haïr
(Mot repris de haïes)*haïr
[ air] v.t. [ du frq. ]HAÏR
(ha-ir) , je hais, tu hais, il hait, nous haïssons, vous haïssez, ils haïssent ; je haïssais ; je haïs, tu haïs, il haït, nous haïmes, vous haïtes, ils haïrent (plusieurs grammairiens disent que le tréma ne dispense pas de l'accent : haïmes, haïtes) ; je haïrai ; je haïrais ; hais, haïssons, haïssez ; prés. du subjonctif : que je haïsse, que tu haïsses, que nous haïssions ; imparf. du subjonctif : que je haïsse, que tu haïsses, qu'il haït, que nous haïssions, que vous haïssiez, qu'ils haïssent ; haïssant ; haï v. a.REMARQUE
- 1. Ce fut Joachim du Bellay, au XVIe siècle, qui se permit l'un des premiers de dire je hais pour je haïs. Il en fut repris par Charles Fontaine, l'un de ses contemporains [GÉNIN, Variations du langage]C'est une erreur de Génin ; on peut voir à l'historique que la contraction remonte aux temps les plus anciens, le présent étant écrit je hé ou il hait.
- 2. Voltaire a deux fois manqué à aspirer l'h : Je meurs au moins sans être haï de vous [VOLT., Enf. prod. IV, 3]Et :Aurait rendu comme eux leur dieu même haïssable [VOLT., Alz. I, 2]C'est une grosse faute.
HISTORIQUE
- XIe s. Sous ciel n'a home que tant [il] voille haïr [, Ch. de Rol. XCIII]
- XIIe s. Dient Paien : cist mout fait à hahir [, Ronc. p. 74]Paien s'en fuient, qui heent la meslée [, ib. p. 146]En lui [elle] [il y] a tant de vigor Qu'el hée sa deshonor [, Couci, I]Que vivre irez [irrité] et m'amie haïr [, ib. IX]Pour ce [je] me hé et sui mes malveillanz [, ib. X]Mais cil quatre felun e li Deu enemi [les ennemis de Dieu], Pur lur malvaise vie furent de Deu haï [, Th. le mart. 136]Tus ceus qui cest conseil li dunerent harra [il haïra] [, ib. 29]Biax niés [beau neveu], dist-il, molt par ies de haut pris [tu es de très haut prix], Bien hez de cuer trestoz tes anemis [, Raoul de C. 209]E il avoit coraige de hayr le mal [, Machab. II, 3]
- XIIIe s. Et se vos me laissiés, li Grieu me heent durement pour vos, et je reperdrai la terre [VILLEH., LXXXVIII]Tant [elle] fist que mortalment partout se fist haïr [, Berte, LXIII]Isabel et Aiglente que Berte ne het mie [, ib. CXXVIII]Ainsi estoit sa fille au royaume haïe [, ib. LXXII]Ne sai beste fors que Brun l'ors Que je tant hace conme vos, Mais vos hai-ge de fine mort [, Ren. 20419]Et cil qui povres apparront, Lor propres freres les harront [, la Rose, 8218]Li guerredons soit tels qu'ele me die : Amis, bien sai que [vous] ne me haez mie [LE ROI JEAN DE BRIENNE, Romanc. p. 141]Haï me vous [me haïssez-vous] que tant vous travailliez, Qu'aie mari et de ci me chassiez ? [, Romanc. p. 74]Des or mais haic je ceste vie, Quant j'ai perdu ma douce amie [, Fl. et Bl. 784].... Ce estoit la femme que vous plus haiés, et vous en portez tel duel [deuil] [JOINV., 281]
- XIVe s. De moi [il] ne prenderoit ne or fin ne argent ; Car il me het à mort, il a jà longuement [, Guesclin. 11236]Et j'ay bien oï dire quatorze ans accomplis, Que d'un enfant haï n'a biau jeu ne biaus ris [, Baud. de Seb. XI, 80]
- XVe s. Et quand il rencontroit un homme qu'il heoit ou qu'il avoit en soupçon, il estoit tantost tué.... [FROISS., I, I, 65]La chose du monde que plus il hayoit en son cueur, c'estoit la maison d'Yorth [COMM., I, 5]
- XVIe s. Amy de paix, zelateur de justice, Hayant debatz, inventeur de concorde [J. MAROT, V, 152]Pour ceste foy serez persecutez, Hays du monde, à mort executez [ID., I, 271]Ainsi chascun, quelque part que tu sois, Hait et hairra ta fausse progenie [ID., IV, 159]Je hay la finesse [MONT., I, 96]Aimez le [l'ami] comme ayant quelque jour à le haïr ; haïssez le [l'ennemi] comme ayant à l'aimer [ID., I, 215]Je hais à mort de sentir au flatteur [ID., I, 292]Les Gaulois haïssoient ces armes traistresses [ID., I, 363]Les medecins hayent les hommes sains, Car rien par eux ne leur est presenté [ST-GELAIS, 107]Quiconque soit celuy qu'en vivant il languisse, Et de chacun hay luy mesme se haysse [RONS., 191]Oncques n'ayma bien qui pour si peu haït [COTGRAVE, ]
ÉTYMOLOGIE
- Wall. hére, hêre ; du germanique : gothique, hatan, haïr ; anglo-sax. hatian ; anc. sax. hetian ; allem. mod. hassen ; angl. to hate. La forme en ir indique que le mot vient plus particulièrement de l'anglo-saxon hatian ; le t est tombé comme tombe le t ou le d dans meür, du latin maturus, ouïr du latin audire, etc.
haïr
Il signifie aussi Avoir quelque chose en aversion. Haïr le vice. Haïr le péché. Haïr l'erreur. Haïr le mensonge. Par exagération : Haïr les compliments, les cérémonies.
