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Lave torrentielle

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Lave torrentielle dans le canton d'Uri, en Suisse.
Petite lave torrentielle sur le Rieu Bel à Villargondran, en France.

Une lave torrentielle est un phénomène géologique en situation de relief, notamment de montagne (composante essentielle de l'évolution paysagère à long terme). Elle contient un mélange d'eau, de sédiments fins, d'éléments rocheux, de blocs parfois énormes, d'arbres, de graviers se déplaçant à très grande vitesse[1].

Nomenclature

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On observe un consensus pour différencier une coulée de boue d'une lave torrentielle : la première se déclenche en pleine pente sans forcément l'existence préalable d'un chenal (ravine, talweg, torrent, ou autre élément du système hydrographique), alors que la seconde y est liée entièrement[2]. De plus, la lave torrentielle a un mode de déplacement qui s'apparente à l'écoulement d'un fluide[2][à vérifier].

D'autre part, on distingue la lave torrentielle du charriage, transport de sédiments dans un cours d'eau[3].

Le mot lave, par analogie avec les laves volcaniques, a été inspiré par leur consistance visqueuse, les éléments fins étant liés à la phase liquide et à cause de leur comportement destructeur[4].

Son déclenchement est lié à des précipitations météorologiques violentes, soudaines et concentrées, qui peuvent être accompagnées de grêle ou d'orage. La déstabilisation à une altitude élevée d'éléments solides dans une pente déclenche par les dévalements une importante accumulation d'énergie cinétique qui initie des vagues destructives impossibles à arrêter, érodant berges et zones de passage très rapidement et brutalement.

Phénomènes météorologiques initiaux caractéristiques des zones de montagne

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La configuration des montagnes provoque une multitude de phénomènes météorologiques très spécifiques : inversion de température, mer de nuages, mur de foehn, effet de foehn, nuages lenticulaires, nuages de pentes, vent de couloir, rafales de cimes, courant-jet de vallée, brise de convection, nuage en bannière, nuage orographique, onde orographique, accroche des stratocumulus et cumulus sur les cimes, etc. En ce qui concerne les laves torrentielles, elles se produisent souvent lorsqu'une masse d'air chaud et humide, déplacée par un vent fort est obligée de s'élever haut pour passer par-dessus un obstacle montagneux. L'électricité statique et les contrastes élevés de température déclenchent à leur tour un phénomène pluvieux brutal (une grêle), souvent doublé d'orage (naissant souvent lors des périodes caniculaires). Lors de ces phénomènes des débits précipités majeurs sont très focalisés. Ces phénomènes se concentrent toujours sur les pentes associées à la proximité des cimes les plus hautes et avec une prééminence accrue pour les faces sud et ouest dans l'hémisphère nord. L'observation paysagère (dans les pierriers) des cimes y donne à voir de véritables chenaux bien creux prenant naissance avec une grande proximité des parties sommitales.

Le phénomène de lave torrentielle reste difficile à prévoir[5],[6],[7],[8].

Conséquences des laves torrentielles

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Conséquences immédiates

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Le torrent du Pousset après une lave torrentielle.

Les cours d'eau habituels ne sont jamais préparés à ces phénomènes hors-normes qui provoquent toujours des débordements et des dégâts.

L'eau et les sédiments fins forment une boue d'une densité suffisante pour la mise en suspension et l'entraînement des éléments rocheux. Cette boue, appelée matrice, peut atteindre une densité élevée (1,8 à 2,2 t/m3) ce qui lui permet ainsi, avec une pente assez forte, de déplacer des blocs de plusieurs tonnes. Contrairement à l'inondation boueuse, le mélange n'est pas homogène : une sédimentation et ségrégation se produisent, permettant de distinguer :

  • un front et des bourrelets latéraux (généralement plus grossiers) ;
  • le corps même de la lave torrentielle ;
  • une queue généralement plus fluide et, stricto sensu, qui se rapproche plus du charriage.

Dans le mélange, on peut également trouver de l'air sous forme de bulles (dont l'effet n'est peut-être pas négligeable) ou des éléments végétaux (branches, arbres) qui eux peuvent jouer un rôle important en obstruant les parties étroites des chenaux. Cependant ce sont les trois éléments principaux (eau, sédiments et blocs) qui déterminent les propriétés générales de ces écoulements, leurs proportions se traduisant par des modes différents d'écoulement.

Une lave torrentielle peut atteindre une vitesse de déplacement de 50 km/h[7],[8]. Dans les Alpes, les laves torrentielles les plus volumineuses ont déplacé 500 000 mètres cubes de matériaux[7],[8].

Zones de dépôts, d'arrêt et d'évasement

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Exemple d'une plage de dépôt maintenue par le service de Restauration des terrains en montagne (RTM) (ONF), France.

