Eliseo Verbn

Linguistique et sociologie

Vers une « logique naturelle

des mondes sociaux »

I. Postface

De quoi s'agit-il, au juste, dans ce numéro de Communications? Je voudrais proposer ici, à cette question, une réponse qui n'est sans doute ni la seule possible ni la plus évidente.

Pour mieux la situer, il me semble devoir être noté que, indépendamment du contenu de la réponse, il y a deux façons différentes d'envisager l'ensemble des articles qui composent ce numéro. Tout d'abord cet ensemble constitue une sorte d'échantillon du travail qui est en train de se faire dans plusieurs domaines : en linguistique (première partie); dans le domaine encore très confus et mal défini de Y « analyse du discours » (deuxième partie) ; et, enfin, dans un secteur assez particulier de la sociologie (troisième partie). Or, même en les considérant ainsi, on s'aperçoit que, d'une manière ou d'une autre, tous les articles concernent des problèmes qui mettent en jeu le langage ou, tout au moins, qu'ils se penchent sur des fragments de langage pour parler d'autre chose. A ce niveau, Userait possible de s'engager dans des commentaires sur les problèmes spécifiques traités par chaque auteur par rapport à la situation actuelle dans son domaine, et même de signaler des ressemblances et des différences, puisque, à l'intérieur de son champ de recherche, chaque auteur se place dans une perspective qui lui est propre.

Pour comprendre, cependant, pourquoi ces articles se trouvent ici rassemblés, il est nécessaire de définir, me semble-t-il, un niveau d'analyse tout à fait différent. C'est un peu comme si, ayant été tous invités à dîner pour raconter leurs activités, ils s'apercevaient au milieu de la soirée qu'ils sont en train d'être les « sujets » d'une expérience d'une tout autre nature. En tant que simples a sujets », on ne leur aurait pas expliqué le but de l'expérience, mais seulement donné la consigne : « Limitez-vous à parler de ce que vous faites. »

Bien que la comparaison soit quelque peu grotesque, elle renferme malgré cela un grain de vérité. Je me propose de formuler ici une invitation à considérer ces articles comme matière d'un travail à faire, à les prendre comme point de départ d'une réflexion possible. Ce travail et cette réflexion dépassent largement le cadre des problèmes spécifiquement analysés dans chaque article, puisqu'ils concernent certains aspects de la nature et du fonctionnement des phénomènes idéo- logiques.

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