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Linguistisque et peuplement en Aquitania

2013, L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges. Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen à l’âge du Fer. Actes du 35e Colloque international de l’AFEAF (Bordeaux, 2-5 juin 2011) sous la direction de Anne Colin et Florence Verdin

Key takeaways

  • ), 1-Ce travail a été réalisé avec le soutien financier du Ministère de Science et Innovation du Gouvernement espagnol à travers le projet FFI2009-13292-C03-01/FILO et le soutien du Gouvernement autonome du Pays Basque (groupe de recherche IT486-10).
  • Autrement dit, la méthode comparative fonctionne raisonnablement bien lorsqu'elle est appliquée aux langues, mais elle présente de graves lacunes ou limites lorsqu'elle est appliquée à des ensembles de toponymes n'appartenant pas à des langues concrètes et historiques bien définies 7 .
  • Il s'agit de deux types d'inscriptions très différentes : d'une part, il a été découvert une série de monnaies à légende ibérique, enfouies à plusieurs endroits de la chaîne pyrénéenne, formant des trésors.
  • Si nous considérons le matériel onomastique attesté, il peut être identifié, du point de vue de son origine linguistique, comme appartenant à deux langues différentes, qui correspondent à deux couches chronologiques successives : les noms d'origine proprement aquitaine ou basque et ceux d'origine gauloise.
  • Ni parmi les noms transmis par les historiens anciens, en commençant par Jules César, ni parmi ceux que nous devons à des géographes comme Strabon ou Ptolémée, nous ne trouvons rien qui puisse être mis en relation avec notre suffixe aquitain -oss(o) : Coequosa et Segosa de l'Itinéraire d'Antonin doivent plutôt se rattacher à des toponymes comme Tolosa.
L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges. Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen à l’âge du Fer L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges. Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen à l’âge du Fer Actes du 35e Colloque international de l’AFEAF (Bordeaux, 2-5 juin 2011) sous la direction de Anne Colin, Florence Verdin avec le concours financier de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du Fer, du Ministère de la Culture, de l’Inrap et de l’Institut Ausonius Aquitania Supplément 30 — Bordeaux — Fédération Aquitania Maison de l’Archéologie 8, Esplanade des Antilles F – 33607 Pessac cedex Tél. 33 (0)5 57 12 46 51 - Fax 33 (0)5 57 12 45 59 aquitania@u-bordeaux3.fr http://aquitania.u-bordeaux3.fr Directeur de la Publication : Alain Bouet Secrétaire des Publications : Stéphanie Vincent Graphisme de couverture : Stéphanie Vincent © AQUITANIA 2013 ISSN : 099-528 ISBN : 2-910763-34-X Imprimé sur les presses de Gráficas Calima, Santander – mai 2013 – Sommaire Auteurs ............................................................................................................................................................................................ 9 AvAnt-propos, par Dany Barraud ............................................................................................................................................... 13 L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges JoAquin GorrochAteGui Linguistique et peuplement en Aquitania ................................................................................................................................ 17 Anne colin, Florence verdin, Antoine dumAs Dynamiques du peuplement dans le nord de l’Aquitaine : quelques pistes de réflexion....................................................... 33 JuliA roussot-lArroque L’épée et le rasoir : transition Bronze-Fer autour de l’estuaire de la Gironde ......................................................................... 57 BernArd GelliBert, JeAn-clAude merlet, sAndrine lenorzer Les nécropoles du Premier âge du Fer dans les Landes de Gascogne : organisation, pratiques funéraires. L’apport des fouilles récentes ......................................................................................................................................... 83 christophe sireix L’agglomération artisanale de Lacoste à Mouliets-et-Villemartin (Gironde) ........................................................................... 103 stéphAnie rAux La parure en verre du site de Lacoste à Mouliets-et-Villemartin (Gironde) : étude typologique ............................................ 147 vincent Geneviève Les monnaies préaugustéennes de Bordeaux : quelle circulation monétaire dans la capitale des Bituriges Vivisques avant notre ère ? ............................................................................................. 173 lAurent cAlleGArin, vincent Geneviève, eneko hiriArt Production et circulation monétaire dans le sud-ouest de la Gaule à l’âge du Fer (iiie-ier s. a.C.) ........................................... 185 philippe GArdes, AlexAndre lemAire, thomAs le dreFF L’oppidum de La Sioutat à Roquelaure (Gers). Citadelle des Ausques .................................................................................. 219 JAvier Armendáriz, ArmAndo llAnos, xABier peñAlver, soniA sAn Jose, luis vAldés GArcíA Le Bronze final et l’âge du Fer en Euskal Herria – Pays basque. Relations et activités commerciales .................................... 247 Jesús F. torres-mArtinez De l’autre côté des Pyrénées. La Navarre à l’âge du Fer .......................................................................................................... 257 Posters christophe mAitAy, avec la collab. de BertrAnd BéhAGue, philippe poirier La nécropole du Premier âge du Fer de Loustalet à Pouydesseaux (Landes)........................................................................... 277 BertrAnd BéhAGue Étude d’impact sur le site de Niord à Saint-Étienne-de-Lisse (Gironde). Opération 2002 .................................................... 287 pAtrice courtAud, elisABeth rousseAu, henri dudAy, christophe sireix Un crâne perforé à Niord (Saint-Étienne-de-Lisse, Gironde) .................................................................................................. 293 Antoine dumAs Le site de Chastel (Aiguillon, Lot-et-Garonne) au Premier âge du Fer : le mobilier céramique ............................................. 301 thiBAud constAntin, mArie-véronique BilBAo Les fibules du Premier âge du Fer en Aquitaine ...................................................................................................................... 309 BertrAnd BéhAGue, avec la collab. de Aurélien AlcAntArA, stéphAne BouloGne, xAvier dupont, séverine GAuduchon, corinne sAnchez, thierry Gé Deux établissements ruraux de la fin du Second âge du Fer sur le contournement nord de Marmande (Lot-et-Garonne) .. 319 céline lAGArde-cArdonA, michel pernot, christophe sireix, christophe le Bourlot Approche du travail des alliages cuivreux mis en œuvre sur le site du Second âge du Fer de Lacoste (Mouliets-et-Villemartin, Gironde) .......................................................................... 325 cédric GérArdin Perles et bracelets en verre du site de Lacoste à Mouliets-et-Villemartin (Gironde) : approche technologique ...................... 331 Aurélien AlcAntArA, AlexAndrA BesomBes-hAnry, christophe chABrié, Frédéric Guédon, christophe rAnché Eysses avant Excisum : une agglomération gauloise près de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) ........................................... 341 lAurent cAlleGArin, eneko hiriArt, réGis hAreAu Les découvertes de monnaies préaugustéennes sur le site d’Eysses (Villeneuve-sur-Lot, Lot-et-Garonne).............................. 351 lAurence Benquet, philippe GArdes, JeAn-JAcques GrizeAud, pAscAl lotti, christophe requi, Frédéric veyssière La Toulouse gauloise revisitée. Apport des fouilles préventives récentes à la connaissance de la topographie des sites de Toulouse-Saint-Roch et Vieille-Toulouse (Haute-Garonne) .......................................... 359 peter Jud, Aurélien AlcAntArA, mAtthieu demierre, Julie GAsc, AlexAndre lemAire, cécile rousseAu, GuillAume verrier Toulouse ZAC Niel (Haute-Garonne). Nouveaux éléments sur l’occupation gauloise du quartier Saint-Roch ..................... 371 cécile rousseAu, sAndrine lenorzer, pierre-yves milcent, Julie GAsc, Florent ruzzu, peter Jud La nécropole protohistorique de la ZAC Niel à Toulouse (Haute-Garonne). Présentation liminaire à partir d’un groupe original de sépultures .............................................................................. 377 pedro reyes moyA-mAleno, Jesús F. torres-mArtinez Réseau de communication à l’âge du Fer en Europe de l’ouest et en Aquitaine.................................................................... 383 Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen à l’âge du Fer pAtrick pion Mobilités des hommes : quels modèles anthropologiques ? .................................................................................................... 391 Anne-mArie AdAm Profits et pièges d’un outil incontournable : la carte de répartition ....................................................................................... 