Interview de Nikos Aliagas
Pour supporter sa propre histoire chacun y ajoute un peu de légende.
Marcel Jouhandeau (p. 201)
Bien avant nous, les Anciens Grecs respectaient la parité... Parmi les douze dieux majeurs de l'Olympe, six en effet étaient des déesses... (p. 94)
Ecoutons pour finir la dernière recommandation d'Ulysse : Ne vendez pas votre âme à l'argent ! Le but n'est pas de toucher le pactole à tout prix. Choisissez un métier d'abord par passion et non par cupidité. Prenez d'abord du plaisir dans ce que vous faites, le reste suivra. J'ai été roi, tantôt riche, tantôt pauvre, mais toujours libre ! La postérité n'a rien retenu de mes richesses, seules mes aventures et mes galères ont traversé les siècles pour arriver jusqu'à vous, enfermées dans ce vieux bouquin qui prend la poussière dans votre bibliothèque. Amusez-vous mais, de grâce, n'oubliez jamais d'où vous venez, ainsi vous irez partout. Amusez-vous, mais restez libres et dignes. Vous vous le devez à vous-mêmes. Ne donnez pas vos rêves d'enfants aux sirènes, elles ne rêvent plus depuis longtemps. (p. 72-73)

Ithaque
Lorsque tu te mettras en route pour Ithaque
Souhaite que long soit le chemin
Et riche de péripéties, riches d'enseignements
...
Et va t'instruire, va t'instruire chez les sages
Garde toujours Ithaque en ta pensée
Y parvenir, voilà ta fin
Mais surtout, ne te hâte pas dans ton voyage
Mieux vaut qu'il se prolonge des années
Et que tu rentres dans ton île en ton vieil âge
Riche de tout ce que tu as gagné en chemin
Sans attendre qu'Ithaque t'offre des richesses
Ithaque t'a fait don du plus beau voyage
Sans elle, tu ne te serais pas mis en route
Ithaque n'a plus rien à te donner
Bien que pauvre , jamais elle ne t'a déçu
Sage comme tu l'es devenu après tant d'expériences
Tu sais enfin ce qu'une Ithaque signifie.
Extrait d'un poème de Constantin Cavafy (petit-fils de Grecs exilés à Alexandrie), l'un des poètes grecs les plus importants du début du XX° siècle. Pour lui, Ithaque n'est pas vraiment un lieu. A la fin de son périple, Ulysse ne retrouve pas l'île qu'il avait quittée, ce qui au fond n'est pas si grave, car ce qui compte c'est le voyage...
La fête est un besoin vital. J'y puise l'énergie qui me permet de m'élever.
A propos de l'amour platonique
[...]
Si Platon a donné son nom à cette forme d'amour c'est en référence à sa conception de l'amour comme quête d'un idéal. Pour le philosophe, l'amour physique n'est que la première étape - la moins importante - dans la quête de cet idéal qui doit nous élever, au-delà des apparences, vers la beauté de cet idéal qui doit nous élever, au-delà des apparences, vers la beauté des âmes et jusqu'à la Beauté éternelle et absolue. (p. 118)
Les anciens regardaient vers le ciel pour donner un sens à leur existence sur terre.
Nous qui avons conquis les airs et qui nous observons du ciel, que sommes-nous capables de voir lorsque nous sommes en bas ?
Il était écrit que je devais photographier ce monsieur, le jour des huit jours de deuil de mon père, pour le remercier d'être venu lui rendre hommage, et il était écrit qu'après sa mort, ce monsieur serait immortalisé à travers un cliché et qu'il voyagerait à travers le monde.

p. 48: "Ce n'est pas chose facile quand nous échoit pour la première fois la possibilité de nous réaliser: on a alors tendance à confondre notoriété et identité... Et je n'ai pas fait exception, à la seule différence que je n'ai jamais oublié l'existence de l'hybris. La première publication de mon visage à la une d'un magazine a eu lieu par hasard alors que je n'avais pas tout à fait vingt ans. J'étais étudiant à la Sorbonne et je travaillais à la bibliothèque lorsqu'un photographe s'est posté devant moi, en me mitraillant. "C'est pour un journal étudiant", m'a-t-il dit au moment de me faire signer une autorisation. Quelques semaines plus tard, ma pomme était placardée dans tout Paris, sur des affiches dans le métro, les bus, les kiosques et faisait la une d'un hebdomadaire politique, Le Point, qui consacrait un dossier aux universités. Je me souviens encore du titre, en lettres capitales, au-dessus de ma trombine: "Où et comment réussir." Aussi flatté que sidéré par cet affichage, j'ai aussitôt appelé mon père en lui disant de filer en kiosque pour acheter un exemplaire. Il n'a réalisé que j'étais en couverture qu'au bout de plusieurs heures, ne pouvant concevoir que son fils, étudiant, se trouve en première page de ce magazine.
Cette semaine-là, je pouvais rester des heures dans le métro sous le panneau publicitaire qui arborait mon visage dans l'espoir qu'on me reconnaisse. Vanité de jeunesse? Besoin du fameux quart d'heure de célébrité? Le spectacle était un peu pathétique et personne, évidemment, ne fit le rapport entre la photo et moi. Il m'a fallu beaucoup de travail sur moi pour comprendre que la reconnaissance véritable sanctionne nos actes, et certainement pas le paraître. Sans le savoir, j'étais déjà aux portes de l'hybris. Et pourtant, j'aurais dû, me souvenir de l'histoire du beau Narcisse...
La popularité, c'est comme la victoire : c'est un prêt.