Fig., Haïr quelqu'un ou quelque chose, comme la peste, comme la mort, Haïr extrêmement quelqu'un ou quelque chose.
hair
Hair, Odium in aliquem habere, Odio habere, Odisse.
Hair l'estat de mariage, Ab re vxoria abhorrere.
Se faire hair, Incendere in se odia, Inuidiam et odium suscipere, Cumulare sibi inuidiam.
Cela m'a fait hair le vin, Odium vini attulit hoc mihi, vel fecit: aut, Hoc mihi taedium vini adduxit.
Je hay, ou j'ay hay, Odi.
Ils hayent naturellement les chevaux, Odium aduersus equos gerunt naturale.
Nous ne le hayons point, Non alienum animum ab eo habemus.
Qui hait, Osus, Osor.
Qui hait à plaider, qui hait et fuit les proces, Homo litium fugitans, Forense pistrinum grauate versans. B.
Hay, Inuisus, Inuidiosus, Osus, Exosus.
Hay de Dieu et des hommes, Deo hominibusque inuisus.
Hay des bons, Inuidiosus apud bonos.
Estre hay, Esse odio, Odium ferre, In odio esse, Incurrere in odia, Suscipere odium alicuius.
Estre hay et malvoulu pour sa cruauté, Inuidiam crudelitatis colligere ex re aliqua.
Estre hay apres avoir esté en credit, Venire in inuidiam ex gratia.
Estre hay des ennemis, Odio apud hostes laborare.
Estre fort hay, Peruenire in maximam inuidiam, Flagrare inuidia, vel conflagrare, Opprimi inuidia, Inuidia aestuare.
Estre tousjours hay des meschans, Inuidiam suam apud improbos retinere.
Je seray hay, Veniam in odium.
Qui est aucunement hay, Subinuisus.
Il est hay pour les maulx que son compagnon a faits, Istius flagitiorum ac furtorum inuidia conflagrauit. Iunius. B. ex Cicer.
haïr
HAïR, v. act. HAïSSABLE, adj. [Ha-i, i-sable: l'h est aspirée; le haïr. * Ceux qui prétendent le plus d'haïr et de fuir le genre humain, cherchent un admirateur. Crousaz. Dites, de haïr.] Je hais, tu hais, il hait, nous haïssons, etc. je haïssais; j'ai haï (il n'a pas d'aoriste); je haïrai, haïrais; que je haïsse (pour le prés. et l'imparf. du subjonctif); haïssant, haï. = * Le P. Follard écrit toujours haït au présent; mais haït est de deux syllabes, et le vers où il l' emploie n'en demande qu'une.
En secret
Vous protégez ce Grec que votre sparte haït.
Thémistocle.
Il n'y aurait, ni rime, ni mesûre. Il falait écrire hait. "Celui qui aime l'iniquité, haït son ame. P. Berthier ou son Imprimeur. Ôtez les deux points: hait son âme. = * Me. Dacier écrit à la première persone du prés. haï avec l'ï tréma et sans s. "Je haï, plus que la mort, ceux qui déguisent leurs sentimens. Iliade. Il y a là une double faûte.
HAïR, c'est vouloir mal à... Haïr son prochain, ses énemis. "Les haïr mortellement; à mort, à la mort. — Et proverbialement, haïr comme la peste, comme la mort. = Avec les chôses pour régime, avoir en horreur; haïr le vice, l' erreur, le mensonge; ou seulement, avoir de l'aversion, de la répugnance. "Haïr les complimens, les livres, le travail, le repos, la solitude, etc. Haïr le froid, le chaud, etc. = Être haï et se faire haïr régissent {B375a~} l'ablatif. (la prép. de.) "Les génies tracassiers sont haïs, ou se font haïr de tout le monde.
REM. Mairet dans sa Sophonisbe, dit haïs à l'impératif en deux syllabes~. Haïs-moi, si tu veux, abhôrre ma persone. Cet impératif est peu usité: mais il est utile, et quelque-fois même nécessaire. Il semble qu'on devrait le prononcer ha-is en deux syllabes, plutôt que hais en une seule, tant parce que la prononciation est plus soutenûe, que pour ôter l'équivoque de ait, tems du v. avoir. Mais ce n'est pas l'usage. Eh bien! il n'y a qu'à le faire venir. = Haïr, est toujours de deux syllabes, excepté au sing. du prés. de l'indicatif: je hais, tu hais, il hait. Ces deux diférentes prononciations se troûvent réunies dans ces vers de Racine.
Et je souhaiterois dans ma juste colère,
Que chacun le haït, comme le hait son Père.
On doit être atentif à mettre le trema (les 2 points sur l'i) par-tout où haï est de deux syllabes. = Haïr, a quelquefois pour 2d régime la prép. de. "Je hais le Cardinal d'Étrées de sa bonne volonté. Sév.
HAïSSABLE, qui mérite d'être haï. Il se dit des persones; homme fort haïssable; et des chôses; "Rien n'est plus haïssable que le péché. Ah! que les procês sont haïssables.
haïr
haïr
hassen, verabscheuenhate, abhor, abominate, loathe, detesthaten, eenafschuwhebbenvan, verafschuwen, verfoeienצהב (פ'), שטם (פ'), שנא (פ'), שָׂטַם, שָׂנָאhadeμισώmalami, malŝatiodiarutálniodiarhataodiareodissehatenienawidziećodiardetesta, urîhata (ˈaiʀ)verbe transitif