Tour de France: Valverde, le podium patient

Alejandro Valverde devant Nairon Quintana, son coéquipier chez Movistar - AFP
Il en a pleuré. De chaudes larmes versées ce samedi au sommet de l’Alpe d’Huez, cadre de la dernière ascension du Tour avant la parade des Champs-Elysées. L’endroit où il a réalisé que plus personne ne viendrait lui piquer sa troisième place. A 35 ans, et après avoir tourné autour plusieurs fois (4e en 2014 et 6e en 2007 plus deux autres Tops 10, 8e en 2013 et 9e en 2008), Alejandro Valverde monte pour la première fois de sa carrière sur le podium de la Grande Boucle. Le vainqueur de la Vuelta 2009, qui a terminé sur la boîte… cinq autres fois lors du Tour d’Espagne (2e en 2006 et 2012, 3e en 2014, 2013 et 2003), peut afficher le sourire de la mission personnelle accomplie : « Cela fait si longtemps que j'ai l'objectif du podium du Tour... J'y suis finalement parvenu. J'ai enduré beaucoup de souffrances. Je pense à ma famille, mes quatre enfants, mes coéquipiers et le staff de l'équipe Movistar, à tous ceux qui m’ont soutenu tout au long de ma carrière. »
Auteur d’un Tour sans éclat mais très solide, celui qui compte de nombreuses classiques à son palmarès pointait à la septième place du général après la première partie de course. L’entrée en haute montagne lui sera bénéfique puisqu’il grimpera à la quatrième place à l’issue de la première étape dans les Pyrénées à La Pierre-Saint-Martin. Il ne redescendra pas plus bas. Et la troisième place de lui échoir après l’abandon de l’Américain Tejay van Garderen sur la route de Pra Loup. L’expérimenté Alejandro saura la protéger dans les trois dernières étapes des Alpes.
Les Mondiaux comme dernier grand objectif en carrière
Une défense du podium à tout prix, quitte à aller chercher lui-même Vincenzo Nibali et son « ami » Alberto Contador chaque fois que ces derniers attaquaient dans le peloton maillot jaune, qui pose des questions sur le plan de bataille collectif de l’équipe Movistar. Comme si l’Espagnol avait préféré sa troisième place à la perspective d’aller faire gagner la Grande Boucle à son partenaire colombien Nairo Quintana. « C’est le meilleur Tour de Valverde, estime notre consultant Thierry Bourguignon. C’est un coureur qui est là du début à la fin de la saison, un grand monsieur, mais il a une âme de leader et partager ce leadership est difficile pour lui. Il aurait fallu un management à la hauteur pour lui dire : ‘‘Si on veut gagner le Tour, il va falloir que tu te sacrifies’’. Malheureusement, cela n’a pas été fait. »
Membre de la Dream Team RMC Sport, Cyrille Guimard en rajoute une couche : « Pour Quintana, il y a des regrets à avoir. Ne serait-ce que sur la stratégie de course, qui n’a pas été la plus intelligente pour faire exploser un leader et ses équipiers. Il fallait sacrifier Valverde mais ça voulait dire le sortir de ce podium du Tour sur lequel il n’était jamais monté. C’était un peu ambigu. » L’intéressé évacue le débat : « Nous avons attaqué Froome au maximum. J'ai essayé d'aider le plus possible Nairo. Nous étions venus pour gagner le Tour et nous avons échoué de peu. Mais nous avons deux places sur le podium, le classement par équipes et le maillot blanc de meilleur jeune. » En début de saison, Valverde avait évoqué deux grands objectifs avant de prendre sa retraite. : un podium sur le Tour et la victoire aux Mondiaux, dans lesquels il a signé… six podiums sans monter sur la première marche. Il est à mi-chemin.