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​​​​​​​Covid-19 : la nouvelle peste noire ?

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Christian Rousseau
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Depuis plus d’un an, on ne parle plus que de " çà ". C’est peu dire que la pandémie de Covid-19 marque et marquera les esprits. Une exposition à découvrir au Mise de la médecine à Bruxelles

Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une pandémie d’une telle ampleur se déchaîne.

 

Au 5e siècle avant notre ère, la Peste d’Athènes avait dépeuplé la plus grande ville de Grèce et provoqué son déclin. Entre le 6e et le 8 siècle, la Peste de Justinien s’était répandue à travers la Méditerranée comme une traînée de poudre et y avait fait entre 50 à 100 millions de victimes. Ce fut sans doute la première pandémie de l’histoire de l’humanité. Au 14e siècle, la Peste noire sera la seconde. Elle fut peut-être été provoquée par de véritables techniques de guerre bactériologique employées par les Mongols, et on estime généralement qu’elle a emporté dans la tombe environ la moitié des Européens…

C’est l’histoire de cette éternelle lutte qui est racontée dans une nouvelle exposition à la fois historique et scientifique. Intitulée Covid-19 : la nouvelle peste noire ?, elle s’ouvre sur la combinaison de rappels scientifiques de notions telles que le virus, sa transmission, les défenses immunitaires, les différents types de vaccins et est éclairée par le regard artistique de Celia Ducaju, peintre illustratrice scientifique qui a ici travaillé en étroite collaboration avec l’ULB pour réaliser des toiles qui donnent une interprétation artistique de ce que les chercheurs voient à travers leur microscope électronique. Effet saisissant garanti !

L’histoire des épidémies

L’histoire des épidémies occuperait à elle toute seule plusieurs volumes d’une encyclopédie. En fait, elles existent depuis la nuit des temps. Bien qu’on ne sache pas toujours à quoi étaient dues les épidémies anciennes, elles sont restées dans l’histoire sous le nom générique de " pestes ". Par contre, c’est bien la peste proprement dite qui a provoqué la première pandémie de l’histoire. Elle a ravagé l’empire romain entre le 6e et le 8 siècle de notre ère, et a laissé derrière elle 50 à 100 millions de victimes, ce qui est énorme au regard de la population de l’époque. En outre, elle a sans doute joué un rôle important dans l’affaiblissement, puis la chute, de l’Empire romain. Au 14e siècle, la Peste noire fera des ravages similaires dans toute l’Europe.

A l’époque, au-delà des remèdes traditionnels administrés par les rebouteux, l’un des réflexes les plus courants était de se tourner vers la religion. Et en particulier vers les saints guérisseurs, ces figures parfois bien éloignées du panthéon officiel de l’Eglise, qui assuraient une fonction de refuge ultime. Ils étaient très nombreux, souvent spécialisés, et offraient l’avantage incomparable d’être accessibles à peu de frais. Il est vrai que dans l’Europe médiévale, une grande partie des connaissances médicales de l’antiquité étaient sinon complètement oubliées, du moins largement ignorées. Seuls quelques monastères conservaient des copies des traités de Galien et d’Hippocrate et la création des premières facultés de médecine au 13e siècle n’avait pas encore comblé le déficit de savoir au moment de la Peste noire.

Purifier l'air

Pour lutter contre ce genre de fléau, il était courant de faire des feux ou de brûler de l’encens pour purifier l’air. De même, les fameux masques en forme de bec d’oiseaux des médecins de la peste contenaient des plantes aux vertus assainissantes. Jusqu’au 18ème siècle, on pensera que les maladies sont transmises par l’air qui contient des miasmes, vecteurs de pathologies. Ainsi, il était recommandé de ne pas se laver et de ne pas changer de vêtement car la saleté constituait une couche protectrice tandis que les mauvaises odeurs corporelles étaient sensées éloigner ces dangereux miasmes…

Les épidémies ont également fait évoluer les mentalités. Au départ, la maladie était considérée comme une punition divine et des supposés responsables livrés à la vindicte publique : certaines femmes qualifiées de sorcières en firent les frais, de même que les Juifs, étrangers par excellence, accusés d’empoisonner les puits. De même certains animaux comme les chauve souris, les chats noirs et d’autres, furent accusés d’être au service du " Mal ".

Mais les pratiques médicales évoluèrent lentement. A la Renaissance, de grands savants comme Paracelse ou Ambroise Paré se référaient toujours à l’alchimie et à l’astrologie, tandis que Vésale commence prudemment les premières dissections.

Lorsqu’au milieu du 17e siècle Jean de la Fontaine compose " Les animaux malades de la peste ", des épidémies ravagent toujours aussi régulièrement l’Europe. La Grande peste de Londres vers 1665, celle de Venise 10 ans plus tard, feront des dizaines de milliers de victimes, jusqu’à parfois un quart de la population comme sur l’île de Malte en 1675. Dans la plupart des cas, les mesures sont à peu près toujours les mêmes : isolement total des malades, confinement généralisé de la population et désinfection des maisons et des lieux publics.

Si nous n’en sommes plus là de nos jours, c’est parce que depuis la fin du 18e siècle, la science a mis au point graduellement une contre-attaque efficace : le vaccin. Bien que pratiquée déjà de façon empirique en Chine et en Afrique depuis longtemps, la vaccination commencera à être reconnue en Europe vers les années 1760. La suite appartient à l’histoire plus récente dont le Musée de la médecine de Bruxelles présente dans ses collections permanentes de riches développements, notamment à propos de l’action Jules Bordet.

Mais ceci est une autre histoire.

L’exposition Covid-19 : la nouvelle peste noire ? montre sans ambigüités que, quoi qu’on en pense et quelles que soient les péripéties de ce combat, le corps médical et l’industrie pharmaceutique sont en mesure de réagir rapidement et de manière décisive contre les fléaux de ce genre, nous épargnant les malheurs et les souffrances indicibles que nos ancêtres n’ont pu éviter.

En pratique

Exposition temporaire Covid-19 : la nouvelle peste noire ? jusqu’au 15 décembre 2021 au :

 

Musée de la médecine de Bruxelles

Campus Erasme – Place Facultaire
Route de Lennik, 808
1070 Bruxelles

 

Accessible du lundi au vendredi, de 13h00 à 16h00, ainsi que le premier weekend de chaque mois (gratuit)


Infos et réservations : www.museemedecine.be - 02/555.34.31 

Mail : brigitte.dhossche@erasme.ulb.ac.be

 

Pour en savoir plus, écoutez ici

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