GABRIEL-FRANÇOIS COYER
ET SON OEUVRE EN RUSSIE
PAR
L. S. GORDON
Gabriel-François Coyer (1707-1782) est un de ces écrivains mineurs du xvine siècle de qui l'on ne se souvient que rarement. On ne trouve pas son nom dans les cours d'histoire littéraire de la France; le Manuel bibliographique de G. Lanson ne l'oublie pas, mais n'indique aucun ouvrage qui lui soit consacré. Il a été classé récemment parmi les humoristes ^; l'auteur de la notice le concernant dans le Dictionnaire des lettres françaises, tout en parlant de lui d'une manière flatteuse (« il mérite mieux que sa réputation ») ne cite à son sujet qu'un bon mot de Voltaire, mais ne sait pas apprécier son œuvre (2).
Cependant, lorsqu'on veut bien le lire, on trouve chez cet écrivain une pensée indépendante : il traite les problèmes de son temps avec audace, et sa façon de s'exprimer nous prouve qu'il est loin d'être un épigone de qui que ce soit. C'est pourquoi il a eu des admirateurs et des ennemis, témoignant les uns et les autres que ses livres ont eu du succès : on les a réimprimés et traduits, et son nom et son œuvre ont été connus en France et à l'étranger (3). Cet article ne vise qu'à tenter de préciser la fortune de cette œuvre en Russie.
Issu d'une famille pauvre, Coyer fait ses études chez les jésuites; il entre même dans la Société de Jésus pour la quitter huit ans après. Longtemps il sera précepteur dans une famille noble; plus tard la carrière littéraire le tentera. On commence à le connaître dès 1753, quand le succès de ses feuilles
t1) P. Deslardres, «Un humoriste oublié», Mémoires de l'Académie de Besançon, 1931, p. 209-222.
<2) Dictionnaire des lettres françaises, publié sous la direction de М&г Grente {Le dix-huitième siècle, Paris, 1960, tome I, p. 353).
(3) C'est en Pologne surtout que l'ex-abbé Coyer a été le mieux connu : voir la note complémentaire faisant suite à cet article, p. 82 (note de la Rédaction).