399 coline ruiz dArAsse Ibère : langue véhiculaire ou “écriture de contact” ? ............................................................................................................... 407 GretA Anthoons La mobilité des druides et la diffusion de gestes funéraires .................................................................................................... 417 sAndrA péré-noGuès Aux limites de l’interprétation : mercenariat et mobilité au Second âge du Fer .................................................................... 429 mAnuelA diliBerto, thierry leJArs Un cas de mobilité individuelle aux ive et iiie s. a.C. : l’exemple des pièces de jeu d’origine italique trouvées au nord des Alpes ................................................................... 439 cicolAni veronicA Les petits objets métalliques de la culture de Golasecca : des marqueurs culturels et anthropologiques pour l’étude de relations transalpines au Premier âge du Fer ....................................................................................... 459 mArine lechenAult Des éléments mobiliers du Centre-Ouest européen dans les sépultures corses à la fin du Premier âge du Fer insulaire (vie-ve s. a.C.) .................................................................................................. 479 vlAdimír sAlAč De la vitesse des transports à l’âge du Fer ................................................................................................................................ 489 Gilles pierrevelcin La Bohême et la Gaule du ive au ier s. a.C. : étude de cas pour les relations à longue distance .............................................. 513 Alexis GorGues Les armes et les hommes. La mobilité des guerriers et ses enjeux dans le nord-est du domaine ibérique au iiie s. a.C. ........ 531 pAtrice méniel Circulation d’animaux et diffusion d’innovations zootechniques à l’âge du Fer ................................................................... 555 lAurence AuGier, ines BAlzer, dAvid BArdel, sylvie deFFressiGne, éric BertrAnd, Felix Fleischer, sABine hopert-hAGmAnn, michAël lAndolt, christine mennessier-JouAnnet, clémence mèGe, muriel roth-zehner, mArion sAurel, clAudiA tAppert, GiselA thierrin-michAel et nicolAs tikonoFF, avec la collab. de mireille ruFFieux, mArieke vAn es La céramique façonnée au tour : témoin privilégié de la diffusion des techniques au Hallstatt D2-D3 et à La Tène A-B1 .. 563 stéphAne cArArrA, émilie duBreucq, Benoît pescher, avec la collab. d’Anne Filippini La fabrication des fibules à timbale comme marqueur des contacts et des transferts technologiques au cours du Ha D-LT A1. Nouvelles données d’après les sites de Bourges, Lyon et Plombières-les-Dijon (France) ... 595 mArion BerrAnGer, philippe Fluzin Structuration et contexte des échanges en métallurgie du fer durant la Protohistoire. Une approche interdisciplinaire à partir des matières premières métalliques .............................................................. 609 rAquel vilAçA Contextes d’utilisation, de circulation et de déposition des premiers artefacts en fer de l’Atlantique occidental ............................................................................................................................... 631 FedericA sAcchetti, JeAn-christophe sourisseAu Sur les importations d’amphores en contextes hallstattiens : regards croisés depuis le Midi de la Gaule et le bassin nord-adriatique .................................................................................. 643 FABienne olmer, BenJAmin GirArd, GuillAume verrier, hervé BohBot Voies, acteurs et modalités du grand commerce en Europe occidentale ................................................................................ 665 kAtherine Gruel, dAvid WiGG-WolF Circulations monétaires et modes de production du numéraire dans le monde celtique...................................................... 693 Posters thierry loGel, avec la collab. de thomAs viGreux Les axes de circulation de la Protohistoire en Alsace : essai de détermination ....................................................................... 715 rAimon GrAells i FABreGAt De Italia al Bajo Aragón : La dinámica de intercambios indígena entre el s. vii y vi a.C. ...................................................... 727 Alexis GorGues Une communauté de marchands méditerranéens à Tolosa au iie s. a.C. ................................................................................ 737 delphine FrémondeAu, mArie-pierre horArd-herBin, Joël uGhetto-monFrin, mArie BAlAsse L’alimentation des troupeaux porcins et la production de viande à Levroux Les Arènes (Indre) : une analyse isotopique .. 747 mArco schrickel, klAus Bente, Felix Fleischer, AlexAndrA FrAnz Importation ou imitation du corail à la fin de l’âge du Fer ? Première approche par analyses du matériau ......................... 753 peter treBsche Quelques remarques sur la mobilité de l’architecture de la civilisation hallstattienne : des constructions elliptiques en Europe centrale .......................................................................................................... 761 résumés ........................................................................................................................................................................................ 769 Auteurs Anne-Marie AdAm Université de Strasbourg, UMR 7044 ; anne.marie.adam@unistra.fr Aurélien AlcAntArA Archeodunum, Colomiers ; a.alcantara@archeodunum.fr Greta Anthoons Chercheur indépendant, Holsbeek (Belgique) ; greta.anthoons@skynet.be Javier Armendáriz Archéologue ; javarmar@terra.es Laurence AuGier Service d’archéologie préventive de Bourges Plus ; UMR 8546 AOROC (France) ; l.augier@agglobourgesplus.fr Marie BAlAsse Archéozoologie, Archéobotanique : Sociétés, Pratiques et Environnements, UMR 7209 CNRS/Muséum national d’Histoire naturelle, Paris ; balasse@mnhn.fr Ines BAlzer Centre de Recherche, Keltenwelt am Glauberg (Allemagne) ; i.balzer@keltenwelt-glauberg.de David BArdel Inrap ; UMR 6298 ARTeHIS ; bardel.david@inrap.fr Dany BArrAud Inspection générale du patrimoine (archéologie), Ministère de la Culture et de la Communication ; dany. barraud@culture.gouv.fr Bertrand BéhAGue Inrap Nord-Picardie, Centre archéologique de Villeneuve-d’Ascq ; bertrand.behague@inrap.fr Laurence Benquet Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-leMirail ; laurence.benquet@inrap.fr Klaus Bente Universität Leipzig, Institut für Mineralogie, Kristallographie und Materialwissenschaft (IMKM), Leipzig ; bente@rz.uni-leipzig.de Marion BerrAnGer Laboratoire “Métallurgies et Cultures”, UMR 5060 - CNRS - IRAMAT, Université de Technologie Belfort Montbéliard, Belfort ; marion.berranger@utbm.fr Éric BertrAnd Service archéologique de la ville de Lyon (France) ; eric.bertrand@mairie-lyon.fr Alexandra BesomBes-hAnry Inrap Grand Sud-Ouest Centre archéologique de Pessac Marie-Véronique BilBAo Chargée de mission au CRAL (Centre de Recherches Archéologique sur les Landes) ; bilbaomarie@yahoo.fr Hervé BohBot CNRS, UMR 5140-Archéologie des Sociétés Méditerranéennes ; herve.bohbot@montp.cnrs.fr Stéphane BouloGne Inrap Grand-Sud-Ouest, Centre archéologique de Pessac ; stephane.boulogne@inrap.fr Laurent cAlleGArin Université de Pau et des Pays de l’Adour - ITEM (EA 3002) ; laurent.callegarin@univ-pau.fr Stéphane cArArrA Service Archéologique de la Ville de Lyon ; stephane.carrara@mairie-lyon.fr Christophe chABrié Association des Archéologues du Lot-et-Garonne, BP 104, 47303 Villeneuve-sur-Lot Cedex Veronica cicolAni Docteur, UMR AOROC 8546, ENS/CNRS Paris ; veronica.cicolani@gmail.com Anne colin Université de Bordeaux 3, Institut Ausonius (UMR 5607) ; anne.colin@u-bordeaux3.fr Thibaud constAntin Doctorant, Institut Ausonius, UMR 5607 CNRS-Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 ; thibaud. constantin@hotmail.fr Patrice courtAud PACEA – Anthropologie des Populations Passées et Présentes – Université Bordeaux 1 ; p.courtaud@ pacea.u-bordeaux1.fr Sylvie deFFressiGne Inrap GEN Ludres, UMR 7044 (France) ; sylvie.deffressigne@inrap.fr 10 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes Matthieu demierre Université de Lausanne / Université Lumière Lyon 2, UMR 8546 CNRS/ENS, Paris Manuela diliBerto École doctorale VI (ED 124), Histoire de l’art et archéologie, Université de Paris IV - Institut d’art et d’archéologie, Paris ; mdiliberto@email.com Émilie duBreucq UMR 5608 TRACES-Université de Toulouse 2 Le Mirail ; emiliedubreucq@yahoo.fr Henri dudAy PACEA – Anthropologie des Populations Passées et Présentes – Université Bordeaux 1 ; h.duday@pacea.ubordeaux1.fr Antoine dumAs Institut Ausonius, UMR 5607 CNRS-Université Michel de Montaigne Bordeaux 3; antoinedumas001@gmail.com Xavier dupont Archéologue contractuel ; xavedu@hotmail.com Anne Filippini Doctorante, UMR 5608 TRACES-Université de Toulouse 2 Le Mirail ; anne.filippini@univ-tlse2.fr Felix Fleischer Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan, Sélestat ; UMR 7044 (France) ; felix.fleischer@pair-archeologie.fr Philippe Fluzin Laboratoire “Métallurgies et Cultures”, UMR 5060 - CNRS - IRAMAT, Université de