jouir
jouir
v.t. ind. [ lat. gaudere ] (de)jouir
Participe passé: joui
Gérondif: jouissant
Indicatif présent |
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je jouis |
tu jouis |
il/elle jouit |
nous jouissons |
vous jouissez |
ils/elles jouissent |
JOUIR
(jou-ir) v. n.PROVERBE
- Qui de loin se pourvoit, de près jouit.
REMARQUE
- Jouir, impliquant une satisfaction, ne se dit pas des choses mauvaises. Ainsi c'est parler ridiculement que de dire : Il jouit d'une mauvaise santé, d'une mauvaise réputation. Toutefois, quand la chose mauvaise dont il s'agit, malheur, peine, souffrance, peut être, par une hardiesse de l'écrivain, considérée comme quelque chose dont l'âme se satisfasse, alors jouir est très bien employé : Il ne croit rien avoir s'il n'a tout ; son âme est toujours avide et altérée, et il ne jouit de rien que des malheurs [MASS., cité dans GIRAULT-DUVIVIER]Je t'ai perdu ; près de ta cendre Je viens jouir de ma douleur [ST-LAMBERT, Épitaphe d'Helvétius]
HISTORIQUE
- XIIe s. Li quelz doit mieux, par droit, d'amors joïr... ? [, Couci, X]Li rois les voit, s'est encontre saillis ; Assés les a acolés et joïs, Bernier baisa et puis le sor Geri [, Raoul de C. 256]
- XIIIe s. Vieschi [voici] li roi Ricart qui est entrés en ma terre, et bien sai qu'il est outrecuidiés ; et, s'il pooit tant faire qu'il peust de moi goïr, bien sai de voir [de vrai] ne porteroie la vie [, Chr. de Rains, p. 75]Chil [celui] qui doit goïr se vie [sa vie durant] des fruis par reson du testament.... [BEAUMANOIR, XII, 12]Jà ne la querroient oïr [la vérité], Trop en porroient mal joïr, Se je disoie d'eus parole Qui ne lor fust plesante et mole [, la Rose, 11000]Joie d'amours fait tant gai Le cuer [le cœur], que c'est faerie [féerie], Que nulz qui got set celer [, Bibl. des ch. 4e série, t. V, p. 26]
- XVe s. Si jouirent chevaliers et escuyers paisiblement de leurs prisonniers [FROISS., II, II, 19]
- XVIe s. Il n'y eust rien qui leur semblast si plaisant à regarder, ne si doulx à jouir que sa compaignie et sa personne propre [AMYOT, P. Aem. 37]La santé que j'ay jouie jusques à present très vigoureuse [MONT., I, 78]Il se trouva court à jouir d'elle [ID., I, 76]L'amitié est jouie à mesure qu'elle est desirée [ID., I, 209]Jouir du privilege de.... [ID., I, 234]La solitude se puelt jouir au milieu des courts [ID., I, 276]Les vrays biens desquels on jouit à mesure qu'on les entend [ID., I, 287]C'est le jouir, non le posseder, qui nous rend heureux [ID., I, 329]Je le voyois [Montaigne] habiller le mot de jouir du tout à l'usage de Gascongne, et non de nostre langue françoise : la santé que je jouy jusques à present [PASQUIER, Lettres, t. II, p. 380]
ÉTYMOLOGIE
- Génev. gaudir de quelqu'un, en venir à bout ; norm. cette poutre est lourde, mais j'en jouirai bien, je viendrai à bout de la porter ; provenç. gaudir, jauzir, gauzir ; cat. gausir, jausir ; anc. ital. gaudire ; ital. mod. gaudere ; du lat. gaudere.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- JOUIR. - REM. Ajoutez :
- 2. Malherbe a employé jouir activement : A quoi doit-il penser qu'à vivre, Vous jouir et se réjouir ? Lexique, éd. L. Lalanne. Cela est tout à fait hors d'usage.
jouir
Jouir de quelqu'un, Avoir la liberté, le temps de conférer avec lui, de l'entretenir, d'en tirer quelque service, quelque plaisir. Nous jouirons de lui pendant son séjour à la campagne. Il est si occupé que l'on ne saurait jouir de lui.
Il signifie aussi Avoir l'usage, la possession actuelle de quelque chose et en tirer tous les profits, tous les avantages, etc. Jouir d'une terre, d'une pension. Jouir d'un privilège, du droit de... Jouir des droits civils, des droits politiques. Il est majeur, il jouit de son bien. Il ne jouit de rien. Jouir d'une honnête aisance. Jouir d'une parfaite santé. Jouir du repos. Jouir de la félicité, de la gloire éternelle. Jouir d'une grande réputation, d'un immense crédit. Jouir de la considération publique. Jouir de l'estime de quelqu'un. Jouir de la présence, de la société de quelqu'un. Par extension, en parlant des Choses, La réputation dont cet ouvrage a si longtemps joui.
jouir
Jouir, C'est user d'une chose à son plaisir, et par consequent posseder icelle chose. ainsi on dit, Jouir d'un heritage, pour le posseder et en prendre les fruicts, dont il semble que jouir est plus significatif que posseder. Semble que Jouir vienne de Gaudere, En Picardie on dit Jouir et Gouir, Joye et Goye.
