Le Tour de France 1909, 7e édition du Tour de France, s'est déroulé du 5 juillet au sur 14 étapes pour 4 497 km. Il s'agit du cinquième Tour de France consécutif à utiliser un système de points (et non au temps) pour calculer le classement général. Le coureur ayant le moins de points à la fin de la course remporte la course.
Les étapes sont à peu près les mêmes qu'en 1907 et 1908. En l'absence du double tenant du titre, le Français Lucien Petit-Breton, le deuxième de 1908, François Faber est considéré comme le favori. Il domine le Tour en remportant six des quatorze étapes et en ne comptabilisant finalement que 37 points.
Lors du Tour de France 1909, le système à points est de nouveau utilisé à la place du système de temps pour déterminer le gagnant. Le vainqueur d'une étape obtient un point, le deuxième deux points, et ainsi de suite. Le cycliste avec le moins de points à la fin de la course est déclaré vainqueur. Après la huitième étape, le classement est remis à jour en redistribuant les points parmi les cyclistes restants, en fonction de leurs positions dans ces étapes (en enlevant des résultats les coureurs ayant abandonné entretemps). Cela s'est encore produit après la treizième étape[2].
En 1908, les cyclistes devaient utiliser des cadres fournis par le Tour ; cette règle est abandonnée en 1909. Les bicyclettes sont en revanche encore poinçonnées, pour s'assurer que les coureurs n'utilisent qu'un vélo[3].
Pour la première fois, les cyclistes peuvent s’inscrire dans la course en équipe, même si techniquement ils sont encore considérés comme des coureurs individuels sponsorisés[4].
Lors des Tours précédents, l'organisation du Tour s'est retrouvée gênée par les cyclistes qui urinaient devant les spectateurs. Ainsi aux points de contrôle obligatoires, des toilettes sont installées[5].
Le gagnant des deux dernières éditions, Lucien Petit-Breton, ne participe pas à la compétition en 1909. Petit-Breton s'attend à ce que son ancien coéquipier, François Faber, deuxième en 1908, remporte la course[3]. Faber avait quitté l'équipe Peugeot, qui avait dominé l'édition de 1908, pour l'équipe d'Alcyon.
Un nouveau record de 150 cyclistes commencent la course[6]. Les précédents Tours ayant été couronnés de succès, des courses similaires sont créées dans d'autres pays (notamment le Tour de Belgique, lancé en 1908 et le Tour d'Italie, organisé en 1909). Le Tour de France est encore la course majeure et les meilleurs cyclistes sont au départ. C'est également la première édition à accueillir à grande échelle les stars étrangères[7]. Au total, 19 Italiens, 5 Belges, 4 Suisses, 1 Allemand et 1 Luxembourgeois commencent la course[2].
Parce que les cyclistes peuvent participer à la course en tant que cyclistes sponsorisés, on retrouve deux catégories de cyclistes : les cyclistes avec des sponsors et les cyclistes sans sponsors. Il y a sept sponsors différents dans la course (Nil-Supra, Alcyon-Dunlop, Biguet-Dunlop, Le Globe, Atala-Dunlop, Legnano-Pirelli et Felsina), comptant de trois à six cyclistes. La majorité des cyclistes, 112 au total, ne sont pas sponsorisés mais courent dans la catégorie des indépendants[2].
Le Tour de France 1909 est considéré comme l'un des plus difficiles de l'histoire, en raison des températures glaciales, de la pluie et de la neige[2],[8]. La première étape est remportée par le Belge Cyrille van Hauwaert, la première victoire d'étape pour un coureur belge[9]. En conséquence, il prend la tête de la course. C'est donc la première fois dans l'histoire du Tour de France qu'un non-Français est en tête de la course[n 1]. François Faber, le favori d'avant course, termine à la deuxième place[10].