Technologie Belfort Montbéliard Alexandra FrAnz Universität Leipzig, Institut für Mineralogie, Kristallographie und Materialwissenschaft (IMKM), Leipzig ; afranz@ rz.uni-leipzig.de Delphine FrémondeAu Post-doctorante, Centre for Archaeological Sciences, KU Leuven, Belgique ; Delphine.Fremondeau@bio.kuleuven. be Philippe GArdes Inrap Grand Sud-Ouest, TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ; p.gardes@wanadoo.fr Julie GAsc Hadès Balma ; juliegasc@hotmail.fr Séverine GAuduchon Service archéologique départemental des Yvelines, Le Pas du Lac Montigny-le-Bretonneux ; severine.gauduchon@ numericable.fr Thierry Gé Inrap Grand Sud-Ouest, Centre archéologique de Pessac ; thierry.ge@inrap.fr Bernard GelliBert Archéologue, CRAL ; gellibert.bernard@orange.fr Vincent Geneviève Inrap, ZI Les Pinsons, Saint-Orens-de-Gameville ; ITEM-EA 3002, université de Pau ; vincent.genevieve@inrap.fr Cédric GérArdin Attaché de conservation au Service d’archéologie préventive du département de l’Allier (SAPDA), Conseil Général de l’Allier ; cdric.gerardin@gmail.com Benjamin GirArd Post-doctorant, UMR 5140-Archéologie des Sociétés Méditerranéennes ; bengirar@yahoo.fr Alexis GorGues Université de Bordeaux 3, Institut Ausonius (UMR 5607) ; agorgues@yahoo.com Joaquín GorrochAteGui Institut des Sciences de l’Antiquité, UPV-EHU, Université du Pays Basque, Vitoria-Gasteiz ; joaquin. gorrochategui@ehu.es Raimon GrAells i FABreGAt Römisch-Germanisches Zentralmuseum - Mainz, Allemagne ; graells@rgzm.de Jean-Jacques GrizeAud Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ; jean-jacques.grizeaud@inrap.fr Katherine Gruel CNRS, AOROC, UMR8546 CNRS-ENS, Paris ; Katherine.gruel@ens.fr Frédéric Guédon Inrap Grand Sud-Ouest, Centre archéologique de Saint-Orens, Saint-Orens-de-Gameville Régis hAreAu Villeneuve-sur-Lot ; regis_hareau@yahoo.fr Eneko hiriArt Doctorant en Archéologie, UMR 5607 – Institut Ausonius, Université de Bordeaux 3 ; eneko.hiriart@gmail.com Marie-Pierre horArd-herBin Université de Tours, Laboratoire Archéologie et Territoire, UMR 6173 (CITERES), MSH, Tours ; marie-pierre. horard-herbin@univ-tours.fr Peter Jud Archeodunum, Agence Lyon ; p.jud@archeodunum.fr 11 Auteurs Céline lAGArde-cArdonA Service départemental de l’archéologie, Conseil Général de Dordogne ; rattachée à l’IRAMAT-CRPAA ; c.lagarde-cardona@dordogne.fr Michaël lAndolt Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan, Sélestat ; UMR 7044 (France) ; michael.landolt@pairarcheologie.fr Christophe le Bourlot Université Paris 13 - Institut Galilée, Laboratoire des Sciences des Procédés et Matériaux Marine lechenAult Docteur, UMR 5189 HiSoMA, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon ; marine.lechenault@univlyon2.fr Thomas le dreFF Doctorant TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ; thomas-le-dreff@hotmail.fr Thierry leJArs CNRS, UMR 8546, ENS, Paris ; thierry.lejars@ens.fr Alexandre lemAire Archeodunum, Agence Sud-Ouest, Colomiers ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ; alex.lemaire@gmail.com Sandrine lenorzer Archeodunum, Agence Sud-Ouest ; sandrine.lenorzer@wanadoo.fr Armando llAnos Institut Alavais d’Archéologie/Instituto Alavés de Arqueología/Arkeologiarako Arabar Institutua, Vitoria-Gasteiz ; arman.llanos@gmail.com Thierry loGel Archéologue territorial, Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan ; thierry.logel@pair-archeologie.fr Pascal lotti Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; pascal.lotti@inrap.fr Christophe mAitAy Inrap GSO - UMR 6566 “CReAAH” ; christophe.maitay@inrap.fr Clémence mèGe Service archéologique de la ville de Lyon, UMR 5138 (France). Patrice méniel CNRS, UMR 5594 ARTeHIS, Université de Bourgogne (Dijon) Christine mennessier-JouAnnet UMR 8546 AOROC (France) ; ch.jouannet@orange.fr Jean-Claude merlet Archéologue, CRAL ; merlet.jeanclaude@orange.fr Pierre-Yves milcent Université de Toulouse 2 / UMR 5608-TRACES ; milcent@univ-tlse2.fr Pedro R. moyA-mAleno Departamento de Prehistoria, Facultad de Geografía e Historia, Universidad Complutense de Madrid ; preyesmoya@gmail.com Fabienne olmer CNRS, UMR 5140-Archéologie des Sociétés Méditerranéennes, Lattes ; fabienne.olmer@montp.cnrs.fr Xabier peñAlver Archéologue. Société de sciences Aranzadi. Zorroagagaina. 20014 Donostia (Gipuzkoa, Pays Basque) ; burdina@gmx.com Sandra péré-noGuès Université Toulouse II Le Mirail, TRACES UMR 5608 ; perenog@univ-tlse2.fr Michel pernot Université de Bordeaux – CNRS, UMR 5060 IRAMAT-CRPAA ; michel.pernot@u-bordeaux3.fr Benoît pescher Éveha Centre-Ouest, Saint-Avertin ; benoit.pescher@eveha.fr Gilles pierrevelcin Docteur, UMR 7044 – Strasbourg, MISHA Strasbourg ; gilles_pierrevelcin@hotmail.com Patrick pion Université de Paris 10 Nanterre, Département d’Anthropologie, UMR 7055 (Préhistoire et technologie) ; patrick.pion@mae.u-paris10.fr Philippe poirier Inrap GSO - UMR 5059 CNRS/EPHE/UM II ; philippe.poirier@inrap.fr Christophe rAnché Inrap Grand Sud-Ouest, Centre archéologique de Montauban ; christophe.ranche@inrap.fr Stéphanie rAux Inrap Méditerranée, UMR 5140 ; stephanie.raux@inrap.fr Christophe requi Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-leMirail ; christophe.requi@inrap.fr Muriel roth-zehner Antea-Archéologie, Habsheim ; UMR 7044 ; muriel.zehner@antea-archeologie.com 12 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes Cécile rousseAu Archeodunum, Agence Sud-Ouest, Colomiers ; c.rousseau@archeodunum.fr Élisabeth rousseAu Docteur, Université Bordeaux 3 ; elisabethrousseau36@yahoo fr Julia roussot-lArroque CNRS, UMR 5199 Pacea, Université de Bordeaux 1 ; juliaroussot@gmail.com Mireille ruFFieux Service Archéologique de l’État de Fribourg (Suisse) ; ruffieuxm@fr.ch Coline ruiz dArAsse Docteur EPHE ; r.coline@free.fr Florent ruzzu Archeodunum, Agence Sud-Ouest ; f.ruzzu@archeodunum.fr Federica sAcchetti Docteur, Centre Camille Jullian, Archéologie Méditerranéenne et Africaine (UMR 7299), CNRS - Université AixMarseille ; sacchetti.federica@gmail.com; sacchetti@mmsh.univ-aix.fr Vladimír sAlAč Archeologický ústav AV ČR v Praze, Prague ; salac@arup.cas.cz Corinne sAnchez CNRS UMR 5140, Lattes-Montpellier, CDAR ; corinne.sanchez@montp.cnrs.fr Sonia sAn Jose Fondation Lenbur. Société de sciences Aranzadi, Donostia (Gipuzkoa, Pays Basque) ; s.san_jose@kzgunea.net Marion sAurel Inrap ; UMR 8546 AOROC (France) ; marion.saurel@inrap.fr Marco schrickel Landesamt für Denkmalpflege und Archäologie Sachsen-Anhalt, Landesmuseum für Vorgeschichte, Halle (Saale) ; marco.schrickel@web.de Christophe sireix Service d’archéologie préventive, Communauté Urbaine de Bordeaux ; christophe.sireix@wanadoo.fr Jean-Christophe sourisseAu Centre Camille Jullian, Archéologie Méditerranéenne et Africaine (UMR 7299), CNRS - Université Aix-Marseille ; Centre Jean Bérard, USR 3133 CNRS – EFR, Naples ; Jean-Christophe.Sourisseau@univ-provence.fr Claudia tAppert Historisches Seminar, Abteilung für Ur- und Frühgeschichtliche Archäologie, Westfälische Wilhelms-Universität Münster (Allemagne) ; tappert@yahoo.de Gisela thierrin-michAel Unité de Géosciences, minéralogie et pétrologie, Université de Fribourg (Suisse) ; gisela.thierrin-michael@unifr.ch Nicolas tikonoFF Inrap Grand-Est-Nord, Ludres, UMR 7044 ; nicolas.tikonoff@inrap.fr Jesús F. torres-mArtinez Departamento de Prehistoria, Facultad de Geografía e Historia, Universidad Complutense de Madrid ; Instituto Monte Bernorio de Estudios de la Antigüedad del Cantábrico (IMBEAC). Proyecto “Monte Bernorio en su entorno” ; ketxutorres @yahoo.com Peter treBsche Urgeschichtemuseum Niederösterreich, Asparn an der Zaya, Autriche ; Peter.Trebsche@noel.gv.at Joël uGhetto-monFrin Archéozoologie, Archéobotanique: Sociétés , Pratiques et Environnements, UMR 7209 CNRS/Muséum national d’Histoire naturelle, Paris ; ughetto@mnhn.fr Luis vAldés AOROC, UMR 8546 CNRS - ENS, Gastiburu S.L., Bilbao ; luis.valdes@gastiburu.com Marieke vAn es Inrap, GES Strasbourg ; marieke.van-es@inrap.fr Florence verdin CNRS, Institut Ausonius (UMR 5607), Université de Bordeaux 3 ; florence.verdin@u-bordeaux3.fr Guillaume verrier Archeodunum Agence Toulouse, Colomiers ; g.verrier@archeodunum.fr Frédéric veyssière Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; frederic.veyssiere@inrap.fr Thomas viGreux Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan Raquel vilAçA CEAUCP/FCT. Institut d’Archéologie de la Faculté de Lettres de l’Université de Coimbra, Portugal ; rvilaca@ fl.uc.pt David WiGG-WolF Römisch-Germanische Kommission, Frankfurt/Main, Allemagne ; wiggwolf@rgk.dainst.de L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges les articles L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges Linguistisque et peuplement en Aquitania Joaquín Gorrochategui introduction1 Dès que la linguistique, notamment la linguistique historique et comparée, fut capable d’établir avec certitude la parenté de certaines langues en les groupant en familles, elle devint en même temps un moyen de premier ordre pour jeter quelque lumière sur des périodes obscures et reculées de la préhistoire. L’établissement de la famille linguistique indoeuropéenne, par exemple, qui regroupe des langues historiques très