariel, Umbriel, Titania et Obéron.

Références

[modifier | modifier le code]
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  8. (en) William, Sr. Herschel, « On George's Planet and its satellites », Philosophical Transactions of the Royal Society of London, vol. 78,‎ , p. 364–378 (DOI 10.1098/rstl.1788.0024, lire en ligne).
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Bibliographie francophone

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Article connexe

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Lien externe

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