Durant cette première étape, le temps est raisonnable, mais lors de la nuit, une tempête se lève[6]. Faber s'avère être le coureur le plus adapté à ces conditions. Il remporte les 2e, 3e, 4e, 5e et 6e étapes, soit un record de cinq étapes d'affilée qui n'a jamais été égalé depuis[11]. Lors de la deuxième étape, Faber s'échappe à mi-course et parcourt les 200 derniers kilomètres seul[7]. Dans la troisième étape (courue à une température de seulement 4 degrés Celsius), la chaîne de Faber se casse dans le dernier kilomètre, et il doit courir avec sa bicyclette jusqu'à la ligne d'arrivée[7]. Dans la cinquième étape, Faber est éjecté hors de la route par un vent très fort, mais il parvient à repartir. Plus tard, il est renversé par un cheval qui lui a également donné un coup de pied. Il est remonté sur son vélo et a gagné l'étape avec une marge de cinq minutes[7]. Dans la sixième étape, 20 000 fans sont présents pour voir Faber gagner sa cinquième étape d'affilée, ce qu'il parvient à réaliser[7]. La 7e étape est remportée par Ernest Paul, le demi-frère de Faber[8]. En raison du mauvais temps, 50 cyclistes (1/3 du peloton) ont déjà quitté la course à ce moment-là[12].
Les organisateurs du Tour ont demandé à Faber de se calmer, afin de garder le Tour excitant. Son chef d'équipe a accepté et Faber a ralenti et laissé les autres gagner des étapes ; sa position de leader n'a jamais été mise en danger[6].
Dans la neuvième étape, Faber termine à la 10e place, à 46 minutes du vainqueur, sa pire performance de la course. Il mène toujours la course avec 26 points, tandis que le deuxième, Gustave Garrigou, compte 40 points[13].
Il semble alors impossible de battre Faber dans ce Tour, et la question est de savoir qui finirait à la deuxième place. Si Gustave Garrigou occupe la deuxième place, son compatriote Jean Alavoine se rapproche de lui. Garrigou, qui compte plus d'expériences, parvient à rester deuxième[6]. Lors de la quatorzième étape, Jean Alavoine mène quand sa bicyclette s'est cassée, à seulement 10 kilomètres de l'arrivée. Le changement de vélo n'étant pas autorisé, Alavoine a parcouru les 10 derniers kilomètres avec sa bicyclette sur ses épaules, et a tout de même gagné l'étape avec une marge de 6 minutes et 30 secondes[8],[14].
Les cyclistes sponsorisés par Alcyon dominent le Tour de France en 1909, remportant 13 des 14 étapes[3]. Seule la 7e étape — remportée par le coureur indépendant Ernest Paul — leur échappe.
Note : en 1909, il n'y a aucune distinction entre les étapes de plaine ou de montagne ; les icônes indiquent simplement la présence ou non d'ascensions durant l'étape[2].
Le classement général est calculé par points : à chaque étape, le vainqueur reçoit un point, le suivant deux points, etc. Après la huitième étape, où seulement 71 cyclistes sont encore en course, les points donnés dans les huit premières étapes sont redistribués parmi les cyclistes restants, en fonction de leurs positions dans ces étapes. Sur les 150 cyclistes au départ, 55 ont terminé[2]. François Faber est l'un des plus jeunes vainqueurs du Tour de France de l'histoire à seulement 22 ans et 7 mois. Seul Henri Cornet en 1904 était plus jeune (19 ans et 11 mois)[18].
Les points du classement général sont recalculés pour la seconde fois du Tour, en tenant compte uniquement des résultats des coureurs encore en lice dans l'épreuve.
↑Lors du Tour de France 1904, après les disqualifications qui ont lieu après la course, le Suisse Michel Frédérick et le Belge Émile Lombard ont rétroactivement mené la course après la première et la deuxième étape, mais sans que cela ne soit connu pendant la course.
↑ ab et cBill McGann et Mcgann, Carol, The Story of the Tour De France Volume 1:1903-1964, Dog Ear Publishing, (ISBN1-59858-180-5, lire en ligne), p. 24
↑ a et b(es) Carlos Arribas, « José María Javierre / Joseph Habierre », El País, (ISSN1134-6582, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bJoseph Habierre est né en Espagne en 1888, il a 4 ans quand sa famille (sa mère, ses quatre frères et sœur et lui) émigre en France. Il participe à ses premières courses cyclistes en 1907 ainsi qu’à ce Tour de France sous son nom d’usage Joseph Habierre même si l’état civil espagnol le connaît comme José María Javierre. Il est naturalisé Français en 1915, il est donc le premier Espagnol participant au Tour de France (un an avant Vicente Blanco) et a-fortiriori le premier Espagnol à terminer le Tour de France.