éloignées les unes des autres, a obligé à réfléchir sur le problème des origines et les rapports historiques, en proposant des hypothèses sur la localisation et la datation de la langue ancestrale. C’est vrai que la linguistique offre une aide indiscutable dans cette démarche, mais elle a aussi ses limites. Et n’être pas conscient des limites ou faire usage des arguments linguistiques d’une manière peu rigoureuse du point de vue de la méthode a abouti à l’établissement d’hypothèses exagérées ou très peu réalistes. Notamment quand les hypothèses linguistiques se combinent avec d’autres provenant de disciplines différentes, comme l’archéologie ou récemment la génétique des populations humaines. En ce qui concerne notre domaine linguistique, je voudrais citer deux exemples bien éloquents, parce que les deux hypothèses prétendent expliquer la population originale de l’Europe occidentale comme résultat d’une recolonisation des terres libérées des glaces par une population provenant du refuge basque-cantabrique à la fin de la période paléolithique. Mais tandis que T. Vennemann2 croit que la population originale parlait une langue ressemblant au basque, parce qu’il trouve dans la toponymie d’une vaste partie de l’Europe centrale et occidentale des noms de lieu qui, selon lui, peuvent être expliqués à partir de la langue basque historique, F. Villar estime, par contre, en s’appuyant sur le même matériel linguistique ou presque, que la couche linguistique originale était indoeuropéenne. Il s’agit de ce qu’on appelle l’hydronymie paléo-européenne, c’est-à-dire un recueil de noms de rivières que l’on retrouve dans de très grandes régions d’Europe et qui, d’après H. Krahe, le linguiste qui en a fait la découverte dans les années 50 du dernier siècle, présentent un ensemble de traits linguistiques particuliers, bien que faisant partie de la famille indoeuropéenne. Vennemann, par contre, offre une analyse complètement différente : il part d’une idée aprioriste sur le type linguistique, ce qui l’amène à considérer la langue de base des hydronymes et toponymes comme agglutinante ; en même temps il interprète la voyelle -a, par laquelle finissent beaucoup de noms de rivières (Al-ar-a, Sal-ar-a, Ag-ist-a, Tamara, Argantia, etc.), 1- Ce travail a été réalisé avec le soutien financier du Ministère de Science et Innovation du Gouvernement espagnol à travers le projet FFI2009-13292-C03-01/FILO et le soutien du Gouvernement autonome du Pays Basque (groupe de recherche IT486-10). 2- Vennemann 1994. 18 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes comme marque de détermination et il fait une mauvaise identification de cette voyelle -a avec l’article basque historique -a. (gizon ‘homme’ / gizona ‘l’homme’). L’identification est complètement anachronique, car le développement de l’article défini en basque s’est produit en une période non éloignée de son histoire, entre la fin de l’Antiquité et le xe siècle, à partir de l’évolution d’un pronom démonstratif antérieur (*har > -a), dont on retrouve encore des traces dans certains noms de lieu attestés dans un document médiéval 3. D’autre part, toutes les évolutions phonétiques ou morphologiques proposées entre les formes originales et les vraies formes basques attestées (quand il s’agit de vraies formes et pas de formes inventées) sont arbitraires et sans aucune base dans l’histoire connue de la langue. Bien que l’hypothèse soit très faible du point de vue de la linguistique, elle a été bien accueillie par les spécialistes des autres disciplines4. F. Villar a essayé aussi de combiner ses recherches linguistiques sur les toponymes paléo-européens avec les portées de la génétique des populations, dans le sillage des travaux de l’archéologue anglais C. Renfrew et du généticien L. L. Cavalli-Sforza. Contrairement à l’hypothèse de Renfrew5, qui interprétait l’expansion des langues indo-européennes comme résultat d’une diffusion démique provoquée par la révolution culturelle néolithique, Villar croit avoir découvert deux foyers différents comme origine de l’expansion indo-européenne, compte tenu de la distribution géographique de deux ensembles de toponymes : le premier ensemble présente une forte densité dans la péninsule d’Anatolie, tandis que le deuxième se concentre dans la péninsule Ibérique, avec une dispersion mineure en Europe occidentale. Si le premier ensemble peut être mis en connexion, selon l’auteur, avec le peuple responsable de la diffusion néolithique de l’indo-européen, le deuxième constitue la trace laissée par les Indo-européens paléolithiques, qui provenaient du refuge péninsulaire et se sont répandus en Europe occidentale après le retrait des glaces6. Le point faible de ces deux propositions réside dans l’interprétation linguistique du matériel, étant donné qu’il traite les noms comme des langues. Autrement dit, la méthode comparative fonctionne raisonnablement bien lorsqu’elle est appliquée aux langues, mais elle présente de graves lacunes ou limites lorsqu’elle est appliquée à des ensembles de toponymes n’appartenant pas à des langues concrètes et historiques bien définies7. les données linGuistiques Si on jette un coup d’oeil à la carte des inscriptions indigènes trouvées dans la région8, on peut constater que celles-ci s’étendent d’une manière relativement uniforme au nord et à l’est de la Garonne, avec des concentrations plus importantes dans certains endroits. L’inclusion de textes sur poterie et sur instrumentum domesticum a augmenté grandement le nombre de textes indigènes par rapport au dossier formé seulement par les inscriptions lapidaires. Néanmoins, l’Aquitaine césarienne9, – entourée par les Pyrénées, l’Océan et la Garonne –, nous apparaît comme une zone vide sur la carte, sans aucune inscription gauloise. Par ailleurs, si nous regardons la carte des inscriptions retrouvées rédigées en langues indigènes de la péninsule Ibérique, on remarque que leur présence en Aquitaine se réduit à presque rien. On constate une présence assez forte d’inscriptions celtibères sur les deux plateaux centraux de la péninsule et dans les chaînes montagneuses qui les entourent dans la partie orientale, ainsi qu’un grand nombre d’inscriptions ibères parsemées sur d’amples territoires du versant méditerranéen de la péninsule, depuis l’Andalousie jusqu’à la région narbon- 3- Voir Manterola 2008, qui a étudié les noms de lieu attestés dans un document médiéval de l’année 1025, connu comme “La Reja de San Millán”. 4- Oppenheimer 2007, 150-1. 5- Renfrew 1987, chap. 7, fig. 7.7. 6- Villar & Prósper 2005, 146-152. 7- Pour des réflexions méthodologiques sur le traitement du matériel toponymique et onomastique dans l’établissement des langues préhistoriques cf. Gorrochategui 2007/2008, 1192-8. 8- Par exemple la dernière carte élaborée par P.-Y. Lambert , sur la distribution géographique des textes gaulois, Lambert 2002, 11 fig. 2. 9- César, BG, 1.1. linGuistique et peuplement en AquitAniA naise (fig. 1). La région proprement vasconne est pauvre en textes : on constate seulement deux inscriptions tout à fait singulières : une mosaïque avec légende ibérique, provenant d’Andelo (K.28 sur la carte), et deux fragments d’une petite plaque de bronze, provenant d’Aranguren, près de Pampelune (K.29), dont l’attribution linguistique est difficile à établir. En ce qui concerne leur condition de texte indigène appartenant à la langue parlée sur le terrain, ces deux textes présentent aussi de graves problèmes, parce que la mosaïque est clairement le produit d’un atelier qui travaillait dans une zone plus large de la vallée de l’Èbre – et qui a laissé des traces ailleurs – et la plaque semble être en rapport avec les campagnes militaires de Sertorius dans la région. On peut faire une analyse identique des rares textes indigènes découverts en Aquitaine. Il s’agit de deux types d’inscriptions très différentes : d’une part, il a été découvert une série de monnaies à légende ibérique, enfouies à plusieurs endroits de la chaîne pyrénéenne, formant des trésors. Le plus remarquable de ces trésors, pour le nombre de monnaies ainsi que pour leur importance, est celui de Barcus (Pyrénées-Atlantiques). ——— Fig. 1. Carte de distribution des inscriptions ibériques (source : projet Hesperia). ——————— 19 20 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes Probablement enfoui, puis perdu à l’époque où Pompée guerroyait dans la vallée de l’Èbre (c’est-à-dire autour de l’année 75 a.C.), ce trésor, découvert en 1879 et aujourd’hui dispersé, comptait environ 1750 deniers d’argent émis dans divers ateliers du nord de l’Espagne. On reconnaît ici les légendes baśkunes / benkota, śekobirikes, tuŕiasu, arsaos, bolśkan. Il y a d’autres trésors moins importants que celui de Barcus, notamment celui de Lekunberri, ne comportant que six pièces de bronze, et celui de Castets, avec une vingtaine de monnaies. Comme on peut le constater, toutes les monnaies ont été frappées dans des ateliers hispaniques, certains connus, d’autres inconnus, mais aucune monnaie n’est ni originaire d’Aquitaine ni n’a été frappée in situ. Elles nous montrent les étroits liens économiques, culturels, voire politiques, entre les Aquitains et les habitants du Nord