conquêter
CONQUÊTER
(kon-kê-té) v. a.HISTORIQUE
- XIIe s. En veilles e en plur e en mult jeüner, Que l'amur al haut rei peüssiez conquester [, Th. le mart. 81]Se tuz les biens del mund aveie conquestez, Jà n'en sereie mielz devant Deu apelez [, ib. 121]S'ensi fust, fiebles hum dreit mais ne conquestast [, ib. 59]
- XIIIe s. Que son pooir [il] ne fasse de s'amour conquester [, Berte, CXII]Ysengrin, lessiez-le ester ; Vos n'i porriez riens conquester [, Ren. 9696]
- XVe s. Je me trouve sans recouvrance Loingtain de joye conquester [CH. D'ORL., Ball.]Ils avoient nouvellement conquesté le royaume de Cypre [COMM., VII, 4]
ÉTYMOLOGIE
- Conquêt ; provenç. et espagn. conquistar ; ital. conquistare.
conquêter
conquêter
*CONQUêTER, v. a. est aujourd'hui entièrement hors d'usage. Dans les Réflexions sur l'usage présent de la Langue, qui est déja un usage un peu ancien, on dit que beaucoup de gens trouvent ce mot vieux, mais qu'il y en a d'aûtres, qui croient qu'on peut s'en servir, et même avec grâce. On y cite le P. Rapin. "Alexandre n'avoit point encôre conquêté la moitié du monde. — On aurait pu citer aussi Malherbe:
Quelle moins hautaine espérance
Pouvons-nous concevoir alors,
Que de conquêter à la France
La Propontide en ses deux bords.
Mais Malherbe et le P. Rapin même ne sont point des autorités à citer pour l'usage présent de la langue, qui a reprouvé conquêter, ainsi que l' Acad. — Dès 1704, on disait dans Trév., que ce mot était un peu vieux. Aujourd'hui il est entièrement suranné, et l'on ne peut plus s'en servir que dans le comique et le marotique.