Male fine froide goye en puisses tu avoir.
Je t'ay fait jouir de ce que tu desirois, Quod maxime cupiebas, eius copiam feci tibi.
Il jouit du bien present, en telle sorte qu'il, etc. Praesentibus ita potitur, vt animaduertat quanta sunt ea, quamque iucunda.
Afin que je jouisse de ce que j'ayme, Vt frui liceat quod amo.
Jouir totalement de quelque chose, Perfrui.
Jouir d'une succession, Haereditatem tenere.
Jouir comme de sa propre chose, Mancipio possidere, B.
Jouir à sa vie, AEtatem vti frui possessione aliqua, Bud.
Souffrir et laisser jouir, Vtenti et fruenti patientiam accommodare. Bud.
Avoir jouy de quelque chose par chacun an pleinement et paisiblement, et sans aucun trouble et empeschement, Ius quotannis vsurpasse ac obtinuisse. B.
Empescher aucun de jouir du sien, In suo iure interpellare aliquem. Bud. ex Caesare.
Desquels droicts, possessions et saisines il a jouy et usé par x. xx. xxx. xl. ans et plus, et par tel et si long temps qu'il n'est memoire du contraire, et mesmement par les derniers ans et exploicts, Id ab eo ius cum post x. xx. xxx. xl. annos, et post hominum denique memoriam, tum vero post annum semper vsurpatum esse contendit. B.
Un homme qui est à ses droicts, qui jouit de son bien, Rerum suarum compos, Suarum facultatum potens.
Qui jouit du privilege de clericature, Eximii verticis compos. B.
Il n'appert point à quel titre le possesseur jouit, Hic possessor iure incerto nititur et obscuro, et quod sine capite manat. B.
Jouissant de sa franchise, Sanctitatis compos. B.
Estre rendu et fait jouissant de quelque chose, Potiri.
jouïr
JOUïR, v. n. JOUïSSANCE, s. f. JOUïSSANT, ANTE, adj. [jou-i, sance, san, sante: 3e lon.] Jouïr, c'est avoir l'usage, la possession~ actuelle de... "Jouïr d' une terre, d'un bénéfice, d'une pension, etc. Il régit comme on voit l'ablatif. Les Gascons disent: "La terre que vous jouïssez; la maison qu' ils jouïssent, etc. Il faut dire, dont vous jouïssez, dont ils jouïssent. Gasc. corr. Montagne, qui était gascon, a dit aussi, la santé que je jouïs, pour, dont je jouïs. = On dit aussi; jouïr de la gloire, de la victoire, de la paix; d'une bonne santé.
Jouïssez en repôs de ce lieu fortuné.
Rouss.
Jouïr, s'emploie quelquefois neutralement, et sans régime.
J'ai travaillé long-tems: à présent je jouïs. Anon.
"L'art de conoître contribûe plus qu'on ne pense à l'art de jouïr. Cerutti. = On dit, familièrement, je ne puis jouïr de cet homme, tant il est ocupé; je ne puis le voir à mon aise, et conférer avec lui aussi souvent, et aussi long-tems que je le voudrais. On ne doit point se servir de cette expression, en parlant des femmes; elle signifie avoir un mauvais comerce avec... = Jouïr de ses malheurs, est une expression d'autant plus belle qu'elle parait plus irrégulière. "Il ne croit rien avoir, s'il n'a tout. Son âme est toujours aride et altérée; et il ne jouït de rien que de ses malheurs et de ses inquiétudes. Massill.
JOUïSSANCE, usage et possession de... "Avoir la jouissance; "Il n'a point la propriété de cette terre; il n'en a que la jouïssance, l'usufruit. = Jouïssant, ante, qui jouït. Comme adjectif déclinable, il ne se dit qu'au Palais. "Majeur usant et jouïssant de ses droits. "Fille usante et jouïssante de ses droits. — Ailleurs on doit se servir de jouïssant, participe indéclinable. "Toute société civile, qu'on supôse parfaite et jouïssante de ses droits. Anon. Cela sent le factum. L'Acad. le met sans remarque: mais par les exemples qu'elle done, il est aisé de comprendre qu'elle borne l'usage de ce mot au style du Barreau.
jouir
jouir
genießen, sich freuen an, kommenenjoy, delight in, come, cumgenieten, genietenvan, zichverheugenin, zichverlustigenin, een orgasme hebben, erge pijn hebben, genieten van, zich verheugen in, zich verlustigen inנהנה (נפעל)genietnydeĝuidisfrutar, gozarnauttiameregukdesfrutar, fruir, gozarjuisaχαίρωfruire, godere享受 (ʒwiʀ)verbe intransitif