de l’Espagne, que nous connaissions par le récit de César10. Mais elles ne nous apprennent rien sur la langue parlée par les habitants. Beaucoup plus intéressants sont deux textes fragmentaires provenant d’un tertre funéraire d’allure aristocratique découvert à Vieille Aubagnan (Landes). La tombe fut fouillée au début du xxe s. d’une manière peu soignée ; le riche mobilier trouvé à l’intérieur, qui accompagnait la personne ensevelie, fut dispersé et en partie perdu. Parmi ce mobilier se distinguait par son originalité une cotte de maille, objet unique, et un casque décoré d’un pommeau sommital avec des garde-joues également décorés, de tradition celtique11. Parmi les autres restes métalliques, il y avait deux fragments avec des inscriptions, que l’on interprète aujourd’hui comme les restes de deux phiales en argent. Il faut commencer par dire que l’une de ces deux pièces est perdue. Les légendes ont mérité l’attention d’éminents érudits connaisseurs de l’épigraphie ibère, comme R. Lafon, J. Untermann et D. Fletcher12, mais ils ne se sont pas mis d’accord sur la difficile lecture des textes. M. Hébert les a étudiés plus récemment en détail et il a fait quelques avancées en ce qui concerne l’origine et la datation des pièces13. À mon avis, ces légendes soulèvent deux questions : la première concerne la lecture et la deuxième l’interprétation historique des documents. La lecture établie par J. Untermann, l’auteur du recueil le plus autorisé des inscriptions ibères (Untermann 1980, B.10), pour les deux fragments est la suivante : a) anbaikar b) ]titeeki[ Lecture de Lafon14 : a) anbailku b) betiteen Lecture de Hébert : a) binbaikar b) ?]kutiteegi[ 15 Le fragment a), perdu, a été interprété par J. Untermann comme l’expression d’un nom de personne étroitement apparenté avec les fréquents noms documentés dans le nord de l’Espagne, notamment dans la province d’Alava, Ambaicus, de la famille du nom de personne Ambatus, très commun dans la partie occidentale de la péninsule. Cette identification est lourde de conséquences, parce que Untermann en déduit qu’il y a eu une acculturation ibérique de la population du Sud-Ouest de la France, “qui adopta l’écriture ibère” ; autrement dit, la pièce aurait été écrite in situ par les indigènes de la région qui connaissaient l’écriture ibère et, par conséquent, il faudrait considérer le texte gravé sur la phiale comme appartenant à la langue indigène de la région16. La deuxième inscription restait sans explication. 10111213141516- César, BG 3, 23 ; 3. 26. Sur le site archéologique, cf. Roux & Coffyn 1987. Lafon 1956 ; Untermann 1999. Hébert 1990. Lafon 1956. Hébert 1990, 12 et 19. Pour un commentaire plus ample, cf. Gorrochategui 2011, 69-71. linGuistique et peuplement en AquitAniA M. Hébert a eu le mérite d’avoir trouvé d’excellents parallélismes avec certaines phiales provenant de Tivissa (T), en pleine région ibérienne. L’étude comparative de ces pièces l’amène à conclure que leur lieu de fabrication était la côte levantine espagnole, d’où elles avaient été introduites dans le circuit des échanges ou des cadeaux aristocratiques, très appréciés par les chefs celtiques et aquitains17. La lecture de la phiale de Tivissa (bateiŕebaikarśokinbaikar)18 met en évidence la répétition de la séquence baikar par deux fois, qui nous éloigne de sa considération comme nom de personne. Il est difficile de savoir son sens, mais Untermann lui-même, dans un travail postérieur19, suggère qu’il peut s’agir d’un mot pour désigner “une sorte de vase, pot, plat de valeur, étant donné qu’il ne s’utilise pas sur plomb mais seulement sur des objets de valeur”. M. Hébert maintient l’interprétation comme nom de personne. La deuxième pièce, malgré sa grande fragmentation, nous fournit une séquence de signes, qui admet une analyse raisonnable à partir de notre connaissance de la langue ibère : ]kutiteeki[ peut être analysé comme la partie finale d’un nom de personne -kuti, auquel s’ajoute le suffixe d’agent -te, suivi immédiatement par le mot ekiar, dont on conserve uniquement la partie initiale. Nous sommes, donc, devant une formule ibère, bien connue parmi les artisans qui signent leurs produits de cette manière, c’est-à-dire : Nom de personne + suf. -te + ekiar (p. ex. la mosaïque de Caminreal, la falcata de Sagunto, la céramique de Lliria, etc.)20. Tout ceci nous conduit à penser à une production typiquement ibérique, faite entièrement par des artisans ibères, dans leurs ateliers spécialisés, et gravée aussi en territoire ibère par les artisans eux-mêmes, avant sa mise en circulation. Tandis que les trésors monétaires retrouvés permettent d’établir, avec une grande vraisemblance, des relations historiques entre la zone la plus au sud-ouest d’Aquitania (Pays Basque, Béarn) et les villes de la vallée de l’Èbre au temps de Sertorius, les phiales sont des témoignages précieux pour suggérer des rapports encore plus anciens, d’environ la fin du iiie s. a.C. Il faut s’interroger sur les circonstances des échanges et la voie de pénétration en Aquitaine occidentale. En acceptant comme leur probable lieu d’origine le Levant espagnol, on peut envisager deux voies alternatives de pénétration : soit à travers les villes ibériques de la Narbonnaise, en utilisant la voie naturelle Aude-Toulousaine (cf. par exemple les inscriptions peintes sur les amphores de Vieille Toulouse, B.31 sur la carte), soit en utilisant la voie de pénétration de la vallée de l’Èbre et en traversant les Pyrénées par leur partie centrale (Haute-Garonne) ou, mieux encore, par les ports du territoire vascon. La deuxième voie me semble plus probable, car si des contacts culturels prolongés entre l’Aquitaine et la Narbonnaise avaient eu lieu, nous devrions constater une continuité de restes matériels et de noms de personnes et de lieux ibériques dans toute la partie septentrionale de la chaîne pyrénéenne. lA documentAtion secondAire : les noms propres Étant donné que les textes préromains trouvés en Aquitaine et dans la zone limitrophe hispanique ne sont pas significatifs comme expression de la langue du lieu, il est nécessaire d’étudier la documentation secondaire ou indirecte, autrement dit, l’onomastique indigène transmise sur les inscriptions latines de la région, à laquelle on peut ajouter quelques noms de peuples ou de lieux transmis par les textes grecs et latins. 17181920- Hébert 1990, 30. Untermann 1990, C.21.2. Untermann 1999, 624-625. Voir de Hoz et al. 1998, n°94, p. 269 ; Gorrochategui 2002, 300-301. 21 22 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes Avant d’entrer dans les détails de l’onomastique indigène que je viens de nommer, il serait souhaitable de préciser les limites de la documentation, parce que la présence des inscriptions latines n’est pas égale dans toute l’Aquitaine. Tandis que dans la zone orientale – c’est-à-dire la région pyrénéenne qui déverse ses eaux dans la Garonne et la plaine du Gers – nous avons affaire à une densité épigraphique très grande, jusqu’aux lieux les plus éloignés des hautes vallées pyrénéennes, dans la zone occidentale – c’est-à-dire tout le bassin de l’Adour, le Pays Basque et les Landes – l’épigraphie reste limitée aux centres urbains et en quantité très réduite. La grande densité de l’épigraphie latine à l’époque impériale se trouve, donc, dans les cités des Convenae et des Consoranni, (les modernes régions de Comminges et de Couserans). Il y a aussi un nombre remarquable d’épigraphes dans la cité des Ausci, non seulement dans son chef-lieu, Elimberris aujourd’hui Auch, mais aussi sur son territoire. L’Aquitaine occidentale est, par contre, une zone presque vide de témoignages, à l’exception des agglomérations urbaines comme Dax (anc. Aquae Tarbellicae) et Aire-sur-l’Adour (anc. Aturenses). D’autre part, bien que cela semble paradoxal, l’onomastique indigène n’est attestée que dans l’Aquitaine orientale. Dans la partie occidentale, on ne retrouve que des noms romains. Il en résulte une relation directe, qui peut paraître contradictoire, entre les deux caractéristiques que je viens de citer : la distribution de la densité d’inscriptions latines, d’une part, et le témoignage de l’onomastique indigène par rapport à l’onomastique latine, d’autre part : plus on atteste d’inscriptions latines, plus on a de noms indigènes ; et, par contre, moins une cité fournit d’inscriptions latines, plus elle s’avère romanisée ou “latine”. Il ne s’agit que d’une contradiction apparente. Avant de juger les documents, il faut tenir compte d’une question préalable : l’accès de la population à l’utilisation courante de l’écriture latine, qui est le premier stade de la romanisation. Si ce contact n’existe pas, il n’est guère probable que la population puisse laisser un quelconque document écrit. C’est l’explication la plus raisonnable pour la partie sud-ouest de l’Aquitaine, la plus éloignée de tous les foyers romanisateurs des alentours : Bordeaux, Toulouse et Saint-Bertrand-deComminges, au nord de la chaîne, et Saragosse et les cités de l’Èbre, au sud. On ne peut penser, comme G. Bähr le faisait encore21, suivant les vieilles idées d’Oihénart et de F. Bladé, que cette région aquitaine, qui en époque pleinement historique sera connue comme basque, avait été complètement romanisée pendant l’Empire romain et vasconisée ou basquisée après, pendant l’Antiquité tardive22. Le manque de noms indigènes nous montre, bien au contraire, que les indigènes n’étaient pas habitués à l’usage de l’écriture, restant à l’écart du processus de romanisation qui se manifeste dans les classes dominantes des agglomérations importantes. Autrement dit, il semble que l’Aquitaine occidentale reste moins perméable à l’influence des innovations culturelles d’origine méditerranéenne, parmi lesquelles il faut compter l’habitude épigraphique (epigraphic habit)23. Si nous considérons le matériel onomastique attesté, il peut être identifié, du point de vue de son origine linguistique, comme appartenant à deux langues différentes, qui correspondent à deux couches chronologiques successives : les noms d’origine proprement aquitaine ou basque et ceux d’origine gauloise. Nous sommes ainsi face à un essai de classification linguistique des noms propres, qui présente plusieurs degrés de difficulté. Il y a des noms qui, grâce à l’existence de parallélismes bien clairs, sont considérés comme faisant vraisemblablement partie d’un ensemble ou de l’autre. 