La quantité très importante de matériaux transportés par la gravité se retrouve accumulée sur un obstacle qui est assez souvent une confluence. Les autorités se retrouvent soudainement face à des dépenses d'urgence qui peuvent monter à des sommes astronomiques. Souvent ces matériaux sont rapidement étalés en plans horizontaux à proximité des lits principaux. Les étalements laissent de lourdes blessures paysagères. Ils emportent avec eux des futaies, des prés, des champs, qui deviennent très souvent impropres à l'usage initial.

Prévention des risques

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En haute montagne, ces laves torrentielles sont assez courantes. Les plans de prévention des risques doivent en tenir compte pour identifier certaines zones aux dangers accrus. Les emplacements des autorisations de construire, les installations d'ouvrages d'arts coûteux (ponts, routes, etc.) doivent tenir compte des secteurs à risques connus. Certaines pentes très exposées à ces phénomènes sont très identifiables ; elles sont appelées « sabliers » par les autorités et consistent en des amas assez verticaux de pierriers dénudés, glabres et laminés régulièrement.

Quelques laves torrentielles particulièrement marquantes

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En juillet 1892, dans les Alpes françaises, la rupture d'une poche d'eau dans le glacier de Tête Rousse, dans le massif du Mont-Blanc, engendre une lave torrentielle ; celle-ci descend la vallée du Bon-Nant et fait entre 175 et 200 morts à Saint-Gervais-les-Bains[9],[8],[10].

Le 7 février 2021 en Uttarakhand (en Inde), un évènement lié à la rupture d'une paroi composée de roche et de glace entraîne ensuite une lave torrentielle et fait environ 250 morts et d'importants dégâts[11],[12].

Lien entre changement climatique et laves torrentielles

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Le changement climatique en cours au XXIe siècle entraîne une augmentation des températures et davantage d'épisodes pluvieux marqués (qui peuvent se coupler avec la fonte des glaciers et le dégel du pergélisol[13]), ce qui engendre un accroissement du nombre de laves torrentielles dans les Alpes suisses et françaises[5],[14],[6],[7],[15],[16],[17],[18],[19].

Notes et références

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  1. « Une lave torrentielle, c'est quoi? - WSL-Junior », sur www.wsl-junior.ch (consulté le )
  2. a et b « Glossaire sur les risques naturels et technologiques », sur www.irma-grenoble.com (consulté le )
  3. « Charriage », sur www.wsl.ch (consulté le )
  4. « Les cinq questions essentielles sur les laves torrentielles - Le Temps », Le Temps (Suisse),‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b Le Temps avec l’ATS, « Deux villages évacués après une lave torrentielle dans le Val de Bagnes », Le Temps (Suisse),‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  6. a et b Morgane Gillard, « Comment expliquer la dévastation du hameau de la Bérarde dans les Alpes ? », sur Futura Sciences, (consulté le )
  7. a b c et d Marcus Dupont-Besnard, « Comment expliquer les dangereuses laves torrentielles dans les Alpes ? », sur Numerama, (consulté le )
  8. a b c et d Karine Durand, « Phénomène météo extraordinaire : la lave torrentielle », sur Futura Sciences, (consulté le )
  9. « Il y a 100 ans : le drame du 12 juillet 1892 à Saint-Gervais (Haute-Savoie) », Revue Forestière Française, no 3,‎ , p. 292 (ISSN 1951-6827 et 0035-2829, DOI 10.4267/2042/26326, lire en ligne, consulté le )
  10. Elodie Chaumette-Bui et François Teste, « Vider le glacier » (documentaire radiophonique et texte écrit présentant le documentaire), sur France Culture, (consulté le )
  11. Anne-Laure Barral, « Changement climatique : la menace du "tsunami des montagnes" à l'origene de l'effondrement d'un glacier en Inde », sur Franceinfo, (consulté le )
  12. Johan Berthet, « Catastrophe en Himalaya indien : avalanche, rupture de lac glaciaire ou crue torrentielle ? » Accès limité, sur Alpine Mag, (consulté le )
  13. Didier Richard (Cemagref Grenoble), Actes du séminaire international d’experts « Adaptation de la gestion des risques naturels face au changement climatique », Domancy (Haute-Savoie, France), (lire en ligne)
  14. Xavier Lambiel, « Les cinq questions essentielles sur les laves torrentielles », Le Temps (Suisse),‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  15. Louise Guyonnet, « Pluies dévastatrices en Isère : qu’est-ce qu’une lave torrentielle, ce phénomène à l’effet si destructeur ? », sur Science et vie, (consulté le )
  16. Elise Martin, « C’est quoi la « lave torrentielle » qui s’est abattue en Isère ? », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  17. Camille Crosnier et Suzanne Pacaud, « C’est quoi les laves torrentielles ? » (chronique radiophonique), sur France Inter, (consulté le )
  18. Morgane Masson, « Qu’est-ce qu’une lave torrentielle, ce phénomène dévastateur qui a touché les Alpes à plusieurs endroits ? », sur midilibre.fr, (consulté le )
  19. Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires (France) - Centre de ressources pour l'adaptation au changement climatique, « Montagne : en première ligne face au réchauffement climatique », sur www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr, (consulté le )

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Articles connexes

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Liens externes

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