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De Madrid à Paris : François Ier et la Casa de Campo

[article]

Année 1991 91 pp. 26-35

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Fernando Marias De Madrid Paris Fran ois Ier et la Casa de Campo la mémoire André Chastel Les relations artistiques et archi tecturales entre Espagne et la France la Renaissance forment un thème qui pas encore été abordé tant dans son ensemble en détail Logiquement le phé nomène échanges le mieux connu concerne la présence dans la pénin sule de sculpteurs fran ais de Felipe Bigamy Esteban Jamete et Juan de Juni mais historiographie espa gnole tend essentiellement les considérer première vue comme des cas très clairs espagnolisa- tion sans même chercher connaître la manière dont est opé rée cette transformation et sa na ture Dans le domaine architectural on en est pratiquement pas encore énumération des cas Ce vide conduit supposer absence échanges malgré les preuves évi dentes influence fran aise que montrent quelques uvres arago- naises1 autre sens Espagne- France est encore moins défriché exception de quelques généralisa tions dangereuses2 rendues récem ment dans le domaine de stéréoto mie de plus justes proportions3 Le rôle réel en France du texte de Diego de Sagredo demeure toujours un mystère4 tout comme hypothé tique influence espagnole sur le château de Madrid dans le Bois de Boulogne dont le nom provoque une interrogation que même le riche et récent livre de Monique Chatenet pu résoudre5 Consacré cet édifice notre article voudrait clari fier origene de ce nom et retracer le cheminement de ce rare exemple influence espagnole sur archi tecture fran aise du xvic siècle

Le château de Madrid

Revenu de sa captivité en Espa gne Fran ois Ier fit comme on le sait son entrée solennelle dans Paris le 14 avril 1527 et quelques mois plus tard le 15 mars 1528 déclara son intention de résider dans la capitale et ses environs En 1527 on avait ouvert les chantiers de Fontai nebleau et de Madrid en 1528 ceux du Louvre de La Muette Saint- Germain-en-Laye et Villers-Cotte- rêts En décembre 1527 le maître italien Girolamo della Robbia était engagé fournir au roi diverses pièces de terre cuite émaillée pour le futur château de Madrid qui logi quement était donc déjà projeté les travaux commencèrent immédiate ment et édifice était partiellement couvert en 1537 Deux autres cam pagnes suivirent abord en 1540-1547 puis sous la direction de Philibert de Orme de 1550 1557 date interruption des tra vaux ils reprirent dans la décennie suivante sous le règne de Charles IX mais leur nature exacte nous échappe6 Finalement démoli entre 1793 et 1795 le château nous est connu par divers plans et vues réalisés pos teriori depuis les quatorze dessins British Museum de Londres Biblio thèque Vaticane de Rome et Biblio thèque Nationale de Paris de Jac ques Androuet du Cerceau datables entre 1555 et 1575 fig et les dix gravures publiées dans ses Plus excel lents bastimenti de France 1576 fig aux aquarelles peintes au XIXe siècle par Victor Parmen- tier7 En revanche la documentation sur architecte est bien faible et surtout elle élude la question Une fois écartés les maîtres-ma ons le nom le plus vraisemblable de au teur du projet serait soit celui un deviseur de bâtiment inconnu ayant pas eu de responsabilité dans exécution de uvre8 soit celui de Girolamo della Robbia depuis le début du chantier le florentin occupa de la décoration et posséda le titre architecte de 1552 sa mort en 1566 analyse formelle de édifice considéré comme un nouvel exemple de ita lianisme architectural qui se serait développé en Ile-de-Fran dans le second quart du XVIe siècle fut un facteur décisif en faveur de cette attribution rejetée par Monique Chatenet Sa régularité nouvelle la position centrale de la grande salle et absence un appartement royal clairement distingué des autres rat tacheraient Madrid la typologie des châteaux de cette région de France La division en croix de ses deux noyaux principaux été mise en relation par Monique Chatenet avec la série planimétrique débutant dans le Val de Loire avec Chenon-

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