21- Bähr 1948, 43. 22- Pour une histoire de la recherche, cf. Gorrochategui 1984, 70-99. 23- Sur ce point, cf. Gorrochategui 2010a. 23 linGuistique et peuplement en AquitAniA Nom aquitain andere, andereni attaco ennehanna, hannabi senius, senicco, seniten sembus, sembeco nescato ombecco cison, cisonten ................. andossus harsi oxson aher-belste (nd) asto-ilunno (nd) sosonis .............. ilunno, ilunni lurcorr[ belex, harbelex ............ andrecconi, sembecconi andere-seni, hautense bihotarris, hontharris cison-ten, seni-tennis nesca-to, andos-ton Correspondant basque andere ‘dame’ aita ‘père’ ene ‘mon, ma’ anaie ‘frère’ sehi, sein ‘garçon’ seme ‘ils’ neska, neskato ‘jeune ille’ ume ‘enfant’ gizon ‘homme’ ...................... hartz ‘ours’ otso ‘loup’ akher ‘bouc’ asto ‘âne’ (?) zozo ‘merle’ ............ ilhun ‘obscure’ lur ‘terre’, beltz ‘noir’ ....................... -ko diminutif -tar (appartenance) -to diminutif Emploi au Moyen Âge Andere, Andrerezu, etc. Aita, Egga, [Chamartin] Enneco Annaye, [Minaya Alvar F.] Seina Semea Nescato Umea Guiçon ................ andosco ‘bélier’ Arza, Garcés - Arceiz Ochoa, Ossoco Aker (çaltua), akelarre çoça yturri .................... Illuna, Yluna Belça, Balça, etc. .................. Ochoco, Çatico, Enneco Belastar, Ahoçtarreç Belascotenes, Osote Nunuto, Allavato ——— Fig. 2. Tableaux. Éléments onomastiques aquitains avec leurs correspondants en basque et en onomastique médiévale. ——————— A) Exemples de noms aquitains (sur le tableau, fig. 2). B) On retrouve également un nombre appréciable de noms gaulois bien clairs : Belisamae (dat. divinité, St.-Lizier, Ariège) Casidanni (gén. Saint-Cizy, Cazères, H.P.) Cintugnati (gén. Arnesp, Valentine, H.G.) Dannorigis (gén. Saint-Lizier, Ariège) Dunomagius (Saint-Lizier, Ariège) Eppamaigi (gén. Saint-Bertrand-de-Comminges, H.G.) Solimati (gén. Gimont, Gers) Solimari (gén. Saint-Lizier, Ariège), Toutannorigis (gen. St.-Lizier): noms composés qui contiennent des éléments gaulois connus, comme cintu‘premier’, gnato- ‘né’, maro- ‘grand’, ep(p)o- ‘cheval’, danno- peut-être ‘juge’ ou autre titre , donno- ‘noble’, magio‘grand’, touta- ‘peuple’, rig- ‘roi’. On observe également une grande présence de noms simples ou dérivés comme Aconi (gén. Chiragan, H.G.) Camuli (gén. Lectoure, Gers) 24 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes Cassilli (gén. Martres-Tolosane, H.G.) Congi (gén. Bramevaque, Barousse, H.P.) Dannoni (gén. Prat, Ariège), Dannonia (Ardiège, H.G.) Donni (gén. Saint-Lizier, Ariège) Litano (dat. Valentine, H.G.) Sintus (Saint-Béat, H.G.) Trocci (gén. Saint Girons, Ariège) Venusius, Vinusius (Gers) Parmi les plus sûrs, nous constatons la présence d’éléments gaulois connus comme camulo- ‘servant’, donno‘noble’, litano- ‘large’, sentu- ‘chemin’, trougo- ‘malheureux’, veni- ‘famille’. Mais à côté des noms de classification certaine, il y en a d’autres moins clairs, ou douteux ou ambigus. La décision la plus fréquente, prise par la majorité des savants qui ont traité la question, a été de valoriser l’interprétation gauloise. On trouve l’exemple le plus récent de cette démarche dans le répertoire des noms de personnes celtiques rédigé par X. Delamarre 24, où beaucoup de noms provenant exclusivement de l’Aquitaine méridionale ont été expliqués comme celtes. Une connaissance plus approfondie de l’onomastique aquitaine a permis une interprétation plus appropriée de certains noms, qui auparavant étaient considérés comme gaulois : le cas le plus éloquent est celui de Senius et de ses dérivés. A. Luchaire et les chercheurs postérieurs qui ont défendu l’identité basco-aquitaine, comme G. Bähr25, interprétaient cet anthroponyme à travers le gaulois seno- ‘vieux’. La différence de thème dans les noms aquitains qui finissent toujours en -i (seni-) a amené Michelena26 à rejeter la comparaison traditionnelle et à relier Senius avec le basque sehi, segi, sein ‘garçon’, qui vient de <*seni. Quoi qu’il en soit, l’incertitude persiste dans l’analyse d’un nom simple comme Senius, puisqu’on peut utiliser aussi bien la base aquitaine seni- que la base gauloise seno- : – dans le premier cas, il s’agirait d’une adaptation latine avec maintien du thème, – dans le second cas, ce serait une formation gauloise dérivée en –yo. Dans de nombreux cas, ce sont des critères extérieurs, pas strictement linguistiques mais contextuels, qui nous orientent d’un côté ou de l’autre, dans chaque cas concret. Ainsi, dans l’inscription CIL, XIII, 174 provenant d’un lieu situé entre Landorthe et Saint-Gaudens (Haute-Garonne), où l’on lit Aherbelste deo Senius et Hanna Procul(i f ?), aussi bien la divinité indigène que l’autre nom de personne – probablement celui d’un frère – situent Senius dans un contexte éminemment aquitain. Par contre, l’onomastique documentée de l’inscription CIL, XIII, 311 (Bramevaque), où l’on peut lire I.O.M. Senius Conditus Congi f.v.s., désigne plutôt un citoyen romain d’origine gauloise qui a adapté son nom indigène en nomen latin. Certaines inscriptions illustrent les différents phénomènes de contact qui se produisent dans des sociétés bilingues : a) couple mixte composé d’un membre au nom gaulois et de l’autre au nom aquitain : Cintugnatus Edunxe (CIL, XIII, 11005 : Arnesp) (fig. 3) ; b) des enfants qui ont latinisé complètement leurs dénominations 24- Delamarre 2007. 25- Bähr 1948, 41-42. 26- Michelena 1954, 419, 433 (=1985, 417, 428). linGuistique et peuplement en AquitAniA ——— Fig. 3. Autel votif à Jupiter provenant d’Arnesp, dédié par un couple mixte du point de vue ethnologique. (Musée Saint-Raymond de Toulouse ; cl. J.G.). ——————— ou bien ont changé de tradition, de l’aquitain au gaulois, par exemple, au cours d’une génération (Dannonia Harspi filia, CIL, XIII, 118 : Ardiège), ou du gaulois à l’aquitain, comme on le voit dans plusieurs inscriptions : Hannaro Dannorigis f. (CIL, XIII, 5 : Saint-Lizier), Anderexso Condannossi f. (CIL, XIII, 324 : Caubous), Silex Eppamaigi f. (CIL, XIII, 11011 : Saint Bertrand-de-Comminges) ; dans ce dernier cas, tous les noms de la génération suivante sont aquitains (Odox(us), Lohitton, Andosten et Andossus), décision favorisée sûrement par le fait que Silex a épousé un homme appartenant à une famille aquitaine Borsus Adeili f. De l’observation des phénomènes de contact entre ces deux traditions, on obtient une conclusion remarquable : le maintien persistant de l’onomastique aquitaine face à la pression gauloise, phénomène qui caractérise la région face au comportement d’autres zones, comme la Narbonnaise où la couche onomastique ibérique a vite disparu face à la poussée gauloise et postérieurement latine. Tandis que dans la Narbonnaise, la riche tradition épigraphique et onomastique ibère, qui remonte au ve s. a.C., a disparu presque complètement vers l’époque d’Auguste, remplacée par la couche gauloise, l’Aquitaine a maintenu longtemps sa tradition ancestrale, enracinée dans sa langue et onomastique, dont témoignent les plaques d’argent trouvées à Hagenbach sur le 25 26 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes Rhin et datées du milieu du iiie s. p.C.27, ainsi que certains autels votifs provenant de sanctuaires de montagnes, datés également entre le iiie et le ve s. p.C.28 Les phénomènes de contact linguistique expliquent aussi une autre caractéristique saillante de certains noms d’origine gauloise : la création de noms hybrides gallo-aquitains à partir de thèmes nominaux appartenant à l’une et l’autre tradition, et l’adaptation phonétique ou graphique de certains noms gaulois aux schèmes aquitains. Ainsi, Attaiorigis (gén., CIL, XIII, 463 : Auch) et Belheiorigis (gén., CIL, XIII, 90 : Gourdan, HG) sont des noms hybrides, dont le second élément du composé, le gaulois -rig, s’ajoute à un élément aquitain. Le nom Condannossi (gén., CIL, XIII, 324 : Caubous) admet plus d’un analyse dans sa partie gauloise (base double con-danno- ‘juge’ ou bien condo- ‘tête’), tandis que sa partie finale, en