André Petitjean
Université de Metz
LES FAITS DIVERS :
POLYPHONIE ÉNONCIATIVE
ET HÉTÉROGÉNÉITÉ TEXTUELLE
Introduction
Dans l'entretien qu'accordent au Français dans le Monde 1, les représentants de France-Soir, de Libération et du Monde, on notera, malgré les divergences, un commun accord des chroniqueurs pour attribuer à l'article de fait divers l'appartenance générique au récit :
« Un fait divers, c'est une histoire en soi : un phénomène de société concentré dans une histoire violente. »
Christian Colombani, Le Monde
« On s'est aperçu qu'il y a deux types de faits divers. Il y a d'abord les histoires qui contiennent en elles-mêmes le début et la fin et où l'intrigue est fermée... »
Lionel Duroy, Libération
« Nous on traite un fait divers pour l'histoire qu'il raconte. On est même contents lorsqu'il n'a aucune signification sociale. »
M. Villeneuve, France-Soir
En fonction d'une approche linguistique des textes, nous voudrions montrer que le fait divers est doublement hétérogène. Énonciativement d'abord, car il est rapporté souvent par une pluralité de « voix » et « hésite » entre un repérage déictique et un repérage anaphorique. Textuellement ensuite, dans la mesure où, dominé par une structuration narrative qui implique actions, descriptions, dialogues et commentaires, le fait divers
1. « Le fait divers : une didactique de l'insensé », M.-C. Barillaud, J. Braque, P. Dahlet, Le Français dans le Monde n° 194, juillet-août 1985, p. 78-79.
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