correspondance, peut être analysée comme portant le nom fréquent aquitain Andossus - Annossus ou bien seulement le suffixe -oss. Les cas Bersegi (gén. CIL, XIII, 456 : Auch), Bocontia (nom. fém. CIL, XIII, 160 : Sarrecave) ou Cahenna (nom. fém. ILTG, 136 : Lasséran, Gers) montrent vraisemblablement une adaptation des noms gaulois Versegus, Vocontia et Caena à la phonétique aquitaine, qui ne connaissait pas dans son système la sémi-consonne /w/ ni la diphtongue /ae/. J’ai montré auparavant la différence entre l’Aquitaine orientale et occidentale, en ce qui concerne la distribution des noms latins et indigènes. Si nous observons maintenant plus en détail la distribution de l’onomastique indigène, il est significatif que, alors que les noms d’origine aquitaine, en plus ou moins grande proportion, se trouvent partout, les noms d’origine gauloise se limitent aux zones les plus orientales (notamment la région du Couserans), aux zones les plus proches de la Garonne (en dehors de son cours pyrénéen) et aux plaines les plus proches des foyers gaulois de Tolosa (Toulouse), Aginnum (Agen) et Burdigala (Bordeaux). En outre, on remarque un gradient territorial entre la distribution des noms gaulois les plus purs et ceux qui montrent un degré d’adaptation à la langue aquitaine, soit dans leur formation hybride, soit dans leur phonétique, de sorte que ces derniers pénètrent plus à l’ouest que les premiers29. Il est également très significatif, dans ce sens, que les nouvelles études archéologiques entreprises ces dernières années dans la région coïncident avec cette bipartition de l’Aquitaine, d’après le registre matériel et culturel de ces deux grandes régions. Selon les propos de P. Gardes, “un aperçu rapide des principales productions permet de distinguer nettement deux grandes aires culturelles : le Gers et ses marges d’une part, les Landes et le front pyrénéen d’autre part”30. Une des caractéristiques de la zone du Gers est sa céramique faite au tour, de type celtique (elle s’apparente de manière frappante avec la vaisselle toulousaine contemporaine), qui contraste avec celle de l’Aquitaine occidentale où prédomine la céramique faite à la main ; il y a aussi une nette différence dans la présence d’importations méditerranéennes, qui n’atteignent pas la zone occidentale, ainsi que dans la présence de monnaies. lA toponymie La toponymie antique pose des problèmes particuliers. Il est difficile de trouver dans la documentation toponymique aquitaine des séries étendues de noms de lieux formés de la même façon, de telle sorte que nous puissions obtenir des conclusions linguistiques et géographiques sûres, à l’exception des noms ethniques en -ates. Il nous reste l’analyse comparative avec des toponymes d’autres ensembles – mieux connus comme les ibériques ou les celtes – qui puisse rendre compte de certains noms de lieux isolés. 27282930- Gorrochategui 2003. Schenck-David 2005, 36-8, 62-6, 84 et 97-8 ; Gorrochategui 2010b, 66 et 84-87. Gorrochategui 1989, 24-30. Gardes 2002, 58. linGuistique et peuplement en AquitAniA Les relations basco-ibériques dans un sens fort, traditionnellement établies sur le matériel toponymique et lexical, se sont révélées inconsistantes au fur et à mesure que notre connaissance des inscriptions ibériques a progressé. Mais au stade de connaissance de la langue aquitaine, il existe des similitudes notables entre l’ibère et l’aquitain dans l’inventaire et la distribution des phonèmes et dans l’aspect extérieur de certains morphèmes, de sorte que très souvent la classification précise d’un nom (qu’il s’agisse d’un toponyme ou d’un anthroponyme), dans l’une ou l’autre langue, reste difficile. Ainsi, dans le nom de personne Dannadinnis (gén.), nous pouvons isoler un élément -adin-, qui admet une comparaison aussi bien avec le basque adin ‘âge, intelligence’ qu’avec l’élément onomastique ibérique Aden/atin.31 D’autres arguments extérieurs et contextuels doivent intervenir pour nous infléchir d’un côté ou de l’autre. La capitale des Ausci, l’actuelle Auch, est dénommée Elimberrum par Mela, comme dans l’Itinéraire d’Antonin (Climberrum) et la table de Peutinger (Eliberre). Il s’agit d’un nom de lieu qui a une large diffusion en domaine ibérique, depuis Eliberris près de Grenade (Andalousie) jusqu’à l’Eliberris narbonnaise, l’actuelle Elne. En territoire vascon, nous avons la ville de Lumbier – en basque Irunberri – qui est très probablement la continuité de la mention de Pline (3.24) des Iluberitani. À la même base appartient l’ancien nom de la ville d’Oloron, qui remonte à l’Iluro des sources antiques, à laquelle on peut ajouter le nom de la ville de Lourdes qui, selon X. Ravier32, remonte également à la base *ilur-ta, variante de la fameuse Ilerda, en ib. iltirta. Le toponyme Calagorris, identifié avec l’actuelle ville de Saint-Martory, présente un parallélisme précis et unique dans la Calagurris vasconne de la vallée de l’Èbre, l’actuelle Calahorra. Si on isole l’élément -gurri, nous sommes limités géographiquement à une zone vasconne avec Grachurris en parallèle ; s’il faut isoler -gorri, les parallélismes aquitains et basques sont clairs et répétés. Nous pouvons en dire autant de la capitale des Beneharni, l’actuelle Lescar, qui remonte à une forme Lascurris non documentée, semble-t-il, avant 98033 : probablement du basque lats ‘ruisseau, fleuve’. En définitive, nous nous trouvons devant un ensemble de noms de lieux qui connecte l’Aquitaine avec une zone culturelle ibérique plus vaste, à l’intérieur de laquelle les relations les plus étroites existent avec les terres vasconnes jusqu’à l’Èbre. À côté de ces toponymes culturels de vaste diffusion, nous en trouvons d’autres à l’étymologie obscure ou difficile, bien que d’aspect local : Bigerriones, dans les sources du Haut-Empire, et Bigorra, dans celles du Bas-Empire, présentent un élément qui peut être mis en relation avec le déjà mentionné –gorri ; Benearnum, l’ancien nom de Béarn contient peut-être un élément protobasque *bene- ancêtre de mehe ‘fin, étroit’ ou de behe ‘bas’. Cependant, il y a, à côté de ces toponymes, d’autres noms de nette origine celte : de Pinpedunni, formation gauloise avec un sens précis de ‘les cinq peuples’, à Cambolectri, en passant par Sennates et Vasaboiates, de la liste des peuples aquitains transmise par Pline. La capitale des Convenae est dénommée Lugdunon par Strabon et par Ptolémée, comme Lugdunum des Segusiavi sur le Rhône (Lyon), capitale des Gaules et siège du culte impérial. Cet exemple illustre peut-être mieux qu’aucun autre le problème posé par la diverse nature des sources : en Convenae, nous avons une dénomination du toponyme ethnique d’origine latine et descriptive, “nom qui signifie ramassis” selon Strabon, avec une capitale au nom purement gaulois, Lugdunum, alors que la population porte majoritairement des noms aquitains et adore des divinités pyrénéennes aussi d’origine aquitaine. On suppose généralement que les noms de lieux renvoient à des strates chronologiques assez anciennes et qu’ils sont plus aptes que les noms de personnes à éclairer la préhistoire linguistique d’un territoire ; mais le cas des Convenae nous montre que cela n’est pas toujours le cas. De toute façon, l’Aquitaine a subi soit une pénétration 31- La ressemblance avec le nom ibérique Tannegadinia (provenant de Lliria, CIL, II, 3796) suggère une adaptation du nom ibérique, tant aux habits articulatoires de l’aquitain (adoption de la sourde initiale comme sonore, ce qui arrive avec les emprunts latins au basque), qu’aux éléments onomastiques en usage dans la région : danno-. Récents hypothèses sur l’origine de basque adin posent aussi des difficultés à la comparaison. 32- Ravier 2011, 1116-1117. 33- Lot 1953, 204. 27 28 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes réelle, soit une influence culturelle des peuples gaulois, qui se manifeste dans les noms de beaucoup de toponymes et ethniques transmis par les sources. Une caractéristique de ces noms est la fréquente présence du suffixe -ates. Sur plus de 30 noms de peuples de l’Aquitaine, cités par les sources anciennes, depuis César jusqu’aux itinéraires, parmi lesquelles on distingue la liste de Pline34, il y en a une quinzaine qui présentent ce suffixe ; à commencer par des peuples importants, comme les Lactorates ou les Sosiates, jusqu’au plus obscurs, comme les Sybillates ou les Cocosates. Apparemment nous sommes devant le même suffixe, qui apparaît dans certains noms de peuples gaulois comme les Atrebates, Nantuates, etc.… ; dans notre cas, ce suffixe est appliqué à un toponyme préalable pour former le nom des habitants du lieu et, par extension, du territoire. L’extension du suffixe était totale, puisque il était employé non seulement dans les noms des peuples les plus septentrionaux ou orientaux, c’est-à-dire les plus proches des terres gauloises, mais aussi dans les noms des plus petits peuples isolés de la chaîne pyrénéenne. On pourrait penser qu’il s’agit d’un fait de transmission aux sources latines, qui reçurent ces noms par l’intermédiaire des Gaulois, mais la documentation épigraphique – dont une est apparue très récemment35, comme l’autel provenant de Vignec (H.P.) avec la mention de quelques pagani Neouates et Harexuates (ceux-ci porteurs d’un nom hybride gallo-aquitain) – plaide en faveur d’un procédé réellement enraciné en Aquitaine. Procédé dont il n’existe aucun témoignage sur l’autre versant de la chaîne pyrénéenne, comme c’était la règle avec les noms ibères cités auparavant. lA toponymie moderne Il revient à deux romanistes, G. Rohlfs36 et J. Séguy37, le mérite d’avoir identifié l’aire toponymique des noms de lieu gascons en -os, qui devint l’image la plus nette et claire du domaine linguistique aquitain. Rohlfs regroupa et cartographia tous les toponymes gascons en –os qui, comme leurs parallèles méridionaux aragonais et navarrais en -ués et basques en -oz et -otze, coïncidaient d’une façon surprenante avec l’extension que la langue aquitaine devait avoir dans l’Antiquité (fig. 4). Il proposa aussi une explication sémantique à tous ces toponymes : en partant de la constatation que, dans beaucoup de cas, la présence d’une base anthroponymique était évidente (par exemple Baliròs tiré de Valerius, Lauròs de Laurus, Vidalòs de Vitalis, etc…) – à la façon des plus communs des toponymes latins en -anum ou gallo-romains en -acum – il supposa qu’il s’agissait de toponymes qui servaient “pour désigner le domaine d’un propriétaire”. Bien que dans beaucoup d’autres cas, il soit difficile d’identifier cette base anthroponymique comme dans Biscarosse provenant du basque bizkar (‘dos, colline’, cf. Vizcaya, Bizkai), il n’y a pas de meilleure explication alternative. Cependant, demeurent quelques questions dignes d’intérêt en relation directe avec la langue basque, qui devraient être étudiées avec plus d’attention. D’abord nous avons la question de la distribution territoriale. Rohlfs lui-même indiquait que ces toponymes dans le sud “atteignent leur maximum de densité au nord de Huesca et, surtout, entre Jaca et Pampelune, c’est-à-dire dans un domaine où l’on peut noter une extraordinaire densité de survivances basques” disait-il38. Ceci faisait correspondre leur aire de distribution avec le territoire des anciens Vascons. Mais, comme A. Echaide le fit remarquer plus tard39, cette formation n’est pas attestée à l’ouest du territoire vascon ancien, c’est-à-dire qu’elle ne pénètre pas dans l’actuel territoire des trois provinces basques au point que ce phénomène 343536373839- Pline, Nat., 4.19 ; pour un commentaire historique et philologique, cf. Duval 1955. Fabre 2004. Rohlfs 1952. Séguy 1951. Rohlfs 1970, 32. Echaide 1967. linGuistique et peuplement en AquitAniA ——— Fig. 4. Noms de lieu en -os, -osse, -oz, -ués (source : Maurin et al., dir. 1992). ——————— 29 30 l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes pouvait être considéré comme un indice de non-basquitude ou au moins d’altérité culturelle. Les recherches archéologiques sur l’âge du Fer en Gipuzkoa et Navarre, menées ces deux dernières décennies par Peñalver et d’autres, montrent une coïncidence avec la frontière culturelle entre ces deux territoires, pour ce qui concerne les structures funéraires connues sous le nom de cromlechs40. Nous pouvons aussi nous interroger sur la période de leur formation dont Rohlfs ne dit rien. Le fait qu’ils apparaissent sous forme de réseaux denses, appliqués à des lieux de petite ou moyenne dimension, fait penser que le processus fut en vigueur jusqu’aux premiers temps de la documentation médiévale. D’autre part, il semble qu’il s’agisse d’un reflet ou d’une copie culturelle des formations latines en -anum et gallo-romaines en -acum, avec lesquelles elle est en concurrence territorialement. Du point de vue linguistique, le suffixe présente des difficultés comparatives : D’abord il n’existe pas dans la langue basque historique, ni dans celle qui est immédiatement antérieure à l’époque médiévale dans laquelle les formations toponymiques typiques utilisent les suffixes -eta et -aga considérées, selon Michelena, comme des suffixes de flexion (c’est-à-dire ajoutés au mot de base de la même façon que s’ajoute l’article : elorrieta, elorriaga), ou des suffixes de dérivation comme -za, -zu : elorza, elosu, provenant tous de elorri ‘aubépine’. Cela en fait un suffixe fossile qui n’était plus en vigueur dans la nouvelle période créative de la langue basque que l’on tente de situer entre la chute de l’Empire romain et la première documentation à partir du xe s., dans la zone basco-pyrénéenne la plus occidentale. On peut soutenir malgré tout l’existence d’un suffixe -os(s)- dans la langue aquitaine, à en juger par la relation entre Ilunn-o et son dérivé Ilunn-os-i qui s’enrichit d’autres exemples : Condann(o)-oss-i à côté de Danno-rig-is, la divinité Bai-osi à côté de Bai-gori-xo et la variante avec un autre suffixe semblable Bai-se ; d’autres n’ont pas de parallèles : Alardossi (div.), Bortossi (gén. masc.), Odossi (gén. masc.). Comme il y a aussi d’autres cas dans lesquels apparaît un élargissement en sifflante comme Ahoissi, Haloisso, qui est variante de (H)aloassi, on peut penser à l’existence d’élargissement en sifflante avec voyelle variable : -ass, -iss, -oss dont il y a des indices dans la langue basque : -bel : beltz ‘noir’, bera : beratz ‘mou, bénin’, bele ‘corbeau’ : belatz ‘épervier’. Enfin il existe un autre problème de nature différente : le manque d’attestation dans les documents anciens. Il est certain que les données qui font référence aux toponymes provenant de l’Antiquité sont très rares et, dans beaucoup de cas, peu sûrs. Mais il est frappant qu’il n’y ait pas de témoignages clairs d’une formation qui, par la suite, nous paraîtra être le symptôme ou la face la plus visible de l’aquitanité. Ni parmi les noms transmis par les historiens anciens, en commençant par Jules César, ni parmi ceux que nous devons à des géographes comme Strabon ou Ptolémée, nous ne trouvons rien qui puisse être mis en relation avec notre suffixe aquitain -oss(o) : Coequosa et Segosa de l’Itinéraire d’Antonin doivent plutôt se rattacher à des toponymes comme Tolosa. L’unique cas isolé provient aussi de l’Itinéraire d’Antonin Boios qui fait référence à la population qui dans d’autres sources du Haut-Empire (Pline) et du Bas-Empire (Notitia provinciarum), est toujours cité Boiates. Si nous admettons que la base en est le celte *boio- ‘frappeur’, présent dans le nom du fameux ethnique Boi, nous aurons, d’un côté, une typique formation en -ates avec des parallèles dans d’autres ethniques gaulois et, d’autre part, notre toponyme aquitain Boios, attesté dans une source tardive et pas toujours très digne de foi comme l’est l’Itinerarium Antonini Rohlfs étudia aussi l’extension géographique des toponymes gallo-romains en -acum et, spécialement, leur pénétration dans la partie occidentale de l’Aquitaine, en établissant sur la carte la limite extrême de la diffusion compacte des toponymes en -acum et en-anum ; celle-ci ne pénètre pas dans la moitié occidentale du triangle et se limite aux terres des Ausci, Convenae et des Bigerriones non-montagnards41. 40- Peñalver 2001. 41- Rohlfs 1970, 27-9, carte p. 31. 31 linGuistique et peuplement en AquitAniA Cette différente distribution territoriale des toponymes gallo-romains en -acum et des toponymes aquitanoromains en -os coïncide avec la tendance observée dans la distribution des noms de personnes indigènes : tandis que les noms d’origine aquitaine se concentrent dans les zones les plus montagneuses et occidentales, bien qu’ils soient aussi attestés dans tout le domaine aquitain, les noms d’origine gauloise montrent une distribution plus orientale et se concentrent surtout dans la plaine gasconne. En conclusion, je pense que l’on peut ordonner les différentes données linguistiques que nous trouvons dans la région de la façon suivante : a) Il existe une couche linguistique basque-aquitaine représentée par les noms de personnes et de divinités aquitaines, étendus dans tout le domaine aquitain et la zone vasconne hispanique. b) Cette zone a subi l’influence culturelle ibère, que l’on aperçoit dans les toponymes en ili-, comme Iliberris, Iluro, ou le nom de lieu Calagurris. Les phiales d’Aubagnan représentent une expression physique de cette influence culturelle. À mon avis, la voie de pénétration a été la partie occidentale de la chaîne (Navarre, Huesca), comme prolongation de l’aire culturelle ibère de la vallée de l’Èbre. c) Les toponymes en -os appartiennent aussi à l’ancienne couche aquitaine, bien que la diffusion extrême dans tout le domaine gascon et basque-aragonais soit, probablement, postérieure. d) L’Aquitaine a subi aussi une profonde influence gauloise, plus remarquable au fur et à mesure que l’on s’éloigne des Pyrénées vers le nord et l’est de la région. Les témoins de cette pénétration sont : les noms de personnes et de divinités gauloises, les noms de peuples en -ates, et postérieurement les toponymes romans en -ac. Cette influence se limite toujours à l’Aquitaine, sans que les territoires hispaniques du versant méridional des Pyrénées aient été affectés, sauf d’une manière très faible. Bibliographie Arenas-Esteban, J. A., dir. (2010) : Celtic Religion between Time and Space, 9e Workshop FERCAN, Molina de Aragón 2008, Toledo. 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